Cancer : un mois de retard de traitement suffit à augmenter le risque de mortalité
Alors que de nombreux soins et chirurgies considérées non urgentes sont déprogrammés pour faire face à l’afflux de patients Covid-19 dans les hôpitaux, une étude montre que les retards de traitement dans le cas du cancer, même de quelques semaines, détériorent le pronostic des patients.
“Pourriez-vous nous donner l’assurance que les activités de chirurgie, d’imagerie et de chimiothérapies seront maintenues pour les malades de cancer afin de ne pas leur faire subir, à nouveau, des pertes de chances ?”, demande l’association de patientes de cancer RoseUp à toutes les Agences régionales de santé (ARS) de France dans une lettre envoyée le 27 octobre, alors qu'avec la Covid-19 les hôpitaux se voient contraints de déprogrammer des soins. Une inquiétude légitime puisque dans une étude parue le 4 novembre dans la revue BMJ, des chercheurs britanniques et canadiens ont estimé que les reports de traitement du cancer dans ce contexte de crise sanitaire, même d’un mois seulement, augmentent de 6 à 13% le risque de mortalité des patients.
Un risque de décès accru de 13% en cas de retard de traitement adjuvant pour le cancer colorectal
Les scientifiques ont cherché à évaluer “l’impact du retard d’un traitement curatif sur le risque de décès” à travers “sept types de tumeur majeurs” : la vessie, le sein, le côlon, le rectum, le poumon, le col de l’utérus et la tête et le cou, ainsi que “trois modalités de traitement majeures” : la chirurgie, le traitement systémique comme la chimiothérapie, et la radiothérapie. Leurs recherches se sont basées sur 34 études publiées sur les sujet ces vingt dernières années.
Verdict : “un retard de quatre semaines est associé à une augmentation du risque de mortalité”, et ce peu importe le type de traitement. Plus précisément, cette augmentation s’élève entre 6 et 8% pour chaque mois de retard pour une chirurgie. Les auteurs de l’étude précisent que “cet impact est encore plus significatif pour certaines indications de radiothérapie et de traitement systémique, avec un risque de mortalité accru de 9 et 13% pour une radiothérapie en cas de cancer de la tête et du cou et un traitement systémique adjuvant en cas de cancer colorectal respectivement”.
Plus les délais s’allongent, plus le risque est grand
Un risque qui augmente d’autant plus lorsque les délais s’allongent. “Par exemple, un retard de 8 semaines pour une chirurgie du cancer du sein augmenterait le risque de décès de 17%, et un retard de 12 semaines de 26%”, écrivent les chercheurs. Au final, si toutes les femmes voyaient leur opération être décalée de 12 semaines, cela se traduirait par “1400 décès supplémentaires” en une année au Royaume-Uni, 6100 aux Etats-Unis, 700 au Canada et 500 en Australie.
Selon les auteurs, la mise en place de politiques visant à “minimiser les retards au niveau de l’initiation des traitements du cancer pourrait améliorer la survie au niveau de la population”.