Quelles sont les causes du lupus érythémateux disséminé ?
Malgré les avancées de la recherche, les causes du lupus érythémateux disséminé (LED) ne sont pas encore totalement élucidées. Le point avec deux éminents chercheurs immunologistes, le Pr Sylviane Muller et le Pr Christian Jorgensen.
Le lupus érythémateux disséminé : une maladie auto-immune
Chez une personne en bonne santé, le système immunitaire produit des anticorps pour se protéger des agressions extérieures. Chez une personne atteinte de lupus, le système immunitaire présente une hyperactivité ainsi que des anomalies de fonctionnement et de reconnaissance. Il va se mettre à produire des anticorps non seulement pour lutter contre les agressions extérieures mais aussi contre ses propres tissus, provoquant des inflammations dans un ou plusieurs organes : une néphrite, une réaction cutanée, une atteinte cardiaque ou pulmonaire…
Une fois installée, la maladie présente un caractère chronique et évolue par poussées entrecoupées de phases de "rémission" qui peuvent parfois être longues. "Certaines personnes peuvent vivre 20 ans sans symptômes puis connaître une poussée imprévisible du jour au lendemain", explique le Pr Christian Jorgensen.
Il existe autant de tableaux cliniques que de malades. Chez certaines personnes, la maladie n’affectera qu’un seul organe, tandis que d’autres auront des répercussions et des complications beaucoup plus graves : cardiaques, pulmonaires, rénales, neurologiques… "Le LED est très polymorphe et se manifeste par une mosaïque de symptômes", ajoute le Pr Sylviane Muller, directrice de recherche au CNRS et immunologiste à l’Institut de Biologie Moléculaire et cellulaire de Strasbourg.
Causes possibles du lupus érythémateux disséminé
Causes hormonales
Maladie auto-immune complexe, le lupus érythémateux systémique ou disséminé touche essentiellement les femmes. "90 % des cas de lupus concernent des femmes jeunes. La composante hormonale est donc bien réelle dans l’apparition de cette maladie", souligne le Pr Sylviane Muller. Ainsi, il est plus rare de déclencher un lupus après 50 ans.
Causes génétiques
Même si les recherches ne sont pas encore abouties, il semble qu’un ensemble de gênes soient incriminés dans le lupus sans qu’on comprenne bien leur rôle dans l’apparition et le développement de la maladie. Bien souvent, il existe un terrain génétique prédisposant aux maladies auto-immunes. "Dans une même famille, une personne sera par exemple touchée par une polyarthrite rhumatoïde, une autre par un lupus tandis qu’un troisième membre pourra développer une sclérose en plaques. Ce type de configuration n’est pas rare", analyse le Pr Sylviane Muller. "Il est possible de rencontrer aussi plusieurs patientes lupiques dans une même famille,avec des formes différentes".
Certaines populations semblent également plus touchées que d’autres par cette maladie. C’est le cas de populations sud-américaines, asiatiques et plus globalement des personnes ayant la peau noire sans pour autant que les raisons de cette prédisposition soient clairement identifiées.
Causes environnementales
Les chercheurs doivent poursuivre leurs investigations mais certains facteurs environnementaux semblent jouer un rôle déterminant :
- La pollution et le rôle des particules fines ;
- L’alimentation industrielle. Il est conseillé d’éviter le surpoids et de manger le plus sainement possible ;
- Le tabac multiplie par 2 le risque de déclencher un lupus. Son impact ne fait aucun doute. Par ailleurs, il aggrave le tableau clinique des patients et diminue la réponse aux traitements.
- Le stress : les chercheurs ne connaissent pas encore précisément le rôle du stress dans l’apparition de la maladie. En revanche, tous admettent qu’il constitue un élément déclenchant d’une "poussée".
Les facteurs responsables des poussées
Parmi les facteurs pouvant provoquer des poussées de la maladie, on retrouve :
- L’exposition au soleil ;
- Un changement d’alimentation ;
- Des perturbations hormonales (en cas de grossesse ou de contraception, par exemple).
- L’arrêt brutal d’un traitement ;
- Un choc émotionnel ;
- etc.
Des hypothèses font un lien entre l’état du microbiote (flore intestinale) et l’apparition de "poussées". "De nombreux facteurs qui déclenchent une poussée induisent en eux-mêmes une modification du microbiote", rappelle le Pr Sylviane Muller.
Le lupus en chiffres
En 2017, le lupus touche près de 5 millions de patients dans le monde dont 20 000 à 30 000 personnes en France. "Ce n’est pas une maladie moderne dans le sens où déjà au Moyen-Age, des formes de lupus cutanés existaient", précise le Pr Jorgensen.
Comme c’est le cas des autres maladies auto-immunes (sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde…), le lupus est en augmentation ces dernières années même s’il reste une maladie rare. "Cette maladie est aujourd’hui mieux diagnostiquée mais nous ne savons pas encore dans quelle mesure certains facteurs environnementaux comme la pollution, peuvent expliquer une augmentation des cas", conclut le Pr Christian Jorgensen.