Voyages à l’étranger : un risque de résistance aux antibiotiques accru
Selon une étude, les voyages internationaux affectent notre microbiote intestinal et augmentent le nombre de bactéries résistantes aux antibiotiques.
Si vous voyagez à l’étranger cet été, attention aux super-bactéries : dans une étude parue le 7 juin 2021 dans la revue Genome Medicine, des chercheurs américains et néerlandais alertent sur le fait que les voyages internationaux ont un effet sur notre microbiote intestinal et peuvent nous faire rapporter des bactéries résistantes aux antibiotiques.
Des résistances à des antibiotiques communs
Pour arriver à ce constat, ils ont analysé les selles de 190 voyageurs néerlandais avant et après qu’ils aient visité certaines régions d’Asie - le Sud et le Sud-Est - et d’Afrique - le Nord et l’Est. Les chercheurs ont ainsi pu observer qu’à leur retour, les voyageurs présentaient une “quantité importante” de gènes résistants aux antimicrobiens, notamment à des antibiotiques communs comme les fluoroquinolones pour traiter les infections ORL par exemple.
“Ces résultats montrent clairement que les voyages internationaux risquent de diffuser des résistances aux antimicrobiens dans le monde”, a affirmé Alaric D’Souza, co-auteur de l’étude. Comme l’explique Santé publique France, la résistance aux antibiotiques “correspond au fait qu’un traitement antibiotique ne soit plus efficace sur une infection bactérienne”. Elle est due à un “usage inadapté” des antibiotiques, notamment à leur administration répétée chez l’Homme ou l’animal : les antibiotiques n’arrivent plus à tuer les bactéries responsables de l’infection, et ces bactéries résistantes peuvent ainsi devenir prédominantes et empêcher la guérison.
L'antibiorésistance “menace 70 ans de progrès”
Selon les chercheurs, l’antibiorésistance “menace 70 ans de progrès dans le traitement des maladies infectieuses”. “Il est vital que nous nous attaquions à la résistance antimicrobienne dans les pays à faibles revenus, avec des taux de résistance élevés et des budgets publics consacrés à la santé bas, a ajouté Alaric D’Souza. Cette approche internationale n’aidera pas seulement les pays en question, mais elle pourra aussi bénéficier aux autres en réduisant la diffusion internationale de gènes résistants.”
En 2015, en Europe, on dénombrait plus de 670 000 infections à bactéries résistantes aux antibiotiques et en France, la même année, 5500 décès leur ont été imputés.