Cannabis médical : des traitements disponibles dès 2025 selon l'agence du médicament
Des traitements à base de cannabis médical, notamment utilisés contre la douleur, seront disponibles en France en 2025, a assuré mardi l'agence du médicament, alors qu'une expérimentation sur le sujet est en cours depuis plusieurs années.
"La fin de l'expérimentation et la mise à disposition pour 2025 des médicaments à base de cannabis se préparent", a annoncé dans un communiqué l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Cannabis thérapeutique : l'extrême prudence française
Plusieurs pays européens, ainsi qu'Israël et certains États américains, laissent déjà la possibilité aux médecins de prescrire des produits à base de cannabis, une piste thérapeutique qui fait l'objet de controverses dans le monde médical. L'intérêt thérapeutique du cannabis, surtout envisagé contre la douleur et l'anxiété, est en effet sujet à débat. En l'état actuel des connaissances, les études tendent à confirmer certains bénéfices, mais qui restent limités.
La France, elle, envisage depuis plusieurs années de légaliser le cannabis médical et a, en ce sens, lancé depuis 2021 une expérimentation impliquant quelques milliers de patients. Une stratégie très "prudente"... En septembre 2023, une tribune de 17 associations demandant la légalisation dès 2024 avait rappelé le retard sur ce dossier de la France. Interrogé par Doctissimo, le Dr Pascal Douek, ancien médecin généraliste, atteint de sclérose en plaques et participant à cette expérimentation, avait déclaré : “On est un des derniers pays d’Europe à se lancer dans le cannabis médical. On y est d’ailleur entré par la petite porte, celle de l’expérimentation pour démarrer dans un cadre qui ne fait rien bouger sur le plan légal. Et lorsque tout est prêt, nous faisons face à une réticence uniquement politique".
Des traitements disponibles en 2025 en France
Fin 2023, le gouvernement, après avoir longtemps temporisé sur le sujet, a ouvert la voie à l'autorisation du cannabis thérapeutique, lui donnant un statut particulier via la loi annuelle de financement de la Sécurité sociale.
Ce statut laisse pendant cinq ans à l'ANSM la possibilité d'autoriser des produits à base de cannabis, sans attendre une éventuelle autorisation au niveau de l'Union européenne (UE).
En vue d'une autorisation l'an prochain, "ces médicaments devront avoir obtenu une autorisation délivrée par l’ANSM au plus tard le 31 décembre 2024", a souligné l'agence.
Prolongation de l'expérimentation en cours
Celle-ci a, par ailleurs, fait part de la prolongation de l'expérimentation en cours. En effet, celle-ci devait s'achever fin mars, ce qui aurait empêché pendant plusieurs mois les participants de recevoir leur traitement avant une autorisation éventuelle l'an prochain.
Finalement, "les patients inclus avant le 27 mars 2024 pourront poursuivre leur traitement par cannabis médical dans le cadre du suivi mis en place avec leur médecin", a expliqué l'agence, précisant qu'en revanche, il ne serait plus possible d'intégrer de nouveaux patients après cette date butoir.
Au total, un peu plus de 3.000 patients auront participé à l'expérimentation.
Fin du "Power Flower" : les fleurs de cannabis retirées de l'expérimentation
L'ANSM a, en revanche, annoncé que les médicaments sous forme de fleurs de cannabis (à inhaler) seraient retirés ces prochaines semaines de l'expérimentation. Les médecins concernés sont donc appelés à cesser peu à peu de les prescrire.
L'autre forme de ces médicaments à base de cannabis est à avaler : huile ou comprimé.
En février 2022, un comité scientifique a été mis en place par l’agence de sécurité du médicament pour la création d’une filière française de culture de cannabis et d’élaboration de traitements. En effet, à l’heure actuelle, le cannabis thérapeutique utilisé par les patients en France est importé depuis plusieurs pays (Canada, Australie ou encore Portugal).