Cancer du sein : des radiothérapies réduites à trois semaines tout aussi efficaces

Le cancer du sein est le type de tumeur le plus répandu chez la femme, avec plus de 60 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France. Environ 30 % des cancers du sein sont diagnostiqués à un stade locorégional, c’est-à-dire qu’ils sont étendus au sein et aux ganglions situés aux alentours, et donc plus avancés. Pour ces patientes, après la chirurgie, le parcours de radiothérapie standard, dit normofractionné, se répartissait jusqu’alors sur cinq semaines, avec 25 séances d’irradiation du sein ou la paroi thoracique et la zone ganglionnaire. Mais il devrait très bientôt être allégé.

Un tournant pour les patientes atteintes de cancer du sein

Menée par l'Institut Gustave Roussy, cette étude a comparé l'efficacité d'une radiothérapie plus courte à celle du traitement conventionnel sur 1 200 patientes atteintes d'un cancer du sein précoce. Un groupe a reçu 15 séances de radiothérapie sur 3 semaines, avec 40 Gy délivrés au total, soit 2,67 Gy par séance. L’autre groupe a reçu 25 séances de radiothérapie sur 5 semaines, avec 50 Gy délivrés au total, soit 2 Gy par séance.

Les résultats sont sans appel : après cinq ans de suivi, le taux de récidive locale est resté identique, peu importe la durée du traitement. Ces données marquent un tournant, avec un objectif clair : améliorer la qualité de vie des patientes sans compromettre leur guérison.

La radiothérapie standard, utilisée pour traiter le cancer du sein, impose aux patientes cinq semaines de séances quotidiennes, un processus éprouvant physiquement et moralement. Désormais, la possibilité de raccourcir cette période à trois semaines ouvre la voie à une prise en charge moins contraignante, sans compromettre son efficacité.

Une efficacité égale, pas plus d’effets secondaires

La radiothérapie accéléréeproposée repose sur des doses plus concentrées, administrées en trois semaines seulement. Mais est-elle bien tolérée ? Les patientes ayant participé à l’étude n’ont rapporté aucune augmentation significative des effets secondairespar rapport à la méthode classique, en particulier des lymphœdèmes (un gonflement du bras).

Les résultats démontrent que la fréquence d’apparition de lymphœdèmes dans le parcours hypofractionné n’est pas plus élevée que dans le parcours standard et la survie sans rechute locorégionale, la survie sans rechute et la survie globale sont similaires dans les deux parcours.

Des bénéfices au-delà de l’efficacité clinique

Outre les avantages médicaux, cette nouvelle méthode de traitement pourrait avoir des répercussions considérables sur l'organisation et le coût des soins. En raccourcissant la durée des séances, les services d'oncologie pourraient traiter un plus grand nombre de patientes et ainsi réduire les délais d'attente. Pour les femmes résidant dans des zones rurales ou éloignées des centres de traitement, les allers-retours quotidiens pour les séances de radiothérapie seraient ainsi moins nombreux.

Une stratégie pour toutes les patientes ?

Si les résultats de cette étude sont prometteurs, certains experts soulignent que toutes les patientes atteintes de cancer du sein ne seront pas éligibles à cette radiothérapie raccourcie. Le type et le stade du cancer, ainsi que l'état de santé général de la patiente, restent des critères essentiels dans la définition du protocole de soins. Néanmoins, de précédentes études avaient établi le standard d’un traitement de radiothérapie court chez les femmes atteintes d’un cancer du sein localisé plus précoce, sans atteinte ganglionnaire. Aujourd’hui, les résultats de l’étude HypoG-01 parviennent à la même conclusion dans le cancer du sein locorégional, qui nécessite l’irradiation du sein ou de la paroi thoracique et des ganglions.

Améliorer la qualité de vie des patientes

"Notre étude, multicentrique et randomisée, a été menée en France dans des centres de lutte contre le cancer, des CHU ou encore des centres privés. Elle démontre un véritable progrès pour les patients car le traitement est plus court (3 semaines) et moins lourd mais présente les mêmes bénéfices que le parcours en cinq semaines. Nos résultats établissent un nouveau standard de traitement en radiothérapie dans cette indication", explique la Dr Sofia Rivera.

L'étude, en phase finale de publication, devrait rapidement ouvrir la voie à une mise en œuvre plus large de cette méthode à travers le monde. Les chercheurs et cliniciens espèrent que ce modèle de traitement pourra être appliqué à d'autres types de cancers nécessitant une radiothérapie, toujours dans l’objectif d’optimiser le confort et la qualité de vie des patientes.