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  • Comment lutter efficacement contre la constipation chronique ? Les conseils des spécialistes

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 4 min.
    Sihem Boultif
    Sihem Boultif Journaliste santé
    en collaboration avec Pauline Guillouche (gastro-entérologue)

    Les nouvelles recommandations contre la constipation chroniques sont parues : voici ce que vous devez faire

    La constipation chronique se définit par le fait d'avoir moins de trois selles par semaine. Comment bien la prendre en charge ? Une société savante américaine de chirurgie du côlon vient de publier de nouvelles recommandations. Le point avec le Dr Pauline Guillouche, médecin gastro-entérologue et hépatologue à Nantes.

    Après avoir passé en revue 134 études publiées entre le 1er janvier 2014 et le 1er février 2024, les experts de la Société américaine des chirurgiens colorectaux (ASCRS) ont élaboré une série de 13 recommandations pour améliorer la prise en charge de la constipation chronique.

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    Suivre des règles hygiéno-diététiques, en première intention

    "Une constipation chronique se définit par le fait de faire moins de trois selles par semaine" définit le Dr Pauline Guillouche, médecin gastro-entérologue et hépatologue à Nantes. Un trouble du transit qui affecte 3 à 5 % de la population.

    Sans surprise, la première des recommandations est d’adopter des règles hygiéno-diététiques. "La prise en charge initiale des patients présentant une constipation symptomatique implique des modifications alimentaires et la garantie d'un apport hydrique et d'une supplémentation en fibres adéquats" écrivent les auteurs.

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    Une information confirmée par le Dr Pauline Guillouche, : "Le patient doit effectivement, en première intention, mettre en place des règles hygiéno-diététiques comme le fait de bien s’hydrater, avec 1,5 à 2 L de boisson par jour (hors sodas et jus de fruits) et de manger suffisamment de fibres, en consommant des légumes, des légumineuses et des fruits, au quotidien". En plus, vous pouvez vous aider d'un petit marchepied, à installer devant soi pour relever ses pieds et faciliter l'expulsion des selles.

    Consulter un médecin pour en parler

    Si malgré ces règles, la constipation perdure, il est nécessaire de consulter un médecin. "Une anamnèse dirigée et un examen physique doivent être effectués" rappellent les experts américains.

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    Ils précisent aussi que "des laxatifs osmotiques constituent un traitement médical de première intention approprié pour gérer la constipation chronique" et que "des laxatifs stimulants, tels que le bisacodyl, peuvent être envisagés pour un traitement de secours ou comme traitement de deuxième intention, si nécessaire".

    Le Dr Guillouche rejoint ces recommandations. "Si malgré la prise de mesures hygiéno-diététiques, la situation ne s’améliore pas, il est important de consulter un médecin. Il peut s’agir d’une constipation fonctionnelle, c’est-à-dire sans cause associée, mais c’est au médecin traitant que revient le diagnostic" rappelle-t-elle. "Il pourra aussi prescrire des laxatifs osmotiques, plutôt que des laxatifs irritants, type Dulcolax, qui peuvent donner des douleurs abdominales".

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    Réaliser des lavages ou une rééducation de la zone anale

    Parmi les autres recommandations des experts figure le biofeedback. "Le traitement par biofeedback est considéré comme un traitement de première intention pour les patients présentant une dyssynergie symptomatique du plancher pelvien" peut-on lire dans le document.

    Le Dr Guillouche explique que ce traitement est également réalisé en France, généralement par des kinésithérapeutes spécialisés. "Il est mis en place lors de problèmes musculaires ano-rectaux, avec un patient qui présente des difficultés d'exonération (c'est-à-dire d'évacuation de ses selles) lors d'une constipation terminale".

    Le traitement par biofeedback consiste à mettre en place une sonde dans le canal anal du patient, qui enregistrera les contractions du sphincter et des muscles. Celles-ci sont matérialisées sur l'écran d'un ordinateur et le patient peut ainsi les visualiser, ce qui va l'aider à rétablir le lien entre l'ordre donné par son cerveau et le relâchement de son sphincter.

