Potassium : rôles, apports nutritionnels, risques en cas de surdosage
Le potassium est un sel minéral présent à l’intérieur de chacun des cellules de l’organisme. Il participe à la régulation de l’eau corporelle, mais aussi de l’influx nerveux. Découvrez le rôle de ce sel minéral, ses apports nutritionnels recommandés, les risques de carences ou de surdosage ainsi que ses applications médicales.
Définition du potassium
Le potassium (symbole K dans le tableau périodique des éléments) compte parmi les sels minéraux. Il est présent à l’intérieur de chacune des cellules de l’organisme.
Rôles dans l’organisme
- Le potassium conditionne la quantité d’eau présente dans les cellules.
- Essentiel à l’action de nombreuses enzymes, il participe notamment à la synthèse de protéines et du glycogène (forme de stockage du sucre).
- Il intervient dans la sécrétion du suc gastrique et la production d’aldostérone (une hormone qui régule les quantités de sodium et de potassium présentes dans l’organisme).
- Il est essentiel au bon fonctionnement du système nerveux et des muscles.
- Il régule le rythme cardiaque et module les variations de la tension artérielle liées aux apports de sodium.
Le métabolisme du potassium est contrôlé par plusieurs hormones : aldostérone, cortisol, hormone anti-diurétique (vasopressine), catécholamines1-2.
Références nutritionnelles (apports nutritionnels conseillés)
Il n’existe pas d’apport nutritionnel conseillé pour le potassium en France, les apports sont largement supérieurs aux besoins minimaux de l’organisme.
Toutefois la dernière édition des apports nutritionnels conseillés à la population française date de 2001. Depuis, de nouvelles études ont démontré l’intérêt du potassium pour prévenir l’hypertension artérielle, voire les maladies cardiovasculaires (notamment les accidents vasculaires cérébraux).
C’est pourquoi, en septembre 2016, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a réévalué la valeur de référence du potassium à 3 500 mg par jour pour les adultes, au lieu de 2000 mg. En 2012, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’était également prononcée pour un apport recommandé de 3500 mg.
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Référence nutritionnelle en mg par jour (2) |
Enfants de 7 à 11 mois |
750 |
Enfants de 1 à 3 ans |
800 |
Enfants de 4 à 6 ans |
1100 |
Enfants de 7 à 10 ans |
1800 |
Adolescents de 11 à 14 ans |
2700 |
Adolescents de plus de 15 ans et adultes |
3500 |
Femmes allaitantes |
4000 |
La valeur de référence des adultes est le chiffre retenu pour l’étiquetage des aliments dans toute l’Union Européenne. Un aliment qualifié de "riche en un nutriment", doit fournir au moins 30 % de la valeur de référence de ce nutriment (donc 1 050 mg pour le potassium).
Sources alimentaires de potassium
Il y a du potassium dans presque tous les aliments. Le cacao, les fruits secs, les volailles, les viandes et les poissons en sont particulièrement concentrés. Viennent ensuite les pommes de terre, les aliments céréaliers complets, les fruits et légumes frais.
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Teneur en potassium en mg pour 100 g d’aliment (3) |
Cacao en poudre non sucré |
1510 |
Abricot sec |
1090 |
Figue sèche |
900 |
Datte sèche ou raisin sec |
750 ou 773 |
Châtaigne cuite |
715 |
Poulet rôti |
700 |
Pistache, pignon de pin ou amande |
655 à 668 |
Bette cuite |
549 |
Saucisson sec |
529 |
Espadon, mulet ou thon cuit |
450 à 462 |
Foie de veau cuit |
450 |
Rôti de porc cuit |
416 |
Avocat |
412 |
Artichaut cuit |
411 |
Banane |
411 |
Haricot rouge cuit |
400 |
Pomme de terre cuite |
391 |
Epinard cuit |
390 |
Pâtes au blé complet crues |
378 |
Cassis |
370 |
A titre d’exemple : 120 g de poulet (une cuisse) + 200 g de pommes de terre (une assiette) + 200 g d’épinards (une assiette) + 120 g de pain complet (6 tranches fines) + 100 g de banane (1 banane) + 30 g d’abricots secs (3 abricots secs) = 100 % de la valeur de référence pour un adulte.
A savoir :
Le potassium est hydrosoluble. Pour éviter qu’il ne s’échappe dans l’eau de cuisson, il est préférable de cuire les aliments à la vapeur, en papillote ou à l’étouffée. Le potassium se retrouve aussi dans le jus des aliments, qu’il vaut mieux consommer.
Découvrez les aliments les plus riches en potassium
Indications médicales du potassium
Correction d’une carence en potassium ou d’une hypokaliémie (pas assez de potassium dans le sang) +++
Selon la cause de la carence, le potassium peut être apporté par voie orale ou par voie parentérale (en perfusion).
Prévention de l’hypertension artérielle ++
L’observation pendant 7 ans et demi d’une cohorte de 5 500 Européens âgés de 28 à 75 ans, non hypertendus au début de l’étude, a montré une association inverse entre apport de potassium et incidence de l’hypertension artérielle. Le risque de développer une hypertension augmentait lorsque l’apport était inférieur à 3 500 mg par jour4.
