Par différents mécanismes, le diabète augmente le risque d’infections, qu’elles soient virales, bactériennes ou fongiques. Et à leur tour, les infections peuvent entraîner un déséquilibre du diabète. Afin de briser ce cercle vicieux qui peut avoir de graves conséquences, il convient de les traiter rapidement et de savoir comment les prévenir. Explications avec la professeure Ariane Sultan, endocrinologue.
Il est aujourd’hui avéré que le diabète, qu’il soit de type 1 ou de type 2, est associé à une augmentation du risque d’infections. Récemment, des chercheurs britanniques1 ont montré que 6 % des hospitalisations et 12 % des décès liés à une infection sont attribuables au diabète, du fait de complications majeures.
Les infections les plus courantes en cas de diabète
Ce surrisque concerne les infections d’origine aussi bien virale que bactérienne et fongique, et ce dans tout l’organisme. "En termes de risque relatif par rapport à une personne non diabétique, les principales infections chez les personnes diabétiques sont les infections respiratoires, les infections urinaires et les infections ostéoarticulaires avec notamment le problème du pied diabétique, explique la professeure Ariane Sultan, endocrinologue. Le risque apparaît dès un âge jeune : un diabétique de 40 ans a 4 fois plus de risque qu’un non diabétique de contracter une infection au niveau du pied par exemple", précise-t-elle.
Grippe, otite ou encore mycose sont donc autant d’affections auxquelles la population diabétique est particulièrement exposée, et dont la fréquence reste mal expliquée.
Plusieurs facteurs de risque infectieux
En effet, le mécanisme de cette association n’est pas bien connu. "Mais il existe vraisemblablement un certain nombre d’anomalies sur les cellules immunitaires des patients atteints de diabète", suggère la Pr Sultan. Des anomalies qui s’avèrent d’autant plus délétères lorsque :
- Le patient est âgé, l’immunosénescence (vieillissement et perte d’efficacité du système immunitaire) le rendant plus sensible aux infections ;
- Le patient présente des comorbidités, telles que des problèmes cardiaques ou rénaux ;
- Le diabète est déséquilibré, l’hyperglycémie chronique ayant "probablement un rôle dans le fait de favoriser la prolifération bactérienne".
Prévenir et traiter les complications infectieuses du diabète
Des infections plus graves
Il est important de traiter rapidement les infections chez les diabétiques, qui sont non seulement plus fréquentes "mais aussi plus graves avec un risque de complications et de recours à une hospitalisation plus fréquents ; il en est de même pour la mortalité liée à ces infections", souligne la Pr Sultan. Ainsi, la grippe peut plus souvent se compliquer de pneumonie et entraîner une détresse respiratoire parfois mortelle ; les infections urinaires en cystite emphysémateuse (présence de gaz dans la paroi ou la lumière vésicale) ou en nécrose papillaire ; et l’on sait que plus de 26 700 diabétiques ont été hospitalisés pour une plaie du pied et plus de 8 400 pour une amputation du membre inférieur en France en 20162.
Une aggravation du diabète
De plus, la présence d’une infection peut elle-même aggraver le diabète, puisqu’elle contribue à son déséquilibre : en agissant sur les hormones hyperglycémiantes, elle va faire augmenter les besoins en insuline3. "On peut déceler une infection, ou en tout cas ses premiers signes, sur un déséquilibre glycémique, affirme la Pr Sultan : si l’on passe par exemple de 1 g/l à 3 g/l, il faut rechercher quelque chose". D’un autre côté, des infections récidivantes peuvent parfois mettre le médecin sur la piste d’un diabète.
Une prise en charge et une prévention particulières
Si l’infection sera traitée en fonction du germe responsable comme chez la personne non diabétique, pour le patient diabétique l’équilibre du diabète (qui peut passer par l’amélioration de l’alimentation et/ou un renforcement du traitement médicamenteux) fait également partie intégrante du traitement. C’est aussi l’une des mesures de prévention des infections à respecter impérativement, au même titre que :
- L’adoption d’une bonne hygiène corporelle : lavage régulier des mains, douche quotidienne, changement de chaussettes et de sous-vêtements tous les jours ;
- Un suivi médical régulier, notamment bucco-dentaire : les parodontopathies sont plus fréquentes chez les diabétiques et "pourvoyeuses de chutes de dents et de dents cassées" ;
- La vaccination : le vaccin antigrippal et le vaccin contre les infections à pneumocoque (otites, sinusites, pneumonies, septicémies, méningites) sont recommandés chez la population diabétique. "En termes de diminution du risque infectieux, on a des données pour dire que la vaccination est quasiment aussi efficace chez le non diabétique que chez la personne diabétique", précise la Pr Sultan. Le vaccin contre la grippe, à renouveler tous les ans, est pris en charge à 100 % pour les personnes souffrant de diabète ; le vaccin antipneumococcique est remboursé à 65 %.
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