Jeux olympiques : les athlètes doivent-ils être abstinents pour performer ? Ce qu'en dit la science

Louise Ballongue Rédactrice web

David Bême Rédacteur en chef

Près de 200 000 préservatifs ont été distribués dans les différents villages olympiques. Selon le DailyMail, les applications de rencontres comme Tinder, Bumble et Hinge ont connu une énorme augmentation du nombre d'utilisateurs autour du village olympique. Mais les liaisons intimes sont-elles compatibles avec le sport de haute performance ? Quelques éléments de réponse.

De Teddy Riner à Cristiano Ronaldo, les avis divergent

Faut-il proscrire les rapports sexuels avant une compétition sportive ? Interrogé en février dernier par la journaliste Léa Salamé sur le plateau de l'émission Quelle Epoque !, Teddy Riner n'a pas éludé la question : "Il y a des légendes qui disent "jamais avant la compét" (...) Quand j’étais jeune, ça m’est arrivé de dire non avant la [compétition]" y compris face à l'insistance d'une ancienne compagne.

Mais l'abstinence sexuelle permet-elle de booster les performances sexuelles ? C'est en tout cas une recommandation largement répandue en particulier dans les sports de combat. L'ancien champion du boxe poids lourd de boxe Tyson Fury s'en était d'ailleurs fait l'écho avec une "discipline" quasi monastique. Le boxeur britannique avait révélé "ne pas éjaculer durant 7 semaines" afin d’améliorer ses performances lors d'un combat.

Si la rétention de sperme est pratiquée depuis l’Antiquité et s’avère même être un principe clé du taoïsme, la technique n’est pas pour autant validée par tous. Sur Twitter, le Dr Winter, médecin-chef d'Odela, une clinique de santé sexuelle en ligne, condamne cette pratique "La rétention de sperme n’est pas un améliorateur de performance. Si vous n'éjaculez pas pendant sept semaines, vous éjaculerez pendant votre sommeil ou réabsorberez les fluides", précise-t-elle.

D'ailleurs historiquement, d'autres sportifs ont ouvertement déclaré que des relations sexuelles avant de grands matchs augmentaient leurs performances, c'est le cas des footballeurs Cristiano Ronaldo, la légende brésilienne Pelé ou le fantasque George Best.

Aucun lien entre la testostérone et les rapports sexuels

De son côté, le Dr Msika-Razon nous avait indiqué que les rapports sexuels n’ont aucune incidence sur le stock de testostérone.

L'éjaculation régulière serait même associée à une meilleure santé, notamment à un risque moindre de cancer de la prostate et de décès prématuré.

L'éjaculation pourrait en effet protéger la prostate en éliminant les substances chimiques nocives qui s'accumulent dans le sperme.

Pas de coup de mou après une nuit à deux...

Concernant l'impact de l'activité sexuelle avant une compétition, les études sont peu nombreuses (la méthodologie restant difficile à mettre en oeuvre) et parfois contradictoires. En 2018 et en 2019, deux études n'ont pas réussi à montrer de différence de force musculaire entre des hommes ayant eu un rapport sexuel la veille d’une activité sportive, et ceux ayant préféré l'abstinence. A l'inverse, une étude en 2022 a confirmé un effet sur la force musculaire des jambes (évaluée par des squats)...

Enfin, les lits en carton des athlètes accusés d'être "anti-sexe" ont été réhabilités par une vidéo du gymnaste Rhys Mcclenaghan dans une vidéo devenue virale.

Si le sexe peut aider à s'endormir via les endorphines secrétées, le sexe peut retarder l'heure d'endormissement en fonction des activités pratiquées... C'est donc à chacun de gérer au mieux ses préférences en fonction de sa propre expérience.