Je suis oncologue et voici quoi faire lorsque vous ou un de vos proches recevez un diagnostic de cancer
Pour soi ou pour un proche, l’annonce d’une maladie grave est toujours un choc. Que faut-il faire dans cette situation ? Doctissimo a interrogé le Dr Ivan Pourmir, oncologue, pour nous éclairer.
Comment réagir lorsque l’on apprend qu’on est touché par un cancer ? Ou lorsque cette annonce est faite à sa sœur, son frère, sa mère... ? Pour mieux comprendre comment se déroulent les différentes étapes depuis la suspicion de la maladie jusqu’à l’annonce du diagnostic, nous avons interrogé le Dr Ivan Pourmir, oncologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou.
Ne pas s’affoler à l’apparition d’une boule
Dans un certain nombre de cas, la découverte d’un cancer commence par la palpation d’une grosseur, qui génère immédiatement un sentiment d’anxiété voire d’affolement. "Dans le domaine de la santé, mais dans la vie en général aussi, il n’est jamais bon de s’affoler" explique le Dr Ivan Pourmir. La présence d’une grosseur ne signifie pas forcément qu’il s’agit d’un cancer. Il est en revanche recommandé de consulter son médecin pour faire des examens qui permettront de déterminer la présence ou non d’une tumeur maligne.
"Dans certains cas, ce sont les patients qui demandent à connaître toutes les éventualités" ajoute le médecin. "Cela les rassure d’avoir la maîtrise des choses, on peut donc évoquer la piste d’un cancer avant d’avoir posé le diagnostic, en expliquant bien qu’il s’agit d’une possibilité seulement, mais que seuls des examens plus poussés pourront le dire".
Etre accompagné (ou non) à l’annonce de la maladie
Si le diagnostic de cancer se confirme, le patient apprend l’annonce de sa maladie lors d’une consultation dédiée. "Il est important d’avoir questionné son patient afin de déterminer ce qu’il ou elle est en capacité d’entendre et de percevoir" expose encore Ivan Pourmir.
"Certains patients sont dans le déni absolu, ils ne veulent pas entendre qu’ils sont touchés par la maladie. C’est un mécanisme de défense et il est inutile, à mon sens, de leur asséner la vérité. La présence d’un proche en consultation est utile à ce moment-là car elle permet de parler aux deux personnes et de bien expliquer les faits à l’accompagnant".
D’autres veulent au contraire protéger leurs proches et refusent leur présence à ce moment-là. "C’est une volonté qu’il faut respecter aussi. Chaque situation est unique et on doit toujours se demander quelle est la meilleure manière d’aider le patient, dans un moment aussi difficile. Cela passe par ce qu’elle nous dit, mais aussi par ce qu’elle exprime à travers son langage non verbal" indique encore notre expert.
Demander un deuxième avis en toute transparence
A l’annonce d’une maladie aussi grave qu’un cancer, certains patients peuvent vouloir demander un second avis médical. "Il est tout à fait possible de le faire, le mieux est simplement de procéder en toute transparence" recommande l’oncologue. "Cela permet au premier service d’échanger toutes les informations avec le second et d’éviter tout risque de confusion, en raison d’informations manquantes sur l’état de santé du patient".
Accompagner son proche, sans s’épuiser
Enfin, la maladie touche l’un de vos proches, le soutenir est primordial. "Etre entouré est toujours souhaitable, face à la maladie" confirme le spécialiste. "En revanche, il faut trouver la bonne manière de le faire, sans être dans le contrôle et c’est souvent le cas lorsque les proches sont dans le domaine médical".
Il est également essentiel de voir le cancer comme une maladie chronique, qui va prendre du temps. "Hormis certains cas de cancers foudroyants où le patient meurt rapidement, il s’agit plutôt d’une maladie qui va durer. Les proches doivent s’organiser pour se relayer et prendre du temps eux-aussi, afin de ne pas s’épuiser. C’est indispensable, pour être présent pour son proche sur le long terme" conclut le médecin.