Eczéma, dermatite atopique... les bienfaits pour la peau des probiotiques
Parce que les familles sont moins nombreuses et l'hygiène meilleure dans les pays développés, la part des infections a diminué… au profit des allergies. Cette théorie "hygiéniste" du nombre croissant de dermatite atopique est à l'origine d'un essai de prévention de la maladie par l'administration de bactéries, bien sûr inoffensives.
La dermatite atopique, affection cutanée de nature allergique, est caractérisée par un eczéma suintant, croûteux et très prurigineux. Cette maladie apparaît habituellement au cours de la première année de vie et touche préférentiellement les joues. Pouvant néanmoins s'étendre n'importe où sur le corps, elle évolue par poussées et guérit généralement avant l'âge de deux ans.
Trop d'hygiène nuirait-il à l'immunité ?
Si les enfants des pays développés payent un lourd tribut à la maladie, les nourrissons les plus exposés aux microbes, issus de familles nombreuses ou fréquentant des crèches sont moins touchés. Il semble donc que les cellules de l'immunité, et les lymphocytes T en particulier, quand elles sont occupées à combattre une infection, ne sont plus disponibles pour développer des allergies.
L'hypothèse "hygiéniste", que les spécialistes avancent depuis quelque temps, est encore confortée aujourd'hui par une étude de prévention, dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue le Lancet 1, et que décrit le Pr Christine Bodemer (Hôpital Necker-Enfants malades à Paris).
Des bactéries pour prévenir la dermatite atopique
Partant du postulat que les infections peuvent effectivement moduler l'immunité, les chercheurs se sont intéressés à la flore commensale intestinale, c'est-à-dire aux microbes qui, par milliards, colonisent naturellement le tube digestif. Et plus précisément à un lactobacille, Lactobacillus rhamnosus, qui se développe chez le nouveau-né et est capable de prévenir l'inflammation intestinale et l'allergie alimentaire.
La question était de savoir s'il permettait aussi de prévenir la dermatite atopique. L'équipe du Pr. Marko Kalliomäki a recruté 150 femmes ayant des antécédents familiaux d'eczéma, d'asthme ou d'une inflammation nasale d'origine allergique. Ces femmes ont un risque important d'avoir un enfant qui développera le même type d'affections. La moitié d'entre elles ont pris quotidiennement une capsule contenant des bactéries bénignes Lactobaccillus GG entre 2 et 4 semaines avant l'accouchement et pendant la période d'allaitement alors que l'autre moitié recevait un placebo. Pour les femmes choisissant de ne pas allaiter, une capsule à dissoudre dans le lait était prévue soit avec les bactéries soit avec le placebo. Les chercheurs se sont ensuite intéressés à la survenue de maladie atopique chez l'enfant à deux ans.
Les résultats sont spectaculaires : la fréquence d'eczéma atopique a été réduite de moitié chez les bébés des femmes ayant reçu des bactéries (23 %) par rapport à celles ne recevant qu'un placebo (46 %). L'effet préventif agit indépendamment du mode d'administration. Une seconde étude 2 sur les mêmes enfants a montré que la protection perdurait encore à l'âge de quatre ans.
Ces bactéries sont manifestement capables de détourner l'action des lymphocytes qui sont impliqués dans les réactions allergiques : elles les incitent à se mobiliser contre le lactobacille plutôt qu'à développer des lésions d'eczéma.
NON aux régimes, OUI à WW !
Des bactéries pour traiter la dermatite atopique
Même succès pour les enfants déjà atopiques, qui voient, avec l'ingestion de lactobacilles, leur eczéma amélioré. Les bactéries paraissent alors réorienter la réponse immunologique.
Enfin, un travail très encourageant a été conduit avec une autre bactérie, toujours inoffensive, présente dans l'environnement à l'extérieur de l'organisme. Après injection dans la peau d'une mycobactérie, la surface touchée et l'intensité de l'eczéma sont significativement réduites, ainsi que la consommation des dermocorticoïdes, traitement de référence de la maladie.
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