Malformations congénitales : la pilule contraceptive innocentée
Prendre une pilule contraceptive juste avant ou au début d'une grossesse n'augmente par le risque de malformations congénitales majeures chez le bébé, selon une étude publiée jeudi 6 janvier dans une revue médicale britannique.
Près de 900 000 naissances étudiées
Des chercheurs américains et danois (de la Harvard T.H. Chan School of Public Health et du Statens Serum Institut) sont parvenus à cette conclusion - qui contredit les résultats de certaines études publiées dans le passé - après avoir étudié près de 900 000 naissances vivantes répertoriées au Danemark entre 1997 et 2011.
Parmi les sujets de cette étude, environ 2,5 % des enfants souffraient de malformations congénitales telles que des malformations du système nerveux (spina bifida), du cœur, de l'appareil respiratoire ou urinaire, de la tête ou des membres. Ces malformations liées à des causes connues, telles que l'exposition prénatale à l'alcool ou des aberrations chromosomiques (à l'origine notamment de la trisomie 21) ont été exclues de l'étude.
Le même taux de malformations
La plupart des mères étudiées (68 %) avaient arrêté les contraceptifs oraux plus de trois mois avant la conception, tandis que 21 % n'avaient jamais pris la pilule. Seulement 8 % avaient arrêté leur contraception orale moins de trois mois avant leur grossesse tandis qu'1 % avait continué à la prendre alors qu'elles étaient déjà enceintes. En effet, les pilules contraceptives ne sont efficaces que dans 99 % des cas, lorsqu’elles sont parfaitement prises, les cas de grossesses chez les femmes prenant la pilule ne sont donc pas rares.
Au final, les chercheurs ont constaté que les enfants nés de femmes qui avaient continué à prendre la pilule après le début de leur grossesse n'avaient pas plus de risques de malformations congénitales que ceux nés de femmes qui n'avaient jamais pris la pilule ou qui l'avaient arrêtée avant d'être enceintes. Le taux de malformations était globalement le même pour toutes ces situations, de l'ordre de 2,5 %, après ajustement pour des facteurs de risque tels que l'âge de la mère, le niveau d'éducation ou de revenu, ou encore le tabagisme pendant la grossesse.
Des résultats rassurants qui contredisent des études précédentes
Ces résultats devraient “rassurer les femmes qui se sont retrouvées enceintes alors qu'elle prenaient un contraceptif oral ou quelques mois seulement après l'avoir arrêté“ estime Brittany Charlton, principale auteure de cette étude. Selon elle, ils sont d'autant plus rassurants qu'ils sont fondés sur des prescriptions médicales et pas sur les déclarations des femmes, qui peuvent être moins fiables.
Dans les années 70 et 80, plusieurs études menées sur des groupes de femmes moins importants, avaient trouvé une association entre la contraception orale (oestroprogestative ou progestative) et des malformations du cœur et des membres. Cette association n'avait toutefois pas été retrouvée dans des études plus récentes.
L'hérédité, les pesticides, le tabac, l'alcool, les radiations ionisantes, l'obésité, les aberrations chromosomiques et les agents infectieux sont à l'heure actuelle considérés comme les principaux facteurs de risque des malformations congénitales. La prise de certains médicaments est également pointée du doigt, le plus tristement célèbre d'entre eux restant la thalidomide. Prescrit aux femmes enceintes contre la nausée dans les années 50 et au début des années 60, ce médicament a fait entre 10 000 et 20 000 victimes, nées pour la plupart avec des membres manquants.
Avec AFP/Relaxnews
Source : Maternal use of oral contraceptives and risk of birth defects in Denmark: prospective, nationwide cohort study ; Brittany M Charlton, Ditte Mølgaard-Nielsen, Henrik Svanström, Jan Wohlfahrt, Björn Pasternak, Mads Melbye ; British Medical Journal 6/01/2016 (abstract en ligne)