Le cancer du sein métastatique : définition, pronostic, survie
Lorsque des cellules cancéreuses sont identifiées ailleurs que dans le sein, on parle de cancer du sein métastatique. Sa prise en charge et ses traitements sont alors bien spécifiques. Le point avec le Dr Cyriac Blonz, médecin oncologue à l’Institut de Cancérologie de l’Ouest.
Si dans la grande majorité des cas, le cancer du sein est détecté et traité alors qu’il est encore localisé, il arrive cependant parfois que des cellules cancéreuses migrent à d’autres endroits du corps via le sang et la lymphe, pour former des métastases. Elles peuvent être identifiées dès le diagnostic initial, mais le plus souvent, elles apparaissent plus tard, généralement dans les 5 ans qui suivent le diagnostic. Plus rarement, une récidive métastatique peut parfois apparaitre tardivement parfois 10 à 20 ans après le diagnostic initial.
Les 3 grands types de cancers – Her2+, RH+ et triple-négatif – sont potentiellement pourvoyeurs de métastase.
Les signes de métastases : quand apparaissent-elles ?
La rapidité de l'évolution d'un cancer du sein vers le stade métastatique varie d'une patiente à l'autre. Si les cancers du sein métastatiques peuvent rester longuement silencieux, il arrive cependant que l'apparition des métastases provoquent des signes ou des symptômes. Les identifier rapidement permet alors une prise en charge plus rapide et souvent plus efficace de la maladie.
Les signes dépendent de la localisation des métastases, qui dépend elle-même de la nature du cancer.
"Chaque type de cancer a un tropisme propre, à savoir une tendance à se développer dans un organe précis. Le cancer du sein va préférentiellement métastaser au niveau des os, des poumons, de la colonne vertébrale, du foie ou encore du cerveau par exemple" décrit le Dr Blonz.
- Les métastases situées au niveau des os peuvent ainsi créer des douleurs osseuses nocturnes, et même être responsables de fractures ;
- Les métastases pulmonaires à un stade avancé peuvent provoquer un essoufflement ;
- Des métastases au foie peuvent être à l’origine d’une jaunisse, aussi appelée ictère ;
- Et enfin les métastases cérébrales peuvent causer d’importants maux de tête.
Prise en charge du cancer du sein métastatique : est-ce que ça se soigne ?
La prise en charge d’un cancer métastatique commence par la biopsie de la tumeur décelée. Elle va permettre de confirmer le diagnostic, d’identifier la nature du cancer, sa localisation primitive et de donner au médecin oncologue les informations nécessaires pour mettre en place un traitement adapté.
"On pratique ensuite un bilan d’extension complet, qui est comme une photographie complète du corps à l’instant T, pour faire un état des lieux de la maladie. Ce bilan initial servira de référence pour la suite du traitement", explique l’oncologue.
La patiente revient ensuite en consultation tous les trois mois environ : des examens d’imagerie y sont effectués, permettant de vérifier l’évolution de la maladie et d’apprécier l’efficacité du traitement.
Comment traiter un cancer du sein métastatique ?
Le traitement d’un cancer du sein métastatique est différent de celui du cancer localisé : "Il n’est plus à but curatif puisqu’on sait qu’on ne peut pas guérir quelqu’un qui a des métastases. Il a deux objectifs : ralentir l’évolution de la maladie et contrôler ses symptômes afin que la patiente puisse vivre avec elle le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions", explique l’oncologue.
Le traitement varie en fonction de plusieurs facteurs : le type de tumeur initiale (statut HER2+, RH, triple-négatif), s’il est récidivant, l'origine du cancer, la vitesse de propagation des métastases, l’état de santé général de la patiente, ses antécédents médicaux… Il sera ensuite régulièrement réadapté en fonction de la réaction au traitement et des effets secondaires possibles.
L’hormonothérapie
Elle est systématiquement pratiquée sur les cancers dont la tumeur initiale possède des récepteurs aux œstrogènes et/ou aux progestérones : ils sont dits hormonosensibles. La croissance de ce type de tumeur étant stimulée en présence des hormones féminines, l’hormonothérapie a pour but de bloquer l'action des récepteurs hormonaux.
Les cancers hormonodépendants sont les cancers RH+ et concerne environ la moitié des HER2 amplifiés.
Le type d’hormonothérapie face au cancer du sein proposée varie selon que la patiente soit ménopausée ou non.
Délivrée en comprimé ou en injection, elle est désormais proposée en complément d’autres thérapies ciblées tels que les inhibiteurs du cycle cellulaire.
La chimiothérapie
Elle est le seul traitement du cancer métastatique de type triple-négatif. "Pour ce type de cancer, les médicaments les plus souvent utilisés sont : les anthracyclines, les taxanes, l’eribuline, la gemcitabine, la navelbine ou encore la capécitabine par exemple", détaille le Dr Blonz.
La chimiothérapie du cancer du sein peut également être indiquée pour les autres types de cancers du sein métastatique (RH+ et HER2+) notamment en présence de symptômes. Elle peut alors être proposée en complément ou en relais d’une hormonothérapie et/ou de traitements ciblés.
