L’entorse de Chopart, une entorse du pied relativement méconnue

Publié le  , mis à jour le 
en collaboration avec Jérôme Auger (kinésithérapeute et ostéopathe )

Souvent confondue avec l’entorse de cheville, l’entorse de Chopart désigne une lésion des ligaments de l’articulation de Chopart, située au milieu du pied. Quelles sont les causes de ce type d’entorse ? Quels en sont les symptômes ? Et comment soigne-t-on une entorse de Chopart ? Nous avons posé ces questions à Jérôme Auger, kinésithérapeute à Paris.

Qu'est-ce qu'une entorse du chopart ?

À quoi correspond l’articulation de Chopart ?

L’articulation de Chopart met en relation les os du tarse postérieur, c’est à dire le calcanéus et le talus, avec respectivement ceux du tarse antérieur, le cuboïde et l’os naviculaire. Ces os sont peu mobiles mais ils le sont dans les trois plans de l’espace grâce à des ligaments, des structures peu extensibles qui assurent la stabilité d’une articulation. On peut considérer que l’articulation de Chopart est constituée de deux parties :

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  • Chopart interne : articulation talo-naviculaire ;
  • Chopart externe : articulation calcanéo-cuboïdienne.

Le rôle de cette articulation est d’adapter le pied au sol lors des appuis.

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Définition de l’entorse de Chopart, dite entorse médio-tarsienne

"Une entorse de Chopart correspond à une lésion des ligaments qui relient les os de l’articulation entre eux", explique Jérôme Auger (https://www.jeromeaugerkine.com/ et https://www.institut-kinesitherapie.paris/). Elle se situe donc entre le milieu du pied et l’avant-pied. On distingue deux types d’entorse de Chopart : l’entorse calcanéo-cuboïdienne, la plus fréquente, et l’entorse médio-tarsienne complète.

Les 3 niveaux de gravité d'une entorse

Comme toutes les entorses, son niveau de gravité varie d’un simple étirement sans élongation (entorse bénigne ou "foulure") à la rupture totale avec arrachement osseux (entorse grave) en passant par la déchirure de quelques faisceaux (entorse de gravité moyenne).

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Y a-t-il des personnes plus à risque ?

Les personnes qui pratiquent des sports d’appui, de pivot et de contact, comme le rugby, le basket-ball ou le handball, ainsi que celles qui s’adonnent à des sports de combat faisant intervenir les pieds comme le Taekwondo, le karaté ou le judo, ont plus de risque que les autres de se faire une entorse de Chopart.

Quelles sont les symptômes d’une entorse de Chopart ?

Les personnes victimes d’une entorse de Chopart ressentent immédiatement une très vive douleur au pied, au-dessus ou à l’extérieur du tarse. On observe également un œdème sur le bord externe du pied, mais le gonflement peut atteindre l’ensemble du pied et de la cheville dans les cas sévères ou si d’autres lésions coexistent. Un œdème global peut expliquer l’erreur de diagnostic ou d’autodiagnostic qui conduit beaucoup de patients et certains médecins à évoquer, à tort, une entorse de la cheville. "La confusion entre les deux entorses est fréquente. Il n’est pas rare que les patients souffrant d’une entorse de Chopart arrivent en consultation de kinésithérapie avec un (auto)diagnostic d’entorse de la cheville. Cette dernière se produit pourtant à un tout autre endroit du pied, au niveau de l’articulation de la cheville, située entre la jambe et le pied. Mais la douleur et le gonflement qui se propagent à l’ensemble du pied peuvent induire en erreur", commente Jérôme Auger.

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La blessure va entraîner une hypermobilité voire une instabilité de l’articulation de Chopart. Selon la sévérité de l’entorse, le patient aura plus ou moins de difficultés à marcher et même à poser le pied au sol.

Quelles sont les causes d’une entorse de Chopart ?

C’est un traumatisme qui est à l’origine d’une entorse de Chopart. Ce traumatisme peut être direct (choc au pied) ou indirect (torsion du pied). "La torsion du pied est la cause la plus fréquente de l’entorse de Chopart. On rate une marche, on retombe mal sur ses appuis après un saut et tout le pied vrille", illustre le kinésithérapeute. L’entorse de Chopart peut être isolée mais elle est souvent associée à d’autres blessures du pied qui vont de l’entorse à la fracture, notamment en cas de polytraumatisme.

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Comment poser le diagnostic d'une entorse de Chopart ?

Qui consulter pour une entorse de Chopart ?

La bonne conduite à tenir en cas de traumatisme au pied est de consulter le plus rapidement possible pour éliminer tout risque de fracture et de luxation, conseille Jérôme Auger. Il conseille d’aller voir son médecin traitant, un médecin du sport ou de se rendre aux urgences si la douleur est insupportable.

