Prévenir les pneumonies, c'est possible !
Fréquente dans la plupart des pays développés, la pneumonie communautaire - l'une des complications les plus redoutées de la grippe - constitue une cause importante de morbidité et de mortalité par infection. Or, son incidence (voire sa mortalité) pourrait être réduite en agissant sur des facteurs de risque modifiables, selon une étude de Jordi Almirall de l'unité de soins intensifs de l'hôpital Mataro à Barcelone.
L'équipe de Jordi Almirall a enquêté dans une vaste zone de la côte est de l'Espagne. Pendant treize mois, tous les cas suspects de pneumonie ont été relevés par les médecins libéraux et hospitaliers. Au total, l'étude a porté sur 1 336 patients, ainsi que sur 1 326 témoins, de même âge, sexe et localisation géographique. L'analyse des données a permis d'identifier de nombreux facteurs de risque indépendants de pneumopathie.
L'étude confirme ainsi qu'un tabagisme important favorise les pneumopathies, mais que cet effet défavorable diminue significativement à partir de la deuxième année de sevrage. En revanche, le rôle délétère du tabagisme passif est constaté chez les plus de 65 ans. Une consommation importante d'alcool facilite également la survenue des infections pulmonaires chez les hommes. Quant aux changements brutaux de température sur le lieu de travail, ils multiplient par 2,64 le risque de pneumopathie ! En outre, la cohabitation avec plus de dix personnes, ou avec des enfants ou au contact d'animaux de compagnie constitue un facteur favorisant. Les antécédents respiratoires ou cardiaques peuvent faciliter des pneumopathies. En présence d'un épisode récent d'infection des voies aériennes supérieures, le risque est par exemple plus que doublé (risque relatif de 2,28). D'autres facteurs de risque ont été identifiés, comme par exemple un séjour à l'hôpital au cours des 5 dernières années, une précédente pneumopathie, une épilepsie ou certains traitements (amiodarone, oxygénothérapie ou corticothérapie).
Parallèlement à ces facteurs de risque évidents, les auteurs ont identifié des éléments protecteurs. Ainsi, une visite chez le dentiste dans le mois précédent est associée à une baisse de 30 % du risque d'infection pulmonaire, tout comme le recours au vaccin contre la grippe (- 20 %) et le vaccin anti-pneumococcique (- 46 %).
“Traiter à temps et correctement les infections des voies aériennes supérieures, promouvoir l'hygiène dentaire et les vaccinations, supprimer certaines thérapeutiques et éviter les explorations médicales des voies respiratoires ou diminuer leur risque de contamination bactérienne, sont les principales mesures préventives que nous pouvons recommander. En plus, évidemment, de l'arrêt du tabagisme et d'un suivi attentif des patients à risque, notamment de ceux ayant déjà souffert d'une pneumonie, d'un asthme, d'une BPCO, ou d'une épilepsie“, conclut Jordi Almirall. Source : Communiqué du journal européen de pneumologie - mai 2008