Si vous avez des insomnies, haro sur la malbouffe
Cancer, diabète, dépression... Les scientifiques ont alerté sur les conséquences de la consommation d'aliments ultra-transformés. Les effets néfastes seraient en fait encore plus larges au point d'impacter le sommeil. Pour la première fois, une étude fait un lien entre insomnies chroniques et malbouffe.
Chips, biscuits, sucreries ou encore boissons gazeuses... Ce sont autant d'aliments dits "ultra transformés" parce qu'ils sont bourrés d'additifs, d'émulsifiants, de sucres et de mauvaises graisses. Une équipe de chercheurs espagnols vient à nouveau de les montrer du doigt pour la détérioration cardiométabolique qu'ils engendrent chez les enfants. Précisément, on parle de diabète, de surpoids, d'hypertension artérielle ou encore d'obésité.
Chez les adultes, ce n'est pas beaucoup mieux puisqu'une étude scientifique menée aux Etats-Unis avait mis en relief un risque accru de décès prématuré. Dans le détail, les participants consommant le plus d'aliments ultra-transformés, à savoir sept portions par jour en moyenne, présentaient une mortalité toutes causes confondues 4% plus élevée par rapport à ceux qui n'en ingéraient "que" trois portions par jour en moyenne.
Les études se concentrant sur les effets de la malbouffe se suivent et ne se ressemblent pas dans leur conclusion, avançant à chaque fois de nouvelles conséquences néfastes sur la santé. Aussi étrange que cela puisse paraître, les aliments ultra-transformés peuvent aussi avoir un impact sur la qualité du sommeil. Pour la première fois, un lien entre la consommation de chips et autres produits ultra-transformés et insomnies chroniques a été réalisé dans une étude parue dans le Journal of the Academy of Nutrition of Nutrition and Dietetics.
Des chercheurs du département de médecine de la Columbia Université de New York ont travaillé conjointement avec le centre d'Epidémiologie et de Statistiques de Bobigny en France pour analyser les prises alimentaires de 38.570 participants adultes. Près de 20% d'entre eux souffraient d'insomnies chroniques. Et les scientifiques se sont rendu compte que les aliments ultra-transformés représentaient 16% de leur apport alimentaire global. Pour le moment, ils n'émettent pas de lien de cause à effet. La conclusion relève davantage de l'observation statistique, "indépendamment des covariables sociodémographiques, du mode de vie, de la qualité de l'alimentation et de l'état de santé mentale". Détail clé, les hommes présentaient un risque plus accru que les femmes de souffrir d'insomnies chroniques.
"À une époque où de plus en plus d'aliments sont hautement transformés et où les troubles du sommeil sont endémique, il est important d’évaluer si l’alimentation pourrait contribuer à un sommeil de mauvaise qualité ou de bonne qualité", explique Marie-Pierre St-Onge du centre d'excellence pour la recherche sur le sommeil et le rythme circadien de l'université Columbia, dans un communiqué. Et de rappeler : "notre équipe de recherche avait déjà signalé des associations entre des habitudes alimentaires saines, comme le régime méditerranéen, avec un risque réduit d'insomnie et de mauvaise qualité de sommeil (à la fois transversalement et longitudinalement), et des régimes riches en glucides avec un risque élevé d’insomnie. La consommation d’aliments ultra-transformés est en augmentation dans le monde entier et a été associée à de nombreux problèmes de santé tels que le diabète, l’obésité et le cancer".