Bientôt un exosquelette pour faire remarcher les personnes paralysées ?
La paralysie des membres inférieurs impose le déplacement en chaise roulante, plus ou moins sophistiquée selon les moyens du patient et le pays dans lequel il vit. Mais demain ces malades pourraient bénéficier d'une nouveauté tout droit sortie des romans de science fiction : un exosquelette. C'est en tout cas l'espoir suscité par la recherche depuis quelques années, avec en particulier l'eLEGS, fabriqué par la société américaine Berkeley Bionics.
Les progrès de la robotique n'en finissent pas d'ouvrir de merveilleuses perspectives, y compris en médecine (cf. “Kaspar, le gentil robot qui aide les enfants autistes“). L'eLEGS, présenté à la presse le 7 octobre à San Francisco, soulève ainsi un grand espoir pour les millions de personnes malheureusement dépendantes d'un fauteuil, mécanique ou électrique, pour se déplacer au quotidien. Comme vous pouvez le voir sur la vidéo ci-dessous du fabriquant, déjà vue plus de 300 000 fois sur YouTube, la société Berkeley Bionics a mis au point un exosquelette permettant de pallier la paralysie, activant le déplacement d'une jambe après l'autre et permettant de marcher à 3 km/h :
Cet appareil utilise une interface basée sur les gestes de l'utilisateur, via des capteurs qui permettent de déterminer ses intentions. Un ordinateur s'appuie en temps réel sur les données de ces capteurs pour orchestrer les actions nécessaires à la réalisation du mouvement souhaité. D'autres modèles ont déjà été testés et présentés auparavant, mais avec une plus grande rigidité, une faible autonomie, un poids élevé et/ou une commande intermédiaire, comme par exemple le REX (Robotic EXosqueleton) néo-zélandais, présenté en juillet dernier :
Or les eLEGS ne présentent apparemment pas ces défauts : cet exosquelette permet en effet une véritable flexion du genou (proche du mouvement naturel) et pèse une vingtaine de kilos seulement. Il sera accessible aux personnes mesurant entre 1m57 et 1m93, et ne pesant pas plus de 100 kg. Il fonctionne sur batteries, utilisables une journée entière avant d'être rechargées (ou 6 heures de marche continue). De plus, les futurs utilisateurs pourront non seulement marcher, se lever et s'asseoir, mais pourront aussi monter des escaliers. Une partie du poids de leur corps reposera sur leurs jambes, ce qui permettra de les remuscler et de stimuler les articulations. Ce dispositif “va révolutionner le domaine de la réadaptation neurologique, à l'hôpital comme au domicile“, selon le Dr Kim Suzy, du département de chirurgie orthopédique, médecine physique et réadaptation du Centre médical de l'Université Irvine (Californie). Avant une éventuelle diffusion à grande échelle, les fabricants ont prévu de le tester à partir de mi-2011 dans plusieurs centres médicaux (études cliniques). Ils prévoient de le commercialiser en 2013 si ces tests sont positifs. Ce dispositif devrait alors coûter autour de 100 000 euros, soit le prix actuel d'un fauteuil high tech. Le fait que plusieurs compagnies essaient de développer un tel produit ne peut que faire espérer une amélioration des performances ainsi qu'une baisse des coûts. De plus, ces derniers pourraient être au moins partiellement supportés par les assurances, un tel système améliorant forcément la qualité de vie des personnes paralysées et donc leur santé globale. Peut-être que dans quelques années, au pire une ou deux décennies, l'exosquelette aura complètement remplacé le fauteuil roulant ? Jean-Philippe Rivière Sources : - “Exoskeleton by Berkeley Bionics enables paraplegics to walk“, Berkeley Bionics, 7 octobre 2010, communiqué accessible en ligne - “Exoskeleton helps the paralysed walk again“, New Scientist, 7 octobre 2010, accessible en ligne Photos : Amanda Boxtel, la jeune femme blonde de la vidéo de Berkeley Bionics, prise en photo le 7 octobre à San Francisco lorsqu'elle a fait la démonstration du eLEGS à la presse, © Paul Sakuma/AP/SIPA
