Arrêt du tabac : quid de la méthode Allen Carr ?
La dépendance chimique à la nicotine n'est rien pour Allen Carr en comparaison de l'esclavage que représente la dépendance psychologique. Elle est au contraire le socle de la prise en charge par les tabacologues « classiques » qui s'appuient sur les substituts.
Il y a dépendance et dépendance... La dépendance que l'on dit chimique (attachée à la substance addictive, la nicotine), pharmacologique ou physique (en raison des symptômes de manque observés les premiers jours de l'arrêt) et l'autre, la psychologique, qui tient au comportement : la cigarette est « prétexte », réflexe, pour se concentrer, travailler mieux, se sentir plus calme, adopter une contenance, etc. Les deux cohabitent, pour le pire !
Le principe Allen Carr Selon Allen Carr, la dépendance chimique est facile à supporter, il en veut pour preuve que le fumeur, même invétéré, ne se réveille pas pour fumer la nuit et reste ainsi parfois plus de 10 heures sans en « griller » une... Selon cet ancien expert-comptable, la source de la dépendance est liée avant tout au lavage de cerveau qui nous a amené à fumer : on fait comme les autres, dès l'adolescence, même si nous n'y trouvons aucun plaisir. Au fur et à mesure de l'emprise plus forte de la nicotine, ce lavage de cerveau s'intensifie ! Si bien qu'alors même que nous sommes conscients des inconvénients du tabagisme, nous continuons de plus belle, persuadés que fumer est source de plaisir, de concentration et de détente. Résultat : le fumer a peur d'arrêter, anticipant les sacrifices liés au manque. Se focalisant uniquement sur la dépendance psy, la méthode Allen Carr n'est donc pas adepte des substituts nicotinique et encore moins de l'arrêt progressif, qui selon lui entretiennent ce conditionnement négatif.
Les modalités de la méthode Allen Carr Le programme comprend une séance de groupe de paroles de 4 heures, un contrat de suivi (assistance téléphonique de 3 mois, un DVD d'après-séance, l'accès au Forum réservé aux participants, une séance de soutien de 2 heures si cela est nécessaire)... et la garantie de remboursement « Vous arrêtez de fumer ou vous êtes remboursé » : si vous n'avez pas arrêté de fumer dans les trois mois suivant la 1ère séance (assortie de la séance de soutien), vous êtes intégralement remboursé du montant de votre participation, soit 230 €. La promesse d'une solution instantanée, sans angoisse et affichant des résultats extraordinaires (mais difficilement vérifiable) a de quoi séduire... Mais certains experts restent sceptiques.
Les réserves du tabacologue Le principal avantage de cette méthode est le coaching permanent, qui peut aider certains fumeurs à mieux gérer leur syndrome de manque. Mais le principal reproche que l'on puisse faire à la méthode, outre l'annonce de résultats bénéfiques pour la santé qu'elle n'atteint pas, études à l'appui, est de nier la dépendance physique. En interdisant quasiment l'utilisation de produits actifs comme les substituts nicotiniques, cette méthode attise les critiques de certains tabacologues. Si ce veto n'est pas un problème pour les fumeurs non dépendants à la nicotine, il devient une réelle perte de chance quand le score de Fagerström s'élève et que la dépendance est forte. Dr. Brigitte Blond
Un livre pour aller plus loin : Merci au Dr Béatrice Le Maître, responsable de l'Unité de tabacologie au CHU de Caen, auteur du livre “ Le tabac en 200 questions “, Editions DeVecchi ; La méthode simple pour en finir avec la cigarette, Allen Carr, Editions Pocket, 0 800 386 387, www.allencarr.fr