Plusieurs études d’intervention ont globalement montré un effet hypotenseur d’une supplémentation en potassium. En 2006, la synthèse de cinq essais menés sur des personnes hypertendues non traitées, concluait à un effet hypotenseur du potassium5. En 2013, une autre analyse a réexaminé 21 essais d’intervention, menés sur des personnes normotendues ou hypertendues, ces dernières recevant selon le cas un médicament hypotenseur ou non. Les auteurs concluent à un effet hypotenseur du potassium chez les personnes hypertendues, qu’elles soient traitées ou non par un médicament, mais pas chez les personnes normotendues. L’apport optimal de potassium pour obtenir cet effet serait compris entre 3 500 et 4 700 mg par jour6. Cet apport peut néanmoins être atteint par une alimentation équilibrée sans avoir recours à des suppléments.
Les experts de l’EFSA indiquent qu’il existe une relation entre apport en potassium et diminution du risque d’accident vasculaire cérébral (l’hypertension artérielle étant un facteur de risque majeur de l’accident vasculaire cérébral), dès que l’apport est supérieur à 3 500 mg par jour2.
Prévention de l’ostéoporose ou des fractures +
Selon des études d’observation, des apports élevés en potassium, le plus souvent liés à une forte consommation de fruits et légumes, sont associés à une moindre perte osseuse chez les femmes au moment de la ménopause7-8. Les études d’intervention, testant l’impact d’une supplémentation en potassium sur la densité minérale osseuse, ne sont pas toutes concluantes. Dans un essai mené sur des femmes ménopausées, la supplémentation en potassium ou en fruits et légumes pendant 2 ans, n’a rien changé à la perte osseuse (comparativement au placebo)9. Dans plusieurs essais, la supplémentation avec des sels de potassium alcalins (bicarbonate de potassium ou citrate de potassium) a permis de réduire les pertes urinaires de calcium ainsi qu’un marqueur de la résorption osseuse (destruction osseuse) ; mais, n’a pas eu d’effet sur les marqueurs de la formation osseuse10. Dans une étude récente, des personnes âgées de plus de 65 ans en bonne santé, ont reçu pendant 2 ans un supplément de calcium et de vitamine D, associé à du citrate de potassium ou un placebo. Le citrate de potassium a eu un effet positif modeste sur la densité minérale osseuse, notamment une augmentation de 1,7 % au niveau des lombaires11.
Les études ne permettent pas encore de conclure sur l’intérêt du potassium en prévention des fractures (consécutives de l’ostéoporose).
Risques en cas de sous-dosage et de surdosage en potassium
Les risques en cas de carence en potassium
La carence en potassium est rarement due à un apport insuffisant. Elle est le plus souvent liée à des pertes digestives : vomissements (par exemple, dans le cadre de troubles du comportement alimentaire), diarrhées (notamment par abus de laxatifs) ou urinaires (augmentées par certains diurétiques) accrues. Elle se traduit par une arythmie cardiaque (qui peut être mortelle), une faiblesse musculaire, des crampes, des difficultés à coordonner les mouvements, un ralentissement du transit intestinal, une augmentation de la tension artérielle1.
Des apports inférieurs à 3 500 mg par jour chez l’adulte sont associés à une augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral2.
Les risques en cas d’excès en potassium
L’excès de potassium est le plus souvent lié à un défaut d’élimination urinaire, qui peut être dû à une maladie rénale chronique, une insuffisance surrénalienne (dysfonctionnement de la glande surrénale, avec pour conséquence une baisse de la production de l’aldostérone et du cortisol) ou la prise de médicaments diurétiques épargneurs de potassium. Il occasionne une faiblesse et des troubles digestifs non spécifiques.
L’hyperkaliémie (trop de potassium dans le sang) entraîne une arythmie, qui peut s’aggraver jusqu’à l’arrêt cardiaque1-2.
Les experts n’ont pas fixé de dose limite de sécurité pour le potassium.
NON aux régimes, OUI à WW !
Interactions
- La prise d’un diurétique hypokaliémiant ou épargneur de potassium impose une surveillance biologique régulière afin de prévenir une hypokaliémie ou une hyperkaliémie (taux sanguin de potassium trop bas ou trop élevé).
Les diurétiques hypokaliémiants sont : l’altizide, le bendrofluméthiazide, le bumétanide, la chlortalidone, le ciclétanine, le clopamide, le furosémide, l’hydrochlorothiazide, l’indapamide, le méthyclothiazide, le pirétanide.
Les diurétiques épargneurs de potassium sont : l’amiloride, le canrénoate de potassium, l’éplérénone, le spironolactone, le triamtérène12.
- La prise d’un traitement au long cours de cortisone ou de laxatifs stimulants, impose également une surveillance de la kaliémie (taux sanguin de potassium).
- Les suppléments de potassium sont contre-indiqués en cas de prise d’un diurétique épargneur de potassium, d’un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (azilsartan, candésartan cilexétil, éprosartan, irbésartan, losartan, olmésartan, telmisartan ou valsartan, généralement prescrits en cas d’hypertension artérielle), d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion (bénazépril, captopril, cilazapril, énalapril, fosinopril, lisinopril, moexipril, périndopril tert-butylamine, quinapril, ramipril, trandolapril ou zofénopril, prescrits en cas d’hypertension artérielle ou d’insuffisance cardiaque), de ciclosporine (aux effets immuno-suppresseurs et anti-inflammatoires) ou de tacrolimus (immuno-suppresseur)12.