Dépression saisonnière : les bienfaits de la luminothérapie
Dans la grande famille des dépressions, il en est une, la dépression saisonnière, dont on connaît précisément la cause : le manque de lumière. Elle revient à chaque début d'hiver, quand les jours sont plus courts et la lumière plus rare. Pour la traiter, il faut s'attaquer à la cause, et faire une cure de luminothérapie !
Changement d'heure, changement de saison... Avec les jours qui raccourcissent, l'intensité du soleil qui faiblit et le froid qui s'installe, on se sent tous un peu tristes. Un peu ? Certains en font en réalité une véritable dépression saisonnière. "Le matin, les rayons bleu du soleil stimulent notre organisme d'une telle manière que cela permet d'engendrer une sécrétion importante des neuromédiateurs responsables de notre humeur et de notre moral, la dopamine et la sérotonine. L'hiver, la lumière étant moins forte, cette production baisse et donc notre humeur aussi" explique Jean-René Mestre, Docteur en Pharmacie spécialiste de la chronobiologie. Et, moins exposé à la lumière du jour, l'organisme a également tendance à produire plus de mélatonine, l'hormone du sommeil.
Alors, pour traiter cette baisse de moral, rien de tel que ... la lumière (artificielle) ! Au moins dans un premier temps.
Une dépression particulière, le syndrome affectif saisonnier
Environ un Français sur dix souffrirait de dépression saisonnière chaque année. Aux signes d'une dépression "classique" (ralentissement psychique et physique, irritabilité, idées noires, etc.), s'ajoutent des troubles amplificateurs :
- Dévalorisation de soi,
- Culpabilité excessive et injustifiée,
- Troubles de la concentration et de l'attention,
- Baisse de libido,
- Troubles du sommeil,
- Perte ou gain de poids,
- Pensées suicidaires...
La différence est qu'ici, un facteur déclenchant a été identifié : le déficit de lumière.
Des critères précis pour la dépression saisonnière
La dépression saisonnière, automno-hivernale, apparaît en octobre-novembre et disparaît spontanément en mars-avril, au printemps.
Elle se caractérise par une grosse fatigue : une envie de dormir permanente et un sommeil qui paraît toujours insuffisant ; un plus grand appétit (avec une attirance pour les sucreries) ; et une accentuation de la tristesse en soirée.
Attention : la dépression saisonnière doit cependant être distinguée du "coup de blues" de l'hiver.
Comment agit la luminothérapie sur l'organisme ?
La dépression saisonnière peut se soigner grâce à la luminothérapie (luxthérapie ou photothérapie), une technique consistant à s'exposer devant une lumière blanche intense, sans UVA ni UVB, d'une puissance de 10 000 lux, reproduisant la lumière du soleil. "Utilisée le matin, cette lampe permet d'accentuer, stimuler ou artificiellement recréer les effets du soleil sur l'organisme" explique Jean-René Mestre.
Cela permet à notre organisme de freiner sa production de mélatonine et à nous de retrouver de l'énergie ; et d'activer sa production de dopamine et de sérotonine pour que l'on retrouve le moral.
Pratiquer une cure de luxthérapie
La cure idéale de luminothérapie : s'exposer 30 minutes tous les matins au réveil devant une lumière à 10 000 lux pendant 5 mois durant.
Au cœur de l’hiver, lorsque la lumière naturelle se fait rare ou est de faible intensité, asseyez-vous devant votre lampe et fixez la quelques secondes toutes les minutes. L'écran doit rester dans votre champ de vision, mais vous pouvez lire ou travailler en même temps. Il suffit de poser l'appareil sur son bureau ou à sa table de petit déjeuner.
La quantité de lumière reçue sur la rétine dépend de la distance entre l'appareil et le visage : à 30 cm, à 10 000 lux, 30 minutes suffisent ; plus éloigné, à 2 500 lux rester 2 heures.
Précautions d'emplois
"Il ne faut surtout pas utiliser la lampe le soir" prévient Jean-René Mestre, "sinon vous risquez de provoquer l'effet totalement inverse dans votre organisme" souligne-t-il.
La luminothérapie ne remplace pas une consultation médicale. En cas de symptômes dépressifs, il est préférable de consulter son médecin.
La luminothérapie est contre-indiquée chez les personnes ayant des problèmes oculaires ou souffrant de certaines maladies psychiques (paranoïa, schizophrénie, etc.). Demandez conseil à votre médecin avant d'utiliser ce genre d'appareils.
En l'absence de symptômes, une cure de luminothérapie peut prévenir l'apparition des troubles dépressifs. Un simulateur d'aube pour se réveiller, et une lampe de luminothérapie pendant tout le petit déjeuner peuvent aider à garder le sourire jusqu'au retour des beaux jours.