Cancer du sein : réduire les récidives grâce à deux médicaments bon marché
L'arsenal thérapeutique pour traiter les cancers du sein chez les femmes ménopausées va-t-il évoluer prochainement ? C'est ce que suggère les résultats de deux études britanniques publiées vendredi dans The Lancet. En effet, il semble que deux médicaments produits sous forme générique et bon marché se sont révélés relativement efficaces pour limiter les risques de récidive du cancer du sein chez des femmes ménopausées.
Ces études “suggèrent que deux classes différentes de médicaments, les inhibiteurs de l'aromatase (IA) et les biphosphonates, peuvent chacune améliorer les perspectives de survie pour les femmes ménopausées atteintes d'un cancer du sein en phase précoce“, indique la revue médicale britannique.
Les inhibiteurs de l'aromatase plus efficaces que le tamoxifène
Les inhibiteurs de l'aromatase (IA) correspondent à un nouveau type d'hormonothérapie, traitement qui a pour principe d'empêcher l'action stimulante des hormones féminines sur les cellules cancéreuses. Ces traitements s'adressent aux tumeurs “hormonosensibles“, à savoir sensibles aux hormones, soit 80% du total des cancers du sein.
Dans le cadre d'un groupe de recherche britannique sur le cancer du sein (EBCTCG), des chercheurs ont passé en revue les données de neuf études1 sur les IA concernant un total de 30 000 femmes pour découvrir que ces médicaments donnaient de meilleurs résultats que le traitement standard par tamoxifène.
“En comparaison du tamoxifène, le fait de prendre des IA pendant cinq ans réduit la probabilité de récidive du cancer d'environ un tiers (30%) et limite le risque de mourir d'un cancer du sein d'environ 15% sur les dix ans qui suivent le début du traitement“, selon The Lancet. Pour le principal auteur du travail, le Professeur Mitch Dowsett (Royal Marsden Hospital de Londres), les IA offrent “une protection significativement plus importante que celle du tamoxifène“. Mais ces traitements ne sont pas sans effet secondaire (bouffées de chaleur, douleurs articulaires, fatigue, pertes osseuses) et il faut accompagner la prise au long cours d'un bon suivi médical, souligne-t-il.
Un médicament contre l’ostéoporose pour réduire les risques de métastase
Le second travail2 (analyse de 26 essais avec près de 20 000 femmes impliquées) montre que les biphosphonates, des médicaments contre l'ostéoporose, réduisent les risques de survenue de métastases osseuses chez les femmes ménopausées ayant souffert d'un cancer du sein.
Chez celles-ci, la prise de biphosphonates permet de réduire de 28% le risque de métastase osseuse et réduit de 18% le risque de décès dans les dix ans après le diagnostic de cancer du sein, d'après cette étude. Pour le Professeur Richard Gray (Université d'Oxford) qui a participé aux deux études, “ces deux médicaments génériques bon marché peuvent contribuer à réduire la mortalité par cancer du sein chez les femmes ménopausées.“
Les deux traitements sont en plus “complémentaires“ puisque le principal effet secondaire des IA est la perte osseuse que les bisphosphonates permettent de corriger, indique-t-il.
AFP-Relaxnews
Sources :
1. Aromatase inhibitors versus tamoxifen in early breast cancer: patient-level meta-analysis of the randomised trials, EBCTCG, The Lancet, 23 juillet 2015 2. Adjuvant bisphosphonate treatment in early breast cancer: meta-analyses of individual patient data from randomised trials, EBCTCG, The Lancet, 23 juillet 2015