Les traitements chimiothérapiques des cancers métastatiques ne sont pas curatifs mais destinés à contenir la maladie. Plusieurs lignes thérapeutiques peuvent être proposées en cas de cancer du sein de stade avancé. "En cas d’échec d’un premier traitement, avec apparition de nouvelles lésions par exemple, ou lorsqu’il est mal toléré, on propose une deuxième ligne de traitement. On peut parfois aller jusqu’à 8 ou 10 lignes de traitements", explique le médecin oncologue.
Les traitements ciblés
De nouveaux médicaments ont révolutionné la prise en charge des cancers du sein RH+ et Her 2+, on parle de traitements ciblés. Ils ont pour but de bloquer les mécanismes spécifiques des cellules cancéreuses. Administrés par voie orale principalement, ils sont généralement bien tolérés. Ils peuvent être prescrits seuls ou associés à une chimiothérapie.
"Ces traitements peuvent être utilisés plusieurs années, mais généralement, au bout d’un certain temps, la cellule cancéreuse met en place un mécanisme de résistance, ce qui oblige à changer de traitement", précise le Dr Blonz.
- Dans le cas des tumeurs RH+ : Nouveaux sur le marché des traitements anti-cancéreux, les inhibiteurs de CDK4/6 en comprimés s’avèrent très efficaces dans le traitement des cancers métastatiques de type RH+. Ils vont être associés à de l’hormonothérapie standard. "Ces médicaments sont très bien tolérés et très efficaces, ils affectent peu la qualité de vie des patientes", ajoute le spécialiste.
- Dans le cas du cancer du sein triple-négatif : le recours à l’immunothérapie qui réveille le système immunitaire contre le cancer semble intéressant, même si ces médicaments s’avèrent peu performants dans cette localisation comparativement à d’autres cancers.
La radiothérapie
Systématiquement proposée dans les cancers du sein localisés, elle l’est moins fréquemment en cas de métastases. Ses principales indications sont :
- La présence de lésions douloureuses, notamment au niveau des os. La radiothérapie stéréotaxique aura un effet antalgique sur ces lésions ;
- La présence de lésions à risque de compression de la moelle épinière : fracture vertébrale et/ou épidurite. "La radiothérapie sert alors à décomprimer la moelle épinière et à consolider l’os afin d’éviter la paralysie", explique le Dr Blonz ;
- La présence de lésions cérébrales afin de contrôler les maux de tête.
Quelle espérance de vie avec des métastases ? Peut-on guérir ?
Le pronostic des patientes atteintes d’un cancer du sein métastasé est bien moins favorable que lorsque le cancer est localisé. Le taux de survie à 5 ans est de 20 %, contre 80 à 90 % pour le cancer localisé. Ces chiffres sont à prendre avec du recul compte tenu de l’arrivée de nombreux médicaments ces dernières années. Cependant, le pronostic varie beaucoup en fonction du type de tumeur initial.
"Récemment, des progrès considérables ont été faits en cancérologie, notamment dans le cancer du sein, améliorant largement le pronostic de cette maladie et apportant de nouveaux espoirs, même à un stade métastatique. La maladie peut désormais être contrôlée pendant de nombreuses années en maintenant une qualité de vie des patientes tout à fait correcte", conclue le Dr Blonz.
Cancer du sein métastatique : des outils pour améliorer le parcours de soins des patientes
Afin de répondre aux besoins des professionnels et des patientes sur le territoire, le laboratoire Pfizer propose des solutions :
- "Mon parcours de vie" créé avec un oncologue et une infirmière de coordination. Ce guide délicatement illustré aborde avec des mots simples les points essentiels à une meilleure compréhension de la maladie et de sa prise en charge à long terme ;
- LaVieAutour.fr développé en collaboration avec l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (AFSOS), ce site permet de situer sur une carte interactive des associations proposant des soins de support les plus proches de chez soi ;
- Le 1er programme d’ateliers de soins de support dans Les Maisons Rose (à Paris et à Bordeaux), les femmes atteintes d’un cancer métastatique y bénéficient d’un programme unique : groupes de parole thématiques, thérapie sportive avec la CAMI, coaching professionnel…
- Les Rencontres Cancer et Citoyenneté : initié depuis 2017, rassemblent associations, soignants, acteurs politiques et institutionnels…
- Des réunions SeinChrone dans toute la France initiées depuis 2019, sont proposées aux professionnels de santé sur tout le territoire en fonction des besoins locaux.
- myCharlotte : un accompagnement personnalisé à distance pour faciliter l’accès aux activités physique et corps-esprit propose des soins de support digitalisés pour les femmes atteintes d'un cancer du sein (activité physique adaptée et approche psychocorporelle), sous format audio et vidéo en fonction du profil et des symptômes ressentis par l'utilisatrice. Tous ces exercices sont validés par les recommandations des principales associations internationales d’oncologie : l’AFSOS (Association Francophone des Soins Oncologiques de Support), l’ASCO (American Society of Clinical Oncology), et la SIO (Society for Integrative Oncology). https://www.mycharlotte.fr/
- PactOnco.fr (Personnalisation de l’Accompagnement du patient en ONCOlogie) : un site et une page Facebook qui répondent aux interrogations des patientes et de leurs proches sur la maladie, les différents types de traitements, les étapes du parcours de soins ou encore les droits des malades.