Un homme bénéficie d'une deuxième greffe de visage après un rejet
Jérome Hamon, 43 ans, est le premier homme au monde à avoir bénéficié deux fois d’une greffe totale de visage. Cette première mondiale a été réalisée à l’hôpital européen Georges Pompidou (Paris) par l’équipe du Pr. Laurent Lantiéri, chirurgien plasticien, et du Pr. Bernard Cholley, anesthésiste-réanimateur.
Un rejet de la première greffe après un traitement contre le rhume
Atteint d’une neurofibromatose de type 1 (ou maladie de Recklinghausen, injustement appelée syndrome d’Elephant Man), Jérome Hamon souffre d’une déformation du visage. En 2010, il bénéficie avec succès d’une greffe totale de visage. Un succès qu’il raconte même dans un livre "T’as vu le Monsieur ?". Mais la même année, un banal rhume est soigné avec un antibiotique incompatible avec son traitement immunosuppresseur.
Pendant l’été 2016, il commence à présenter des signes cliniques de rejet chronique. Il est réinscrit sur la liste nationale d’attente de greffe gérée par l’Agence de la biomédecine en octobre 2017. En novembre, il est de nouveau hospitalisé et son visage qui présente des signes de nécrose lui est retiré.
Une préparation lourde avant la 2e greffe
Pendant cette période, un traitement immunologique lourd est prévu pour éviter le rejet de cette deuxième greffe avec des séances de plasmaphérèse (changement du plasma sanguin) pour éliminer les anticorps développé contre le premier greffon et pour mettre son système immunitaire au repos. Le patient sans visage, hospitalisé en réanimation, a reçu pendant deux mois des soins quotidiens, rendus particulièrement complexes par l’état infectieux et immunologique lié au rejet, jusqu’à ce qu’un donneur compatible soit identifié. "L’équipe a été époustouflée par son courage, renversée par sa force et son caractère" s’émeut Bernard Cholley, professeur d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Pompidou, dans LeParisien.
Une première mondiale réalisée à l'hôpital Pompidou
Le greffon est issu d’un donneur de 22 ans. Selon le Parisien, le greffon a été conservé en utilisant un additif extrait d’hémoglobine d’un ver marin qui a permis une meilleure conservation et une oxygénation permanente. L’intervention a démarré à l’hôpital européen Georges-Pompidou-AP-HP le lundi 15 Janvier 2018 en début d’après-midi et s’est terminée mardi 16 janvier 2018 en début de matinée. Pour la première fois au monde, elle démontre que dans le domaine des greffes vascularisées composites (face et main), une retransplantation est possible en cas de rejet chronique.
Selon Le Parisien, Jérôme a perdu beaucoup de poids, a souffert d’une infection virale mais a pu la semaine dernière quitter le cadre hospitalier pour voir sa famille le temps d’un week-end en Bretagne.
"Les détails techniques et immunologiques de cette première mondiale feront l’objet d’une publication scientifique, permet de répondre aux questions de risque et de bénéfice à long terme" précise l’APHP.
"Aujourd’hui, je me sens très bien" témoigne aujourd’hui Jérôme dans une vidéo du Parisien. L’APHP rappelle l’importance de l’altruisme de la famille du donneur qui a permis cette prouesse. " Il est primordial de rappeler qu’il n’y a pas de greffe sans don et sans la mobilisation quotidienne des équipes de coordination et de prélèvements d’organes".