Vers une année d’internat supplémentaire pour les futurs médecins généralistes ?
Les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur, François Braun et Sylvie Retailleau, vont proposer une mesure au Parlement censée répondre à la désertification médicale en France : prolonger l’internat des étudiants en médecine générale d’un an pour les envoyer dans les zones géographiques les moins pourvues en médecins. Le président du syndicat Jeunes médecins dénonce cette proposition qu'il juge "démagogique".
La proposition va être présentée aujourd’hui en conseil des ministres et a été inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Les étudiants en médecine générale auront donc une quatrième année d’internat à réaliser dans les déserts médicaux, hors de l’hôpital donc, mais toujours sous la houlette d’un maître de stage.
Une "incitation", pas une obligation
D’après le ministre de la Santé, cette annonce, qui porte à dix le nombre d’années d’études pour devenir médecin généraliste, ne sera pas une obligation mais une "incitation".
Pour cela, le gouvernement compte proposer aux étudiants qui accepteront un logement sur place, afin de les pousser à rester sur place une fois l’année supplémentaire terminée.
Pour François Braun, interrogé par nos confrère de FranceInfo, cela sera "une année de formation, pas une année où on va les envoyer au front tout seul". Le ministre de la Santé indique que cette quatrième année d'internat "va permettre d'améliorer la formation des jeunes médecins généralistes mais aussi de se former à la gestion d'un cabinet médical", ajoutant "qu' il n'y a "pas de solution miracle" pour lutter contre les déserts médicaux. Rappelons qu’à l’heure actuelle, sept millions de personnes n’ont pas ou plus de médecin traitant.
Une décision critiquée par les syndicats de médecins
A l’annonce de cette décision, plusieurs syndicats de médecins généralistes ont manifesté leur mécontentement.
Interrogé par Doctissimo, le Dr Emanuel Loeb, président de Jeunes médecins déclare d’emblée ne pas être favorable à cette réforme.
"On ne peut pas se servir des internes comme bouche-trous et les pousser à réaliser une année de formation supplémentaire qui n’aura finalement que peu d’intérêt pour eux. Le gouvernement veut répondre à la crise d’installation des médecins généralistes en utilisant les internes et remplir ainsi les maisons médicales et autres maisons de santé créées dans de petites communes qui n’ont pas de praticiens aujourd’hui" estime le médecin psychiatre.
"C’est très démagogique comme proposition, il vaudrait mieux que le gouvernement se penche sur les problèmes liés à l’installation des jeunes médecins et y réponde, cela en poussera davantage à s’installer dès le début de leur carrière".
Cette réforme de l'internat de médecine générale, voulue par Emmanuel Macron, devait être lancée à la rentrée 2022, mais ne pourrait entrer finalement en vigueur qu’en 2027.