Trois idées reçues sur les nouvelles tendances de vacances
Plus des trois quarts des Français ont prévu de prendre des vacances cet été tandis que 64% quitteront bel et bien leur quotidien pour souffler loin de chez eux. Mais si les crises sanitaires et climatiques ont redéfini les aspirations au moment de partir, les nouvelles façons de voyager ne concernent pas toujours la majorité. La preuve.
Non, les Français ne rêvent pas de montagne et de campagne pour les vacances d'été
Personne n'a oublié les températures caniculaires de la saison estivale 2023 qui avaient donné envie aux estivants de changer de fusil d'épaule en préférant des stations balnéaires au bord de la Manche ou de la mer du Nord. De la même manière, la crise sanitaire et la règle des 10 km puis des 100 km durant les confinements avaient remis au goût du jour les bienfaits d'un séjour à la campagne.
Pour autant, il ne faut pas être trop hâtif dans les conclusions en imaginant les stations balnéaires désertes en plein mois d'août. D'après le dernier baromètre Europ Assistance* réalisé par Ipsos, pas moins de 62% de Français se disent attachés aux vacances en bord de mer, avec 25% d'adeptes de la Côte d'Azur et 21% qui préfèrent l'Occitanie. D'ailleurs, si les estivants préfèrent les séjours à la plage à l'étranger, ils privilégient l'Espagne (15%), l'Italie (10%), le Portugal (5%) ou la Grèce (5%).
Non, le "workation" n'est pas devenue la norme
De la crise sanitaire, on en a retenu une nouvelle organisation de travail, pour ceux qui ont appris à remplir leurs tâches professionnelles depuis chez eux. Certains salariés entretiennent même le souvenir de leur bureau installé à Madère ou dans les Canaries lorsqu'ils avaient échappé au confinement dans leur studio parisien de 20 m2. Ils ont alors concilié travail et vacances, incitant même la création du néologisme "workation", contraction de "work" (travail en anglais) et "vacation" (vacances). Plus de 60 pays dans le monde ont même adapté leur réglementation pour fournir des visas spécifiques aux télétravailleurs, à l'image de l'Estonie qui fut le premier pays à établir officiellement un statut de résident aux télétravailleurs quelques mois seulement après le déclenchement du premier confinement.
Mais de là à imaginer le "workation" comme une nouvelle façon de voyager populaire, il y a un monde. Selon le vaste rapport d'Europ Assistance mené dans 21 pays, cette pratique ne concerne que 27% de voyageurs européens tandis qu'en France ce taux passe à 20%. C'est le plus bas avec celui des Tchèques (18%). Sans surprise, les moins de 35 ans sont les plus intéressés par cette logistique (35%). D'ailleurs, quand le projet se concrétise, les vacances-travail ne se déroulent pas nécessairement à l'autre bout du monde, au bord d'une plage idyllique, mais davantage en France (44%) et dans une location saisonnière (36%).
Non, les vacanciers ne voyagent pas (encore) écolo
A l'occasion du dernier salon mondial du tourisme à Paris, une vaste étude d'Accor European Trends donnait l'impression que nous nous trouvions à un tournant en matière de conscience écologique au moment de penser aux voyages. Sur les 8.000 voyageurs interrogés dans sept pays européens, près des trois quarts (71%) confiaient vouloir intégrer les principes du développement durable dans leurs projets de voyages. Sauf que de la parole aux actes, il y a souvent une marge de manoeuvre, d'autant que la nécessité de penser à la planète, même au moment des vacances, se révèle comme une nouvelle source de charge mentale. 43% des vacanciers qui envisagent des séjours durables au cours des douze prochains mois avouent en effet culpabiliser quand ils font des choix qui ne sont pas en phase avec leur promesse, rapportait une étude de Booking.com.
Le dérèglement climatique a pourtant d'ores et déjà un impact sur les voyages puisque 54% de Français reconnaissent être moins enthousiastes à l'idée de subir la canicule pendant les vacances. Et dans le même temps, 44% d'Européens craignent les catastrophes naturelles. Sauf que les habitudes ne sont pas si simples à modifier surtout quand on organise des vacances dans son propre pays, comme c'est le cas de 42% de Français. La voiture s'avère ainsi être un indispensable pour 68% de vacanciers tricolores. Ils sont même plus nombreux que la moyenne européenne à choisir ce mode de transport (55%). Au final, seuls 36% de Français ont adopté un moyen de déplacement plus économe en CO2.
L'édition 2024 du Baromètre annuel des vacances d'Europ Assistance et d'Ipsos a été réalisée dans 21 pays : États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Italie, France, Espagne, Suisse, Allemagne, Autriche, Portugal, Belgique, Pologne, République tchèque, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Inde, Singapour, Hong-Kong, Japon, Malaisie et Australie. Pour chacun de ces pays, un échantillon représentatif de 1000 consommateurs âgés de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession) après stratification par région et par taille de ville, ont répondu à un questionnaire en ligne. L'enquête a été réalisée du 27 mars au 22 avril et a porté sur les projets de vacances et les préférences des consommateurs en matière de voyage.