Attention aux compléments alimentaires à la levure de riz rouge
Très largement répandus en pharmacie, parapharmacie et sur la toile, les compléments alimentaires échappent à toute réglementation médicale. Pourtant, d’après une récente enquête menée par l’UFC-Que choisir sur des compléments alimentaires à visée anti-cholestérol – à base de levure de riz rouge - de trop nombreux produits sont potentiellement dangereux, sans mention de précautions d’emploi et d’effets secondaires.
Vendus en libre-service, les compléments alimentaires ont le vent en poupe et représentent aujourd’hui un juteux marché de près d’un milliard d’euros. De par leur composition, ces gélules ne sont pas soumises à la même réglementation que celle concernant les médicaments : aucune obligation d’indiquer la posologie, les précautions d’emploi, les contre-indications et les effets secondaires.
Des doses thérapeutiques en dehors de tout cadre médical
Ainsi, dans le numéro de décembre de Que choisir Santé, l’association de défense des consommateurs publie les résultats de son analyse de dix compléments alimentaires à la levure de riz rouge. Ces derniers contiennent diverses substances thérapeutiques dont la monacoline K, qui a pour effet de réduire la production de cholestérol par l’organisme. Mais ça n’est qu’à partir de 10 mg par jour de monacoline K par jour que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) autorise à communiquer sur l’effet hypocholestérolémiant. Ainsi, 8 des produits testés sur 10 présentent des taux inférieurs (entre 1,6 mg/jour à 5,5 mg/jour). Mais pour deux produits testés (Herbal actives et Nat&Form), cette dose est dépassée et devient de fait “thérapeutique“. Et qui dit dose thérapeutique dit médicament et donc une réglementation différente. Les compléments alimentaires ne doivent pas dépasser cette concentration. Mais aujourd'hui, ces deux compléments peuvent être consommés en dehors de tout contrôle médical.
“Plus inquiétant encore, nous avons détecté dans deux autres compléments, la présence de toxines potentiellement dangereuses pour les reins“ peut-on lire dans le communiqué.
UFC-Que choisir demande une réaction de la DGCCRF
Suite à ces résultats effrayants, l’association a décidé de saisir la Haute autorité de santé et l’Agence nationale de sécurité du médicament pour “qu’elles se prononcent sur l’opportunité de rattacher ces produits à la réglementation spécifique aux médicaments plus protectrice pour les consommateurs“. Et en attendant cet avis, l’UFC-Que choisir “demande à la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) de faire retirer toute référence au cholestérol pour les teneurs inférieures à 10 mg de monacoline K, d'interdire la commercialisation pour les teneurs supérieures à cette valeur, et à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) d’examiner en urgence les risques posés par une utilisation de ces produits sans contrôle médical“.
Yamina Saïdj
Source : Compléments alimentaires à la levure de riz rouge, UFC- Que choisir, 26 novembre 2012