Confinement : comment tenir psychologiquement sur la durée
Rester enfermé chez soi, avec les enfants ou seul avec peu d’occasion de sortir et coupé du monde inquiète. Mais pas de panique ! Il y a des choses à mettre en place pour vous faciliter la vie et tenir jusqu'au bout peu importe le temps que cela prendra.
"Je n’aurais jamais cru vivre ça un jour", "Comment va-t-on occuper les enfants le week-end ?", "Comment je vais faire, je vis seul(e) ?”... Depuis le 31 mars, le pays est à nouveau confiné pour une durée de quatre semaines pour lutter contre la propagation du virus. C’est justement cette durée longue qui angoisse beaucoup de monde. Pourquoi rester chez nous sur une aussi longue période nous fait aussi peur ?
Les chaînes d’info : pas plus d’une heure par jour
"Nous sommes des êtres sociaux, explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne. Nous existons grâce à notre appartenance à des groupes amicaux, familiaux ou encore professionnels. Être privé de ce lien social engendre forcément une frustration". Une autre cause de notre angoisse : notre incapacité à faire quoi que ce soit pour agir nous-même contre cet ennemi invisible.
Pour lutter contre la propagation du virus, la meilleure chose à faire, c’est de rester chez soi, respecter les consignes de déplacements exceptionnels (alimentaire, santé, travail) et appliquer les gestes barrières pour nous et nos proches.
Oui il va falloir attendre, oui ça risque d’être long avec une impression d’impuissance mélangée à la peur que nous ou un de nos proches tombons malade, mais la meilleure chose à faire selon la psychologue c’est "de travailler sur l’acceptation et le lâcher prise".
Cloisonner le temps , l’espace et les personnes
Pour arriver à l’intégrer intellectuellement, "il ne faut pas passer sa journée devant les informations, conseille Johanna Rozenblum. Une heure ou deux par jour, pas plus. On choisit un seul média de confiance". Ensuite s'atteler pour soi et sa famille à maintenir un bien-être psychique. "L’idée pour tenir sur la durée c’est d’organiser un cloisonnement. Que ce soit au niveau du temps, de l’espace et des personnes".
Qu’on soit seul, en couple ou en famille, il faut s’organiser et se tenir à une routine quotidienne. "On se lève tôt, on fixe un réveil s’il faut, on s’habille et on se prépare comme une journée normale. Pareil pour les enfants. Il faut garder une espèce de chronicité pour moins subir la situation, occuper notre esprit avec des activités qui se succèdent nous donne l’impression d’être actifs".
Quand on est confinés en famille
"Être plusieurs a des avantages comme des inconvénients, explique notre interlocutrice. Oui on est n’est pas seul. Si ça ne va pas on peut le partager". Mais attention, les idées noires sont contagieuses ! On peut en parler, mais pas trop longtemps. Pour les chasser, on s’occupe !
"Ce qui est souvent difficile c’est lorsqu’il y a plusieurs enfants. Il faut gérer les différences d’âge et les différents besoins", assure notre interlocutrice. On aime nos proches c’est sûr, mais vivre ensemble 24 heures sur 24 risque vite de créer des tensions.
Là aussi, se maintenir à une routine aidera tout le monde à tenir la distance. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les parents à partager leurs idées de charte familiale à respecter ou de plannings instaurés pour les enfants. "Pour les plus petits ce sera plus facile à accepter, selon la psychologue, l’enjeu est surtout de bien gérer les activités parce qu’ils veulent souvent changer".
Voici la charte de confinement que j'ai fait pour les prochaines semaines pour les enfants:
— Natacha Madeuf (@NMadeuf) March 15, 2020
1. Interdiction de se lever avant 8h.
2. Coucher à 9h tous les soirs. (Comme pour l'école)
3. Devoirs tous les jours (sauf week-end)
4. Obligation de rester à jouer dans sa chambre 1/2 pic.twitter.com/xO9grb6bjm
Pour les adolescents, c’est différent. "Il faut comprendre qu’ils existent à travers les yeux des autres et être coupés de leurs amis est compliqué". Alors pour la spécialiste, on ne culpabilise pas à leur laisser un peu d'air. "Le mot d’ordre c’est la souplesse. On ne remet pas en cause une éducation en leur laissant un peu plus de liberté, le but est de tenir". Plutôt que de s'isoler les réseaux sociaux peuvent devenir une activité de groupe. On pourra utiliser ces outils à bon escient pour faire des clips vidéos tous ensemble, appeler les grands-parents qu’on ne peut pas aller voir etc. Les adolescents ont également tendance à être impulsifs, avec des affects à fleur de peau, essayer d’être compréhensif et faites baisser la pression.
Prendre des instants de solitude
L’espace est restreint alors toujours dans cette idée de cloisonnement, on fait un planning avec des moments tous ensemble et d’autres pour être seul. Même pour les parents ! Même en couple ! Ne pas hésiter à prendre des instants d’autonomie pour lire ou faire une activité qui nous plait à nous uniquement et seul dans une pièce. Quand on est deux, on se partage les tâches ménagères et l’occupation des enfants.
Et pour les familles monoparentales ?
Le cas est plus compliqué. "Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide", conseille la psychologue. Un voisin peut-il aller chercher vos courses ou surveiller les enfants pendant que vous y allez ?
En télétravail : respectez vos horaires classiques
Même dans un petit espace, aménagez-vous un lieu pour travailler pendant cette épidémie. Levez-vous tôt, préparez-vous comme si vous deviez aller au bureau et surtout respectez les horaires (pauses, temps de repas et déconnexion). Vous aurez vite fait de ne plus savoir quels sont les moments de distractions ou ceux de travail si vous commencez à dépasser les heures ou à tout mélanger.
Une fois la journée terminée, on laisse ses appels professionnels et ses mails de côté. Organisez des réunions ou même des cafés virtuels avec vos collègues de travail permettra de garder un lien social qui laissera penser à un semblant de normalité.
Et si on vit seul ?
"Dans le cadre du confinement, il est important encore plus que les autres de garder un lien social", assure Johanna Rozenblum. Gardez un lien avec vos collègues de travail, vos amis, vos voisins, vos parents via les moyens de communication. “Privilégiez les techniques verbales, plutôt que les messages, c’est mieux pour exprimer ce que l’on ressent".
Ne tombez pas dans une spirale en restant sur votre canapé, en sautant des repas ou en mangeant n’importe quoi. "L’activité sert à maintenir des affectes et une santé psychique à peu près convenables. Si on ne se lave pas ou qu’on arrête toute activité, à la moindre baisse d’humeur on plonge petit à petit", explique notre interlocutrice.
Si vraiment ça ne va pas, que les idées noires prennent le dessus, il est tout à fait possible de consulter un psychologue via la téléconsultation. Chez les personnes avec des troubles psychologiques le confinement peut avoir des répercussions psychologiques graves. Une étude publiée dans The Lancet regroupant 24 recherches concernant les mises en quarantaine en temps de grippe, Ebola ou encore le Sars a montré que pour les plus fragiles, le confinement peut augmenter le risque de tentative de suicide, particulièrement lorsqu’on ne sait pas quand ça va se terminer.
Les plateformes en ligne qui restent à votre écoute si ça ne va pas
- SOS amitiés : possibilité d’anonymat par appel ou même pas messagerie instantanée au 09 72 39 40 50
- Suicide Ecoute : permet également de les appeler à tout moment au 01 45 39 40 00
- SOS Dépression : disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 avec disponibilité de psychologues ou stagiaires bénévoles au 01 40 47 95 95