• Actualités
  • 96 % de guérison ! Le traitement révolutionnaire lyonnais contre un cancer rare de la grossesse

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 3 min.
    David Bême
    David Bême Rédacteur en chef

    “96 % de guérison !” Les Hospices Civils de Lyon trouvent un traitement contre un cancer de la grossesse

    Au terme de quatre ans d’étude, les Hospices Civils de Lyon ont validé un nouveau traitement pour soigner une forme de cancer de la grossesse peu connue, appelée tumeurs trophoblastiques gestationnelles, avec un "taux de réussite rarissime".

    Le chiffre est inespéré en médecine. Samedi 14 septembre, lors du congrès annuel de la Société Européenne d’Oncologie Médicale à Barcelone, le Centre national de référence des maladies trophoblastiques des Hospices Civils de Lyon (HCL) a présenté un nouveau traitement contre une forme de cancer de la grossesse, les tumeurs trophoblastiques gestationnelles. Celui-ci aurait fonctionné sur 25 patientes sur 26 offrant ainsi un taux de guérison de 96 %. Un quasi sans faute.

    La suite après cette publicité

    Les tumeurs trophoblastiques gestationnelles, qu’est-ce que c’est ?

    Selon le site des HCL, les maladies trophoblastiques gestationnelles constituent “un large spectre de pathologies tumorales dérivant du tissu placentaire.” La forme la plus fréquente (1 grossesse pour 1000 en France) est la môle hydatiforme. "Elle est initialement bénigne et ressemble à une grossesse débutante, mais l’embryon ne se développe pas, seul le placenta prolifère".

    La suite après cette publicité

    Dans 20% des cas cependant, elle se transforme en tumeur trophoblastique gestationnelle (TTG) dite à "bas risque", souvent métastatique et potentiellement mortelle. "Entre 100 et 200 patientes par an, avec une moyenne de 130, sont concernées" nous précise le Pr. Benoit You, oncologue aux Hospices Civils de Lyon.

    Associer immunothérapie et chimiothérapie pourrait permettre l’éradication de la maladie

    Depuis 4 ans,les professeurs Benoît You et Pierre-Adrien Bolze, respectivement oncologue et chirurgien gynécologue, ont décidé de lancer TROPHAMET un essai clinique combinant immunothérapie et chimiothérapie (le méthotrexate) afin de traiter la catégorie de tumeurs trophoblastiques gestationnelles (TTG) à "bas risque".

    La suite après cette publicité

    "Nous avons conduit une première étude Trophimmun qui a été publiée en 2021, et qui avait démontré que l’avelumab pouvait guérir environ 50 % des patientes qui avaient une résistance à la chimiothérapie. Du coup, l’étape logique ultérieure était de le combiner, d’emblée à la chimiothérapie de première intention, sans attendre que les patientes développent une résistance" nous précise le Pr. Benoit You.

    Savamment élaborée, la double-thérapie mise en place auprès de chaque patiente prévoit une injection de méthotrexate un jour sur deux pendant une semaine, répétée de cette manière toutes les deux semaines, et, au premier jour de chimio, une injection d’avelumab (toutes les deux semaines, donc). Ensuite, le taux de hCG (hormone chorionique gonadotrope, produite au cours de la grossesse) est surveillé chaque semaine. "Tant que cette hormone est présente à des taux anormaux, cela indique que la maladie est active. Dès que le taux se normalise, on repart sur trois dernières cures, donc six semaines, puis on arrête tous les traitements", décrit Pr Jean Pierre Lotz, responsable du centre investigateur parisien (Hôpital Tenon, APHP).

    La suite après cette publicité

    La dernière phase de leur essai a ainsi permis de traiter 25 patientes sur 26.

    "Comme nous savions que le taux de résistance sous chimiothérapie, seul était de 70 %, nous avions emis l’hypothèse que la combinaison pourrait guérir plus de 90 %. La bonne nouvelle, c’est que nous nous avons largement dépassé cette hypothèse" s'enthousiasme le Pr. Benoit You.

    Le taux de guérisonapproche de 100%, une proportion rarement atteint dans l’histoire de la recherche contre le cancer, quel qu’il soit. "C’est un résultat exceptionnel (...) C’est l’une des premières fois que l’on parle de l’éradication d’un cancer” annonce le communiqué officiel.

    L’accès au médicament prendra du temps

    Une excellente nouvelle, et un traitement prometteur, mais qui nécessitera encore un peu de temps pour être accessible. L’étude ne sera publiée d’ailleurs qu’en 2025. Contacté par Doctissimo, le Pr Benoit You, espère toutefois pouvoir accélérer les choses : "Sur un plan éthique, nous avons envie de le proposer aux patientes dès que possible. Mais le médicament n’a ni d’autorisation de mise sur le marché dans cette situation, ni de remboursement. À court terme, nous espérons avoir la possibilité de prescrire sur le mode compassionnel, avec le soutien du laboratoire pharmaceutique. À moyen terme, nous allons essayer d’entreprendre les démarches auprès des autorités de santé européennes et françaises, pour que le médicament soit mise à disposition des patientes en soins courants".

    La suite après cette publicité


    Sources
    • Communiqué HCL, 16 septembre 2024.
    • Avelumab + methotrexate to eradicate low-risk gestational trophoblastic tumors in first-line setting: TROPHAMET phase I/II trial - Benoit You et al. - Abstract 711O - ESMO 2024
    • Tribune de Lyon, 16 septembre 2024.
    Partager sur :

    Newsletter Bien Vieillir

    Recevez nos dernières actualités pour rester en forme

    Doctissimo, met en oeuvre des traitements de données personnelles, y compris des informations renseignées dans le formulaire ci-dessus, pour vous adresser les newsletters auxquelles vous vous êtes abonnés et, sous réserve de vos choix en matière de cookies, rapprocher ces données avec d’autres données vous concernant à des fins de segmentation client sur la base de laquelle sont personnalisées nos contenus et publicités. Davantage d’informations vous seront fournies à ce sujet dans l’email qui vous sera adressé pour confirmer votre inscription.

    Merci de votre confiance

    Découvrez toutes nos autres newsletters.

    Découvrir