Grippe A : 3 questions à Bruno Lina du Centre de référence contre la grippe
Alors que l'InVS indique cette semaine que l'épidémie de grippe se stabilise, de nombreuses incertitudes persistent quant à l'évolution de la situation pandémique. Le Professeur Bruno Lina, directeur du Centre national de référence contre la grippe et du laboratoire de virologie et de pathologie humaine à Lyon, répond aux questions de Doctissimo.
Doctissimo : Quels sont les risques pour que le virus A(H1N1) mute ?
Bruno Lina : Nous n'avons aucune certitude sur une potentielle mutation. Ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est en aucun cas inéluctable. Actuellement, le risque est faible pour que le virus mute de façon à échapper au vaccin. De même, nous n'avons pas de certitude que le virus puisse faire une mutation qui augmenterait sa virulence.
Doctissimo : Dans ce cas, pourquoi le virus de la grippe saisonnière mute-t-il chaque année ?
Bruno Lina : Le virus de la grippe A et celui de la grippe saisonnière n'ont pas du tout la même stratégie. En effet, quasiment toute la population possède une immunité protectrice contre le virus de la grippe saisonnière. Ainsi, le virus doit absolument muter pour pouvoir infecter des personnes, se multiplier, et survivre. Avec le nouveau virus H1N1, nous sommes dans une situation complètement différente. La population ne l'a jamais rencontré, elle ne possède donc aucune protection, on dit qu'elle est “naïve“. Pour l'instant, le virus H1N1 n'a ainsi pas besoin de muter pour infecter un grand nombre de personnes.
Doctissimo : Combien de temps peut durer l'épidémie de grippe A ?
Bruno Lina : Si on parle du contexte pandémique de l'épidémie, on part sur des prévisions hypothétiques. Il y aura vraisemblablement une première vague au mois d'octobre, suivie d'une seconde dans l'hiver, chacune d'une durée de 8 à 10 semaines. En pratique, l'épidémie durera jusqu'à temps que le virus ait infecté 100 % de la population. Ensuite, le virus sera en circulation et deviendra peut-être le virus majoritaire saisonnier en remplaçant l'ancien. Et il restera présent jusqu'à ce qu'une autre pandémie apparaisse dans le futur.
Propos recueillis par Sarah Laîné le 2 octobre 2009
PHOTO : BAZIZ CHIBANE/SIPA