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    La toxine botulique utilisée dans de rares cas

    Parmi les autres recommandations des experts américains figure l'injection de toxine botulique. "L'injection de toxine botulique dans le muscle puborectal et le muscle sphincter externe peut être envisagée chez les patients présentant un dysfonctionnement de la sortie, une constipation liée au muscle puborectal non relaxant" souligne la ASCRS.

    Selon Pauline Guillouche, cette indication reste à démontrer. "Les dernières recommandations françaises ne préconisent pas cette pratique. Si elle est réalisée, cela sera en centre expert, avec des praticiens formés et spécialisés en la matière et cela ne concernera que peu de patients".

    En France, l'usage de lavements est recommandé et fonctionne bien

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    Ce que la gastro-entérologue prescrit plus souvent à ses patients, en revanche, ce sont les lavements. "On parle d'irrigation trans-anale. On prescrit ces dispositifs médicaux aux patients lorsque les laxatifs ont échoué. Ils permettent une irrigation de l'anus avec de l'eau, aux toilettes. Le patient doit apprendre à le réaliser avec une infirmière au départ, puis le fait seul, trois fois par semaine. Cela marche bien et leur évite les douleurs et l'inconfort liés à leur constipation". Il existe aussi une variante de cette technique qui utilise une caecostomie, c'est-à-dire un tuyau inséré dans le caecum (une partie du côlon) à travers la peau. "Le patient utilise alors cette voie d'accès pour mobiliser ses selles, avec une irrigation d'eau" précise le médecin.

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    Enfin, la société savante américaine évoque différentes situations où la chirurgie sera recommandée. "Dans le cas d'un rectocèle, c'est-à-dire une descente d'organes touchant le rectum, une poche se forme et le patient aura du mal à la vider. Cela peut être une indication pour une chirurgie si les laxatifs ne fonctionnent pas et que la poche devient trop importante" confirme Pauline Guillouche. Mais d'une manière générale, les indications chirurgicales s'apprécient au cas par cas et arrivent souvent en dernier recours, lorsque toutes les autres solutions ont été épuisées.

    Faire attention aux signes d’alerte

    Pour la gastro-entérologue, le patient doit faire confiance à son médecin traitant qui le redirigera vers un spécialiste si besoin. "En cas d’échec des traitements de première intention (les laxatifs), des examens plus poussés (IRM pelvienne, manométrie, coloscopie...) seront réalisés afin de détecter un trouble de la sphère ano-rectale" rappelle encore Pauline Guillouche.

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    Car certaines constipations chroniques peuvent être causées par une autre pathologie. "Cela peut être en raison d’une pathologie thyroïdienne, d'une maladie de Parkinson, d"une prise de médicaments (antidépresseurs…) ou même d"un cancer" détaille-t-elle.

    Notre experte insiste donc sur les signes d’alerte qui doivent pousser à consulter, que la constipation soit ancienne ou non. "Attention aux modifications du transit, au sang dans les selles ou sur le papier toilette, à la perte d’appétit, aux variations de poids, à la fatigue, aux douleurs abdominales inhabituelles… Ce sont autant de signes qui doivent vous pousser à consulter un médecin" conclut-elle.

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    Idées reçues sur la constipation

    Diapo : Idées reçues sur la constipation


    Sources
    • Alavi, Karim M.D., M.P.H.1; Thorsen, Amy J. M.D.2; Fang, Sandy H. M.D.3; Burgess, Pamela L. M.D.4; Trevisani, Gino M.D.5; Lightner, Amy L. M.D.6; Feingold, Daniel L. M.D.7; Paquette, Ian M. M.D.8;  On behalf of the Clinical Practice Guidelines Committee of the American Society of Colon and Rectal Surgeons. The American Society of Colon and Rectal Surgeons Clinical Practice Guidelines for the Evaluation and Management of Chronic Constipation. Diseases of the Colon & Rectum 67(10):p 1244-1257, October 2024. | DOI: 10.1097/DCR.0000000000003430
    • Entretien avec Pauline Guillouche, le 13 septembre 2024

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