Faut-il s'inquiéter de l’encéphalite, ce virus détecté sur des tiques au Royaume-Uni ?
Après la découverte de plusieurs cas d'encéphalite à tiques dans différentes régions d’Angleterre, les autorités sanitaires britanniques ont sonné l’alerte. Mais faut-il craindre le même scénario en France ? Le point avec Bertrand Pasquet, président de l'Association ChroniLyme.
Face à la propagation de ce virus potentiellement mortel transmis par des tiques, l’Agence britannique de sécurité sanitaire a publié une nouvelle "évaluation des risques", diffusée par un comité gouvernemental.
Un virus potentiellement mortel
Depuis 2019, l'Angleterre a enregistré trois cas d'encéphalite à tiques, probables ou confirmés.
Si le chiffre paraît faible, il n’en est pas moins inquiétant car "l'espèce de tique porteuse du virus est répandue au Royaume-Uni".
"Il y a eu 3 cas d'encéphalite à tiques probables ou confirmés acquis en Angleterre depuis 2019, dont un lié à la région du Yorkshire en 2022. Ce cas en 2022 est le premier cas confirmé en Angleterre. Le virus a également été détecté précédemment dans les zones frontalières du Hampshire et du Dorset, ainsi que du Norfolk et du Suffolk, mais peut également être présent ailleurs, car l'espèce de tique porteuse du virus est répandue au Royaume-Uni", précise ainsi le communiqué.
Le problème ? Le virus véhiculé par les tiques provoque de nombreux symptômes, allant d'une infection complètement asymptomatique à une maladie pseudo-grippale légère, en passant par une infection grave du système nerveux central (méningite ou encéphalite).
Lorsqu’elle est sévère, l’infection peut ainsi s’accompagner d’une nuque raide, de convulsions, d’une confusion soudaine, d’agitation, d’une photosensibilité (allergie au soleil), de somnolence, de délires, de troubles du tonus des muscles ou encore de pertes d’équilibre.
Dans 2 à 3% des cas, la maladie est mortelle, selon le site Vaccination info service.
Faut-il s’inquiéter d’une recrudescence de cas en France ?
Si le virus de l'encéphalite à tiques (TBEV) est déjà présent dans "de nombreux pays d’Europe", précise le communiqué, le nombre de cas détectés en France reste faible - mais en augmentation.
"Depuis 2021, l'encéphalite à tiques est une maladie à déclaration obligatoire en France. Tout médecin qui constate un cas doit ainsi le faire remonter, car la maladie peut entraîner des conséquences graves, voire mortelles. Depuis plusieurs années, on observe de manière inquiétante une migration des tiques qui arrivent dans l’Est de la France : en Alsace, en Lorraine, en Haute-Savoie, dans l’Ain… Le nombre de cas reste faible, mais augmente. Il y a d’ailleurs eu un foyer de cas très intéressant dans l’Ain, en 2020. Au total, 43 personnes ont été infectées par le virus après avoir consommé du fromage de chèvre non pasteurisé. Les chèvres avaient été préalablement piquées par des tiques - eux-mêmes infectés par l’encéphalite. Ce virus suscite donc de l’inquiétude et à raison, car il se propage et nécessite une surveillance accrue", affirme Bertrand Pasquet, président de l'Association ChroniLyme.
Le président de l'Association ChroniLyme rappelle par ailleurs que si le nombre de cas liés à l'encéphalite à tiques reste "mineur", la maladie de Lyme entraîne, de son coté, des milliers d’infections chaque année.
Une situation qui n’est pas assez "prise au sérieux" par le gouvernement et qui s’aggrave en raison "des défaillances actuelles du système du soin".