Vache, chèvre, brebis : tous les laits d’origine animale se valent-ils ?
Le lait de vache n’a plus le monopole dans les rayons des produits laitiers des supermarchés. Si les laits végétaux séduisent de plus en plus, les laits de chèvre et de brebis s’imposent aussi et pas uniquement au rayon des fromages. Sont-ils préférables au lait de vache ? On fait le point avec Audrey Aveaux, diététicienne-nutritionniste.
De plus en plus décrié, le lait de vache est délaissé au profit des laits végétaux ou d’autres laits d’origine animale comme le lait de chèvre ou de brebis. Mais les laits de chèvre et de brebis sont-ils plus sains que le lait de vache comme on peut l’entendre parfois ? Apports nutritionnels, intolérance au lactose, digestibilité… Audrey Aveaux nous dit tout sur ces trois laits et démêle le vrai du faux pour vous guider dans vos choix de produits laitiers d’origine animale.
Lait de vache et lait de chèvre : des apports nutritionnels similaires
Le lait de vache et le lait de chèvre entiers sont quasiment identiques en termes de composition nutritionnelle :
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Lait de vache entier (100 ml) |
Lait de chèvre entier (100 ml) |
Protéines (en g) |
3,3 |
3,4 |
Glucides (en g) |
4,8 |
4,4 |
Lipides (en g) |
3 |
2,9 |
Calcium (en mg) |
120 |
120 |
Calories |
55 |
55 |
"Les deux laits contiennent également la même quantité de vitamines et minéraux. Seul l’apport en vitamine B12 diffère ; le lait de vache en contient beaucoup plus que le lait de chèvre. Mais cela n’a pas d’importance car en France, il est rare d’avoir des carences en vitamine B12", explique notre nutritionniste.
La différence notable entre ces deux laits réside dans le goût. Le goût du lait de chèvre est plus marqué que celui du lait de vache. "On trouve le lait de chèvre plus fort en goût parce qu’on a aussi plus l’habitude de consommer du lait de vache", fait remarquer Audrey Aveaux.
Lait de brebis : riche en calcium mais gras
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Lait de brebis entier (100 ml) |
Protéines (en g) |
5,68 |
Glucides (en g) |
4,5 |
Lipides (en g) |
7 |
Calcium (en mg) |
200 |
Calories |
103 |
Le lait de brebis se distingue des deux autres par sa forte teneur en graisses : 100 ml de lait de brebis entier contiennent 7 g de lipides, soit plus de deux fois plus que les laits de vache et de chèvre entiers. Il est donc plus calorique avec 103 kcal aux 100 ml. Les personnes qui veulent faire attention à leur poids doivent éviter le lait de brebis. "En période de régime, il est préférable de prendre du lait de chèvre ou de vache écrémé ou demi-écrémé".
L’avantage du lait de brebis ? Sa teneur en calcium, plus importante que les deux autres laits (200 mg contre 120 mg aux 100 ml). "Il faut savoir que la teneur en calcium ne bouge pas, que le lait soit écrémé ou demi-écrémé. Enlever des matières grasses à un lait ne fait pas baisser son apport en calcium ", insiste notre nutritionniste.
Quel lait choisir ?
Intolérance au lactose
Les trois laits contiennent la même quantité de lactose, sucre contenu dans le lait. "Si on est intolérant au lactose, cela ne sert à rien de substituer un lait par un autre !". Les laits végétaux constituent l’alternative la plus courante, notamment les boissons au soja. Les intolérants au lactose peuvent aussi se tourner vers les produits laitiers qui contiennent peu ou pas de lactose comme les fromages affinés et les yaourts.
Digestibilité
On appelle digestibilité l’aptitude d’un aliment à être digéré. Le lait de vache a parfois la réputation de ne pas être digeste. Les personnes qui ne le digèrent pas bien vont se tourner vers le lait de chèvre car elles le trouvent plus digeste. Il n’y a pas de consensus scientifique sur le sujet en l’absence d’étude qui compare la digestibilité des différents laits.
En revanche, certaines propriétés du lait de chèvre pourraient expliquer qu’il soit plus digeste, selon Audrey Aveaux. "Le lait de chèvre contient des acides gras à chaîne courte, des globules gras de petite taille et des triglycérides à chaîne moyenne et à chaîne courte, ce qui donne a priori des lipides (graisses) plus faciles à digérer. Tout cela fait que, peut-être, le lait de chèvre est plus digeste que les deux autres, mais on ne peut pas l’affirmer à 100 % sans preuves scientifiques".
Le lait de brebis étant le plus gras, il est plus difficile à digérer que les deux autres laits. "La digestibilité d’un aliment étant liée à sa teneur en matières grasses", ajoute notre expert.
Allergie aux protéines de lait
La nature des protéines (vache, chèvre, brebis) ne joue pas sur le côté allergisant. Quand il y a un diagnostic d’allergie aux protéines de lait de vache (pathologie rare qui touche 1 à 4 % des enfants et disparaît spontanément avec l’âge dans 91 % des cas), cela est lié au système immunitaire immature de l’enfant dans la plupart des cas. Ces enfants peuvent donc être aussi allergiques aux protéines des autres laits d’origine animale. "Si quelqu’un est allergique aux protéines de lait de vache, il serait dangereux de lui faire tester le lait de chèvre ou de brebis car il y a des chances que la personne y soit aussi allergique". Une allergie aux protéines de lait, quelle qu’elle soit, doit être confirmée par un médecin qui conseillera alors des alternatives au patient allergique.
Les hormones dans le lait de vache sont-elles dangereuses pour la santé ?
La dangerosité des hormones contenues dans le lait de vache est un argument souvent mis en avant par les anti-laits. Mais est-ce vrai ? Tout d’abord, il faut savoir que "l’utilisation d’hormones a toujours été interdite en France et elle est bannie en Europe depuis 1988. Si le rendement des vaches laitières a quasi doublé en 20 ans, c’est grâce à l’amélioration des méthodes de sélection des élevages", a déclaré en 2010 Koenraad Duhem, directeur scientifique du Centre interprofessionnel de l'Economie laitière (Cniel).
Les seules hormones contenues dans le lait de vache sont naturelles. Ce sont des facteurs de croissance destinées à faire grossir rapidement les veaux. Ils sont soupçonnés de favoriser certains cancers (colorectal, prostate, sein). Des soupçons réfutés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire en 2012 : "les études disponibles n’ont pas démontré un lien entre les facteurs de croissance présents dans le lait de vache et un risque de développer un cancer, et s’ils ont un effet sur la santé, celui-ci semble être minime".
Diversifier les sources de lait
À la question "Tous les laits d’origine animale se valent-ils ?", la réponse est "Non" mais il ne faut pas pour autant en privilégier un plus qu’un autre en pensant qu’il est meilleur pour la santé. "En diversifiant les sources de lait, de desserts lactés et de fromages, on a tout à y gagner ! Cela permet de diversifier les qualités nutritionnelles complémentaires", conclut Audrey Aveaux.