Face à la sclérose en plaques, ce traitement réduit l'apparition de nouvelles lésions cérébrales
Le laboratoire français Sanofi vient de publier les résultats d’une étude portant sur le frexalimab contre la sclérose en plaques. Cet anticorps anti-CD40L serait capable de réduire de 89 % l’apparition de nouvelles lésions cérébrales. Les explications du Dr Wilfrid Casseron, médecin neurologue.
Développé par le laboratoire Sanofi, le frexalimab aurait permis de ralentir l’activité de la maladie chez les personnes touchées par la sclérose en plaques.
Une maladie qui s’attaque à la gaine de myéline des neurones
La sclérose en plaques (SEP) affecte près de 100 000 personnes en France. Cette maladie auto-immune va se traduire par une attaque des lymphocytes du système immunitaire contre la myéline, la gaine de protection des neurones.
En détruisant cette gaine, la maladie provoque différents troubles, aussi bien moteurs que sensitifs. On distingue des SEP progressives et des SEP récurrentes-rémittentes. Dans le premier cas, les malades voient leur pathologie s’aggraver progressivement avec le temps. Dans le second cas, la maladie évolue par poussées.
Un nouvel anticorps monoclonal prometteur pour la SEP récurrente-rémittente
Dans le cadre de cette étude (un essai de phase 2), 129 patients touchés par une SEP de forme récurrente-rémittente, ont été répartis en plusieurs groupes :
- Une dose élevée de l’anticorps anti-CD40L frexalimab à hauteur de 1200 mg toutes les 4 semaines (52 patients)
- Une dose moindre avec seulement 300mg toutes les deux seamines(51 patients)
- Un placebo à forte (12 patients) ou faible dose (14 patients) également.
Résultats après 12 semaines : chez les patients traités par l’anticorps monoclonal, les données de l’imagerie montrent une diminution de l’apparition de nouvelles lésions, réhaussées par l’injection de gadolinium, un produit de contraste utilisé en IRM.
- Les diminutions ont été chiffrés par les experts à hauteur de 89 % pour les participants ayant pris des doses élevées et 79 % pour les participants ayant absorbé des doses plus faibles.
- Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs ont également constaté une diminution des lésions existantes de 88 % et de 80 %, respectivement.
96 % des patients ne présentent pas de nouvelle lésion active après plus de 5 mois de traitement
Les scientifiques s’enthousiasment de ces résultats. "Il convient de noter qu'à la semaine 12, les deux doses de frexalimab étudiées ont permis d’obtenir une diminution prononcée des nouvelles lésions – une mesure standard de l’activité inflammatoire de la sclérose en plaques – et leur effet s’est bien maintenu au fil du temps, surtout dans le groupe de patients traités par la dose la plus élevée de frexalimab. De fait, 96 % d’entre eux ne présentaient aucune nouvelle lésion active à la semaine 24 du traitement" détaillele Dr Patrick Vermersch de l’Université de Lille dans un communiqué.
Par ailleurs, le frexalimab a été globalement bien toléré et aurait amélioré trois indicateurs de la maladies à savoir : le MSIS-29, un score d'impact physique de la SEP, les concentrations plasmatiques de neurofilaments à chaîne légère, un biomarqueur des lésions neuro-axonales et les concentrations plasmatiques de CXCL13, un biomarqueur de l’activité inflammatoire.
Les anticorps monoclonaux ont révolutionné la prise en charge
Interrogé par Doctissimo, le Dr Wilfrid Casseron, neurologue à Aix-en-Provence, salue ces premiers résultats. "L’immunothérapie a commencé à se développer pour lutter contre la sclérose en plaques dans les années 2010. Le principe est d’injecter un anticorps qui va bloquer l’action des lymphocytes s’attaquant à la myéline" expose tout d’abord le médecin. "C’est ce qui semble se dérouler ici : on voit que le traitement permet d’éviter l’apparition de nouvelles lésions".
Mais ces traitements présentent des inconvénients. "Les anticorps monoclonaux actuellement sur le marché sont utilisés en troisième intention, lorsque le patient a échappé aux autres traitements. Car s’ils permettent de bloquer les lymphocytes, ils affaiblissent également le système immunitaire du patient, ce qui n’est pas sans conséquences" ajoute-t-il. "Nous sommes alors face à des patients plus fragiles, qu’il faut vacciner et protéger davantage".
"On manque de nouveaux traitements dans la SEP progressive"
Le spécialiste regrette également le manque de molécules disponibles pour lutter contre la sclérose en plaques, sous sa forme progressive. "On voit que cette étude porte sur la forme récurrente-rémittente de la maladie. Or on manque de molécules pour lutter contre les formes progressives, il faudrait que la recherche s’y intéresse davantage".
Avant de préciser qu’il est important de rappeler que ces médicaments ont également un "coût pour la collectivité" et que si ces avancées sont toujours positives, "elles doivent être choisies pour les patients qui en ont réellement besoin, en gardant, pour les médecins, une gradation dans les traitements proposés". Face à ces premiers résultats prometteurs, un essai de phase 3 - dernière phase avant la demande d'autorisation de mise sur le marché - a été lancé.
Le frexalimab fait aussi l’objet d’essais cliniques de phase II dans le traitement du syndrome de Sjögren, du lupus érythémateux systémique et du diabète de type 1.