Reconversion d’Olivier Véran : un député veut une loi encadrant les reconversions en médecin esthétique
Le député Yannick Neuder vient de déposer une proposition de loi afin d’encadrer les reconversions de médecins, généralistes et spécialistes, vers la médecine esthétique. D’après lui, il est nécessaire de réguler la pratique. Doctissimo l’a interrogé pour comprendre ses motivations.
L’ancien ministre de la Santé, Olivier Véran, vient d’annoncer qu’il va prochainement reporter sa blouse de médecin. Neurologue de formation, il ne va pourtant pas arpenter les couloirs du CHU de Grenoble, sa ville d’origine, mais travailler en tant que médecin esthétique, dans un prestigieux cabinet parisien. Une reconversion qui pose question.
Une proposition de loi pour encadrer ce type de pratiques
Quelques jours après cette annonce, le député de l’Isère, Yannick Neuder (Les Républicains), lui-même cardiologue de formation, annonce avoir déposé une proposition de loi visant à encadrer la reconversion de médecins généralistes et de spécialistes vers la médecine esthétique, dans le but de lutter contre la désertification médicale.
Mais il l'assure, cela n’a rien à voir avec Olivier Véran. "Il y a 9000 médecins qui se sont tournés vers la médecine esthétique, avec Olivier Véran il y en aura 9001, ce n’est pas la question" élude-t-il. "En revanche, pour moi, il illustre bien le sujet. Il y a 87% de notre territoire qui est un désert médical, les délais pour rencontrer un médecin spécialiste se sont considérablement allongés en quelques années et il faut désormais patienter 10 jours pour obtenir un rendez-vous chez son médecin généraliste, en moyenne, en 2024, contre 4 seulement en 2019" résume-t-il.
Le métier de médecin manque d’attractivité, selon Yannick Neuder
Si Olivier Véran n’a pas voulu reprendre son métier de neurologue, en justifiant sa décision par rapport à "son étiquette de ministre" qui aurait pu perturber sa relation aux patients, le député Neuder pointe lui, le manque d’attractivité de la profession. "On ne peut plus rémunérer un médecin 300 euros pour une injection de botox alors qu’il ne gagnera que 35 euros pour retirer un grain de beauté" dénonce-t-il.
"De la même manière, nous manquons déjà de médecins généralistes, il y a plus de six millions de Français qui n’ont pas de médecin traitant… Comment peut-on rendre le métier attractif alors qu’ils cumulent les contraintes, les consultations, l’obligation de soins, pour 26,50 euros ?" interroge-t-il encore.
Former plus de médecins et leur permettre d’évoluer
Pour le député de l’Isère, qui est aussi vice-président de la Commission des affaires sociales, il y a donc nécessité de réguler les changements de spécialité des médecins. Il propose donc que le passage vers la médecine esthétique soit soumis à la "délivrance d’une autorisation de l’Agence Régionale de Santé (ARS), après avis conforme du conseil départemental de l’ordre des médecins".
"En tant que médecin engagé et parlementaire, j’ai d’autres ambitions pour la médecine hospitalière et libérale en France" explique le député. Il insiste également sur le fait que les pratiques changent, notamment chez les plus jeunes. "Il faut 2,5 médecins généralistes pour en remplacer un qui part à la retraite, aujourd’hui". Pour "éviter d’arriver à une médecine à deux vitesses", Yannick Neuder estime qu’il est temps d’agir... sans pour autant être sûr que sa proposition de loi sera adoptée.