Un bébé en détresse respiratoire refusé aux urgences. Le Dr Patrick Pelloux dénonce une catastrophe en marche
Dimanche 10 mars, une fillette d'un an amenée par son père aux urgences de Saintes, en Charente-Maritime, est refusée à l’entrée du bâtiment, alors qu’elle se trouve en détresse respiratoire. Comment expliquer une telle situation ? Patrick Pelloux, médecin urgentiste et porte-parole de l'AMUF (association des Médecins urgentistes de France).
Julien Daviaux, père de la petite Lou âgée d'un an seulement, l'emmène aux urgences pédiatriques de la ville de Saintes (Charente-Maritime) sur les conseils de son médecin et avec un courrier de sa part. La petite fille est en détresse respiratoire, à cause d'une bronchiolite.
Refusé aux urgences pédiatriques faute de places
Une fois arrivé aux urgences, Julien Daviaud se voit refuser l’accès et donc la prise en charge de son enfant, faute de place dans le service. Le pédiatre invite Julien Daviaud à aller à Cognac ou à Rochefort, deux villes voisines. "Sauf qu’à Cognac, il n’y a pas de service de pédiatrie et à Rochefort, on ne réussissait pas à savoir s’ils avaient de la place" explique Julien Daviaud à nos confrères de France 3 Nouvelle-Aquitaine.
Un appel au Samu, qui interviendra sur le parking
Face à l’état de sa fille, qui présente de plus en plus de difficultés à respirer, Julien Daviaud finit par composer le 15, pour prévenir le Samu qui interviendra sur le parking. Aujourd’hui, l’enfant va mieux, mais son père a voulu médiatiser son histoire. "On ressent de la colère, de l’incompréhension. On se demande comment en France, en 2024, on peut être amené à fermer les yeux devant des urgences vitales par manque de place" s’interroge-t-il.
Dr Patrick Pelloux : "Nous allons doucement vers une énorme catastrophe"
Pour comprendre comment ce type de situation a pu survenir, Doctissimo a interrogé le Dr Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France (MUF).
Il dénonce tout d’abord le fait qu’un patient, même envoyé par un médecin – ce qui est le cas de cette petite fille - ne puisse pas accéder aux services des urgences. "Le discours du gouvernement est de faire croire que les personnes se rendent aux urgences pour rien, on voudrait les envoyer ailleurs, mais il n’y a pas d’autre endroit que les urgences pour les accueillir !" s’exclame-t-il. "C’est bien la preuve qu’un système de sas, avec un standard et appel aux urgences au lieu d’y aller, a des limites !".
Selon lui, ce n’est plus de la médecine à deux vitesses que l’on est en train de créer, "on a cassé l’hôpital public et il n’a plus les moyens de répondre aux besoins, avec des services d'urgences qui ferment la nuit, par exemple. Et ce sont les plus pauvres et les plus précaires - qui sont aussi les plus malades - qui vont trinquer les premiers" prévient-il.
Avant de conclure sur une note peu réjouissante: "On a l’impression que personne ne s’en rend vraiment compte, mais nous allons doucement vers une énorme catastrophe".