Dengue : Faut-il craindre une épidémie avec les JO de Paris 2024 ?
La France fait face à une importante augmentation de cas de dengue : plus de 2000 cas importés en 2024, soit plus de 13 fois plus que l'an dernier à la même période. L'afflux de touristes cet été pour les Jeux Olympiques et la prolifération du moustique tigre peuvent-il favoriser une propagation du virus ?
Le nombre de cas de dengue importés dans l’Hexagone est en forte augmentation, entre 2023 et 2024. Depuis le 1er janvier, le décompte atteint les 2166 cas importés (auxquels il convient d'ajouter 5 cas importés de chikungunya et 2 cas importés de zika).
Qu’est-ce que la dengue transmise par les moustiques tigres ?
Maladie virale circulant habituellement dans les pays chauds, la dengue gagne du terrain en Europe. Le directeur général de la Santé, Grégory Emery, appelle lui-même à la "vigilance" des médecins, face à cette arbovirose.
A l’origine, le virus de la dengue vient d’Asie du Sud-Est. Mais face à la prolifération du moustique-tigre du genre Aedes presque partout en France, les cas de contamination augmentent dans le pays. Aujourd'hui, l'insecte est implanté dans 80% des départements. Une fois infecté, il pourra transmettre le virus toute sa vie, soit près d'un mois.
"Nous sommes pour le moment face à des contaminations importées, qui touchent des personnes rentrant de voyage" rappelle le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo. "Mais il n'est pas exclu de voir apparaître des cas autochtones, c'est-à-dire des patients contaminés en France, par le virus". Logiquement avec des cas importés qui augmentent et une présence quasi-systématique du moustique tigre, les risques de contaminations autochtones (des malades infectés en France métropolitaine) augmente.
Et l'afflux massif de touristes pour les Jeux Olympiques pourrait favoriser l'augmentation des cas importés, à une époque où le moustique tigre sera de sortie... Un cocktail qui pourrait être explosif comme l'avoue Anna-Bella failloux, responsable de l'unité Arbovirus à l'Institut Pasteur, dans les colonnes du Parisien du 20 mai.
Quels sont les symptômes de la dengue ?
"La majorité des cas de dengue est asymptomatique" rappelle le médecin urgentiste. Cependant, dans certains cas, les patients contaminés par le virus peuvent développer une forte fièvre, des douleurs abdominales, articulaires et musculaires, des vomissements, des frissons, des nausées et parfois une éruption cutanée.
"En cas de symptômes très forts – douleurs aigues ou signes hémorragiques- ou d’une contamination chez un patient fragile – immunodéprimé par exemple – une consultation rapide chez le médecin est nécessaire" conseille Gérald Kierzek. "Sinon, le paracétamol reste le traitement de référence à prendre", en évitant l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Lorsque la personne est symptomatique, il est conseillé qu'elle dorme sous une moustiquaire, pour ne pas être piquée par un moustique qui pourra ensuite propager le virus lors de sa prochaine piqûre.
Pas de vaccin efficace disponible
Le directeur médical de Doctissimo rappelle qu’il existe des vaccins contre le virus mais que leur efficacité est limitée. Actuellement, un seul le vaccin du groupe français Sanofi est disponible en France mais son efficacité est limitée et deplus, il peut provoquer des dengues plus sévères chez les gens n'ayant jamais attrapé le virus (selon le mécanisme de facilitation de l'infection par des anticorps). De nouveaux vaccins devraient prochainement arriver sur le marché, dont Qdenga du laboratoire Takeda.
Mais aujourd'hui, la meilleure protection est la prévention face aux piqûres.
Comment se protéger des piqûres de moustiques tigres ?
Selon Santé publique France, les moustiques Aedes "se développent majoritairement en zone urbaine et se déplacent peu au cours de leur vie".
Attention donc aux lieux que l’on peut créer, qui seront favorables à la ponte des œufs des moustiques femelles, comme les "vases, soucoupes, pneus usagés, gouttières mal vidées, déchets divers contenant de l’eau stagnante, mais aussi creux d’arbres, certaines plantes susceptibles de former une rétention d’eau" met en garde SPF.
Pour éviter de se faire piquer, il est également recommandé d’utiliser des "répulsifs en sprays ou crèmes, des serpentins, des diffuseurs électriques, des vêtements longs et des moustiquaires" poursuit SPF, qui rappelle que les moustiques piquent surtout en journée et à l'extérieur des maisons.
Les pièges à moustiques sont généralement utilisés dans un contexte de prévention et pour protéger certaines populations sensibles (crèches, écoles, Ehpad, hôpitaux). Mais ils seront de sortie sur différents sites olympiques. Ainsi, on sait que la société Biogents a "remporté un appel d'offres pour protéger la marina olympique à Marseille avec une quinzaine de pièges déployés sur un hectare dans la végétation, à l'ombre dans un environnement humide.