La vaccination contre le cancer du col de l'utérus
Le vaccin contre le papillomavirus a une place très importante dans la prévention du cancer du col de l'utérus. Intérêt de cette prévention, mode d'action du médicament, complémentarité avec les frottis... Le point avec le Dr Roman Rouzier, gynécologue oncologue à l'hôpital Tenon (Paris).
En France, chaque année, 4 000 femmes sont touchées par le cancer du col de l'utérus et 1 000 décèdent. Les Papillomavirus humains (HPV) de type 16 et 18 sont responsables de 70 à 80 % de ces cancers. Depuis 2006, une vaccination contre ces virus est proposée. Composé uniquement de la coque de ces virus, donc sans dangerosité, ce vaccin stimule le système immunitaire.
Dr Roman Rouzier : Les jeunes filles vaccinées vont développer des anticorps et comme pour tous les vaccins. Ce sont les anticorps produits par la jeune fille elle-même qui vont permettre d'éviter l'infection par le papillomavirus.
Ce vaccin s'adresse d'abord aux jeunes filles de 14 ans avant les premiers rapports sexuels. Un rattrapage est prévu de 15 à 23 ans, au plus tard dans l'année suivant le début de la vie sexuelle. Trois injections sont nécessaires.
Dr Roman Rouzier : Le schéma vaccinal est relativement simple. Il est un petit peu différent pour les 2 vaccins présents aujourd'hui sur le marché, mais globalement c'est une injection, suivi d'une deuxième injection, soit à 1 et à 2 mois, et ensuite une troisième injection à 6 mois. Cette 3e injection est extrêmement importante or aujourd'hui, elle est oubliée. Elle est pourtant primordiale pour l'efficacité du vaccin.
Remboursée depuis 2007, la vaccination contre les HPV représente une réelle avancée dans la prévention du cancer du col de l'utérus car elle va prévenir une grande partie des cancers mais également des états précancéreux.
Dr Roman Rouzier : Et aujourd'hui les cancers du col c'est 4 000 nouveaux cas par an, les états précancéreux, c'est entre 20 000 et 40 000. Et le traitement d'un état précancéreux c'est l'ablation d'une partie du col de l'utérus, qu'on appelle une conisation qui peut avoir des effets secondaires en termes d'accouchement prématuré par exemple.
Cette prévention primaire ne va pas remplacer le contrôle régulier par frottis mais elle va avantageusement la compléter. Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus protège contre les principaux papillomavirus impliqués dans ce cancer.
Dr Roman Rouzier : Le cancer du col de l'utérus, c'est essentiellement 2 types, le 16 et le 18. C'est en France un peu plus de 80 % des cancers du col de l'utérus et le vaccin va protéger contre les cancers du col de l'utérus liés aux 16 et aux 18. Mais il y a aussi d'autres types (31, 33 et 45) qui sont responsables d'une dizaine de pour cent, qui eux ne seront pas, ou moins bien, couverts par la vaccination. Evidemment, il faut continuer les frottis ! Reportage d'Anne-Sophie Glover Bondeau et Florence Lemaire - le 14 novembre 2008