Les règles, un sujet (toujours) tabou qui impacte la pratique sportive des jeunes filles
Douleurs, fatigue, stress… Les symptômes des règles, tout comme les tabous persistants qui les entourent, ont des conséquences déplorables sur la pratique sportive des jeunes filles. C'est ce que révèle une nouvelle étude réalisée auprès de 600 footballeuses âgées de 11 à 18 ans. La majorité de ces adolescentes se disent stressées à l'idée de jouer au foot quand elles ont leurs règles, et sont même parfois contraintes de manquer l'entraînement.
Travail, scolarité, vie sociale, les menstruations influencent négativement le quotidien des jeunes filles et des femmes à travers le monde, sans compter la précarité menstruelle subie par des centaines de millions de femmes. Mais les règles ont également un lourd impact sur la pratique sportive des principales concernées, comme le révèle un sondage réalisé par l'association Règles Elémentaires et le Fondaction du Football à l'occasion du lancement de leur action de formation et de sensibilisation commune sur le sujet des menstruations auprès des clubs de football. Réalisée auprès de 622 joueuses de football âgées en moyenne de 14,5 ans, dont 93,7% ont déjà eu leurs règles, cette enquête montre les conséquences que peuvent avoir les menstruations sur la pratique d'un sport.
La parole s'est sensiblement libérée autour des règles ces dernières années, mais de nombreux tabous persistent et signent. Près de 40% des jeunes filles interrogées estiment en tout cas que les menstruations sont tabous dans l'univers du sport. A ce titre, la plupart des émotions ressenties par les sondées lors de leurs premières règles se révèlent négatives. Si 10% du panel affirme avoir ressenti du soulagement, plus d'un tiers évoque davantage de l'appréhension (37,5%), plus d'un quart de la peur (26%), plus d'une sur dix de l'incompréhension (14%) et 9,5% de la honte.
Mais au-delà du ressenti, les tabous qui entourent les règles peuvent avoir des conséquences encore plus désastreuses. Les trois quarts des jeunes filles interrogées se disent stressées à l'idée de se rendre à l'entraînement au cours de cette période du mois, dont 19% qui le sont à chaque cycle. Résultat, certaines estiment que cela peut ralentir leur progression. Plus des deux tiers des répondantes (69,8%) considèrent avoir déjà été moins performantes à l'entraînement ou lors d'un match à cause de leurs règles. Les conséquences peuvent même être encore plus gênantes puisque près de quatre sondées sur dix indiquent avoir déjà loupé un match ou un entraînement à cause de leurs règles.
Et cet absentéisme est essentiellement le fait des douleurs ressenties au moment des règles (67%) et de la fatigue (45,5%). Mais le regard des autres joue également un rôle déterminant : plus d'un cinquième des joueuses concernées (22%) affirment craindre une potentielle tache, 15% redoutent de ne pas avoir le temps de changer de protections, et 6% disent clairement avoir peur des moqueries. Chose qui pourrait changer avec davantage de transparence sur le sujet. Une écrasante majorité de sondées (80%) estime qu’il n’y a pas assez d'informations sur le lien entre sport et règles, et plus de la moitié qu'il pourrait être utile de participer à des ateliers de sensibilisation.
*La première phase de cette étude a été adressée aux coachs, entraineur·euses et directeur·ices de clubs de football représentatifs de l'écosystème du football amateur en France. La seconde phase de l’enquête, dont sont issus les résultats présentés ici, a été adressée aux joueuses de plus de 100 clubs amateurs, par l’intermédiaire de leur coach et/ou de leurs parents. 622 joueuses ont répondu. Elles pratiquent dans des clubs situés en France métropolitaine et Outre-mer, aussi bien en zones rurales qu’en zone urbaine accueillant de 1 à 300 féminines. Les formulaires ont été adressés entre le 12 février 2024 et le 19 mars 2024.