Syndrome DRESS
Mis à jour le 19/11/2018
- Le syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse ou DRESS syndrome (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms) est une réaction imprévisible idiosyncrasique sévère, apparaissant 2 à 6 semaines après le début du traitement et associant :
-> Eruption cutanéomuqueuse sévère :
* C'est une éruption fébrile, maculopapuleuse, touchant d'abord la partie supérieure du corps, accompagnée d'un oedème du cou et de la face avec renforcement péri-orbitaire. Des pustules et des cocardes atypiques peuvent parsemer l'érythème.
* Les muqueuses ne sont pas épargnées avec parfois présence de chéilite, d'érosions, d'érythème pharyngé.
* On peut également observer des vésicules et des bulles induites par l'oedème dermique.
-> Atteinte viscérale :
* Une polyadénopathie douloureuse est souvent présente.
* L'atteinte viscérale la plus fréquente est hépatique, révélée par une hépatomégalie, parfois par une augmentation isolée des transaminases, rarement par une hépatite fulminante (principale cause de mortalité).
* Les autres atteintes sont rénales (néphrites interstitielles), pulmonaires (pneumopathies interstitielles à éosinophiles), péricardites, myocardites à éosinophiles, thyroïdites.
-> Atteinte hématologique :
* Elle comprend une hyperleucocytose parfois considérable avec hyperéosinophilie et présence de lymphocytes hyperbasophiles.
- L'évolution se fait habituellement vers la guérison, après arrêt du médicament responsable. Les lésions régressent généralement en 4 à 5 semaines, mais quelques rechutes, sans reprise du médicament inducteur, peuvent émailler cette évolution favorable. Des formes mortelles ont été décrites.
- Les médicaments inducteurs les plus fréquents sont les anticonvulsivants aromatiques (phénytoïne, phénobarbital, carbamazépine) avec des réactions possibles successives à plusieurs anticonvulsivants sans lien avec une réactivité croisée clinique, les sulfamides antibactériens et la sulfasalazine (favorisé par un phénotype acétyleur lent), l'allopurinol, la minocycline, la zalcitabine (antirétroviral), les inhibiteurs calciques.
- Les hypothèses physiopathologiques sont multiples :
-> raisons immunologiques :
* allergiques : les patch-tests sont parfois positifs, pouvant redéclencher l'éruption ;
* virologiques : quelques cas d'activation de la sérologie à HHV6 (Human Herpes Virus 6) et de la détection du virus dans la peau lésée et les cellules mononucléées sanguines ;
* auto-immunes.
-> raisons pharmacologiques et pharmacogénétiques :
* métabolites réactifs arène-oxides des anticonvulsivants aromatiques issus des Cytochromes P450 ;
* quelques formes familiales par déficit en enzyme époxide-hydrolase qui détoxifie ces métabolites.