Concentration et gestion du stress : les sportifs, modèles de recherche en neurosciences
La Fédération pour la Recherche sur le Cerveau (FRC) a décidé de s'associer au Comité national Olympique Sportif Français, à l'Institut national du sport et de l'éducation physique (Insep) et à l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (Irmes) pour analyser et comprendre la gestion du stress et la concentration, deux qualités dont font preuve les sportifs de haut niveau.
On le sait, le sport est un des meilleurs alliés de la santé. Sa pratique régulière participe à la prévention des maladies cardiovasculaires, des maladies métaboliques, mais aussi des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Pour son édition 2011, le Neurodon donnait la priorité à la recherche sur le cerveau et les maladies neurologiques, en prenant l'exemple du sport.
Le sport, un exemple à suivre au quotidien ?
Concentration, gestion du stress, mais également apprentissage, mémorisation, récupération,... les atouts dont font preuve les sportifs sont autant de capacités cérébrales étudiées par les chercheurs en neurosciences pour mieux comprendre le cerveau. Pour savoir ce qui se passe dans les zones du cerveau concernées par ces capacités, la FRC a décidé d'étudier les sportifs de haut niveau et de bâtir des ponts entre les chercheurs en neurosciences et ceux travaillant dans le milieu sportif.
"L'étude des pratiques sportives va nous permettre de comprendre ce qui se passe au niveau du cerveau : comment les aptitudes motrices s'améliorent avec l'entraînement, comment se fait la gestion du stress, etc.", explique à Doctissimo le Pr Jacques Touchon, président du conseil scientifique de la FRC et neurologue au CHU de Montpellier. L'idée est ensuite de voir si les zones activées sont les mêmes selon qu'elles s'appliquent à la pratique d'un sport, au travail ou dans la vie personnelle.
Le stress, atout ou handicap ?
En psychologie du sport, de nombreuses études se sont intéressées à la relation entre stress et performance sportive. Elles se sont notamment appuyées sur le modèle du stress de Lazarus (1991,2000), selon lequel ce n'est pas tant le fait d'éprouver du stress en soi qui impacte la performance mais l'évaluation que l'on fait de la difficulté que présente une situation donnée d'une part et l'évaluation des ressources dont on dispose pour l'affronter d'autre part.
Selon ce modèle, si un sportif s'engage dans une compétition difficile dont l'enjeu est important et face à des adversaires de qualité, mais qu'il pense avoir les ressources nécessaires pour y faire face, il perçoit la situation comme un challenge et son stress deviendra un atout.
A l'inverse, s'il estime ne pas avoir les ressources suffisantes, il percevra la situation comme une menace et son stress sera un handicap, explique Nadine Debois, présidente de la Fédération française de psychologie du sport (SFPS).
Comprendre ce que la concentration provoque au niveau du cerveau
Autre qualité importante qu'un sportif de haut niveau se doit de posséder : la concentration. Dans le cadre d'une épreuve physique, la concentration renvoie à la notion d'attention ou de focalisation de l'attention et, parallèlement, à la gestion des pensées et émotions parasites.
D'un sport à l'autre, la concentration va toutefois différer, poursuit Nadine Debois. "Par exemple, en tir sportif, l'athlète est essentiellement centré sur sa cible et la coordination visée-lâcher lors de son tir. Quand il est bien concentré, il ne voit rien de ce qui se passe autour de lui. En sports collectifs, il faut au contraire être capable d'enregistrer à tout moment dans un environnement en perpétuel mouvement la position de ses partenaires, de ses adversaires, sa propre position par rapport au ballon et à la cible". Dans ces cas, la concentration repose sur la lucidité et la réactivité du sportif.
En étudiant les sportifs, les chercheurs espèrent ainsi découvrir plus précisément les interactions qui ont lieu au niveau du cerveau et les processus qui s'enclenchent.
Quand le sport devient mauvais pour la santé
Le sport peut parfois, au contraire, avoir les effets inverses que ceux escomptés. Ainsi, les sports violents qui soumettent le crâne à des traumatismes à répétition (la boxe, le football américain mais aussi le rugby) aggravent le risque de développer des maladies neurodégénératives, souligne le Pr Touchon, citant Mohamed Ali (né Cassius Clay) atteint de la maladie d'Alzheimer depuis 1982. Pour les chercheurs en neurosciences, l'étude des personnes pratiquant ce type de sports peut permettre de comprendre comment ils peuvent avoir un effet négatif sur le cerveau et accélérer le processus de vieillissement cérébral.
Comme le souligne le Pr Touchon, "les neurosciences ont besoin des sportifs", dont le comportement peut fournir des pistes aux chercheurs, et les sportifs ont besoin du regard des scientifiques, notamment pour connaître l'impact de leurs excès.
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