L'examen clinique

Un examen clinique qui se fonde sur l’examen du pied et l’interrogatoire du patient est indispensable mais ne suffit pas toujours à poser un diagnostic d’entorse de Chopart, souligne le praticien. "L’examen clinique met en évidence deux situations possibles : dans un premier cas, les douleurs sont tolérables et permettent d’examiner la cheville ; le médecin peut alors évaluer la mobilité des articulations, étudier les contractions isométriques et rechercher des points douloureux pour établir le diagnostic. Dans un deuxième cas, l’état local et les douleurs empêchent d’examiner la cheville ; on suspecte alors une lésion osseuse, ce qui doit orienter d’emblée vers un bilan radiographique".

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Les examens d'imagerie nécessaires

Pour les entorses de Chopart de grades 2 et 3, un avis chirurgical et des examens d’imagerie sont souvent nécessaires. Les radiographies peuvent ainsi être complétées, une fois que la zone lésée a dégonflé, par une IRM ou une tomodensitométrie afin d’établir un bilan osseux et ligamentaire.

Comment traiter une entorse de Chopart ? Quelle est la prise en charge ?

Le protocole PEACE & LOVE

Fini le protocole POLICE (acronyme anglo-saxon pour "Protection Optimal Load Ice Compression Elevation"), on applique désormais le protocole PEACE & LOVE ! Imaginé en 2020, ce dernier propose une approche plus respectueuse du processus de guérison naturel d’une entorse. Il se démarque en outre du précédent en déconseillant l’utilisation de glace et des anti-inflammatoires et en tenant compte des facteurs psychologiques et de l’effet nocébo de l’hyper-médicalisation.

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La première partie du protocole, PEACE, doit être appliquée immédiatement lors de la prise en charge des lésions aiguës :

  • Le "P", pour "protection", consiste à cesser dans un premier temps (généralement deux à trois jours) toutes les activités provoquant des douleurs afin de minimiser les saignements et prévenir tout risque d’aggravation ;
  • Le "E" pour "élévation" indique qu’il faut surélever la jambe au-dessus du niveau du cœur pour faire circuler le sang ;
  • On s’ "abstient" ("A") de tout traitement antiinflammatoire pour ne pas risquer de retarder la cicatrisation des tissus ; pour soulager la douleur, le médecin peut prescrire des antalgiques à base de paracétamol ;
  • Le "C" signifie qu’il faut "comprimer" l’articulation lésée par des bandes élastiques afin de limiter l’œdème intra-articulaire et l’hémorragie tissulaire ;
  • Et enfin le "E" qu’il faut "éduquer" le patient sur les avantages d’une approche active du rétablissement, pour éviter le surtraitement.
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Dans un second temps, c’est la seconde partie du protocole, LOVE, qui s’applique :

  • Le "L" désigne "Load" en anglais, autrement dit "Charge". L’idée est de reprendre une activité normale le plus tôt possible, dès lors que les symptômes le permettent ;
  • Il est conseillé de rester "optimiste" ("O") car il semblerait qu’être pessimiste ou catastrophiste entrave le bon rétablissement ;
  • La reprise d’une activité cardiovasculaire, en améliorant la vascularisation ("V") de l’articulation lésée, constitue la pierre angulaire d’une bonne rééducation ;
  • On complète par des "exercices" ("E") de souplesse, de renforcement et d’équilibre le plus tôt possible après la blessure, afin de restaurer la mobilité, la force et la proprioception et assurer un rétablissement optimal.
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En combien de temps guérit-on d’une entorse de Chopart ? Quelle est la durée de la rééducation ?

Le temps de récupération après une entorse de Chopart dépend de nombreux paramètres : ligaments atteints, sévérité de l’entorse, état de santé global du patient, compliance au traitement... "En cas de simple étirement ligamentaire, la douleur peut disparaître en 2 à 3 semaines. Pour les entorses moyennes, il faut compter jusqu’à 3 mois avant de récupérer une fonction normale du pied ; et cela peut aller jusqu’à un an en cas d’entorse sévère, lorsque l’articulation est particulièrement instable et douloureuse", précise Jérôme Auger.

Quelle est la place de la kiné dans le traitement d’une entorse de Chopart ? 

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Les séances de kinésithérapie sont essentielles pour restaurer la mobilité de l’articulation, faciliter la cicatrisation et ne pas laisser s’installer de raideur, explique le kinésithérapeute. Elles comprennent des exercices de renforcement des muscles du pied et de la cheville qui visent à stabiliser l’articulation de Chopart.

Quelles séquelles possibles ? Quand la chirurgie est-elle indiquée ?

Le pronostic fonctionnel après une entorse de Chopart est bon à condition que le patient suive sérieusement son traitement et ses séances de kinésithérapie. Dans le cas contraire, des récidives d’entorse ne sont pas à exclure et leur multiplication peut entraîner ce que l’on appelle une "cheville instable", avec des ligaments tellement abîmés que la rééducation ne suffit pas à les restaurer.

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Il faut alors envisager une ligamentoplastie, une intervention chirurgicale visant à les réparer sous arthroscopie. La chirurgie est également une indication en cas de rupture du ligament de Chopart. 

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