Etiquetage nutritionnel : les enseignes avancent un étiquetage différent de celui de Marisol Touraine
Largement opposées à l'étiquetage nutritionnel prévu dans le cadre de la loi Santé, les enseignes de la grande distribution préparent leur système d'étiquetage des aliments pour leurs marques propres. Cette annonce de la fédération du secteur (FCD) augure du débat houleux qui voit s'opposer les industriels de l'agroalimentaire et les partisans d'un étiquetage par pastilles allant du vert au rouge.
Distributeurs et industriels unis contre un système d'étiquetage... facultatif
Le système promu par la FCD (Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, dont font partie la majorité des distributeurs à l'exceptiond e Leclerc et Intermarché) se base sur un code couleur associé à la fréquence de consommation des aliments. Ainsi un aliment aux qualités nutritionnelles jugées optimales sera étiqueté d'une flèche verte, recommandant une consommation quotidienne. A l'inverse, un aliment à l'équilibre nutritif plus discutable sera pourvu d'une flèche violette, recommandant une consommation occasionnelle. A terme, ce code couleur pourrait être apposé sur les produits à la marque du distributeur, qui représentent un tiers à la moitié des ventes dans les chaînes de magasins.
L'idée des distributeurs est également de s'entendre avec les industriels, qui sont aussi farouchement opposés au projet de la ministre de la Santé. “Les industriels se sont déjà déclarés prêts à travailler avec nous sur cet étiquetage alternatif“, affirme la FCD. Pour valider sa démarche, la fédération a mené une étude auprès d'un panel de 1.200 consommateurs français représentatifs. “Ce test démontre que 85% des consommateurs déclarent qu'une approche graphique, fondée sur la fréquence de consommation des aliments, exprimée à la semaine, est compréhensible et simple à utiliser au quotidien“, fait-elle valoir. Ce nouvel étiquetage sera lancé en phase de test dans les magasins “d'ici les prochains mois“ sur plusieurs gammes de produits à marques distributeur. “Notre objectif est que ce système soit déployé d'ici la fin de l'année“, conclut le communiqué.
Marisol Touraine veut remplacer l'étiquetage actuel -reposant en grande partie sur une information chiffrée autour des différents nutriments (glucides, protéines, lipides)- par un système unifié autour de codes couleurs. Celui-ci sera facultatif et devrait être mis en place dans le cadre du projet de loi Santé, dont l'examen parlementaire commence aujourd'hui.
La FCD estime que l'étiquetage prévu par la ministre “ne semble pas être le plus pertinent, et qu'il stigmatise certains produits“. “Aujourd'hui, une bonne alimentation ne fonctionne pas en excluant tel ou tel aliment, il faut davantage raisonner par portion et fréquence de consommation“, estime la FCD.
UFC-Que choisir défend le système prévu par la loi Santé
A l'inverse, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir avait conduit en février 2015 un test du nouveau système d'étiquetage prévu par la loi Santé et l'avait largement plébiscité. Selon l'association, le système coloriel présente de manière “synthétique“ l'information dont le consommateur a besoin pour choisir son alimentation, au moyen de pastilles de couleur allant du vert, pour les aliments qui ont un “intérêt nutritionnel marqué et qui doivent être consommés de manière quotidienne et en quantités suffisantes“ au rouge, pour les produits ayant “la moins bonne qualité nutritionnelle“ et devant être consommés en quantité limitée et occasionnellement, en passant par le jaune et l'orange, explique l'UFC.
Mais outre sa meilleure lisibilité, l'étiquetage par couleur permet aussi de “déjouer les techniques marketing consistant à arborer des réductions flatteuses de sel et de matières grasses ou encore à monter en épingle tel ingrédient valorisant pour conférer une image nutritionnellement correcte“, est-il indiqué.
Entre étiquetage facultatif, initiative des distributeurs et des industriels, il est peu probable que les consommateurs puissent rapidement juger de la qualité nutritionnelle des produits en toute connaissance de cause.
David Bême
Sources :
Communiqué de la FCB - mars 2015
Communiqué de l'uFC-Que Choisir - février 2015
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