Dr Boris Hansel, endocrinologue: "Reconnaître l'obésité comme une maladie chronique change la prise en charge"
Le surpoids et l'obésité ne cessent de progresser en France. Mais face à ce fléau, de nouvelles armes sont disponibles. Le Dr Boris Hansel, endocrinologue à l'hôpital Bichat, nous éclaire sur les grandes avancées, qui vont changer la prise en charge des patients.
Quelles sont les avancées face à l'obésité ont marqué ces dernières années ?
Dr Boris Hansel, endocrinologue : Je noterais trois choses :
- La première, c'est la reconnaissance de l'obésité comme malade chronique et le fait que l’on puisse diffuser cette information. Certes, il reste encore du chemin à faire, mais c'est un bon début. Là où des progrés sont nécessaires, c'est sur la prise en charge des patients : comme l'obésité n'est pas reconnue comme une maladie "longue durée", il n'y a pas de prise en charge financière à 100%. Or, le fait de reconnaître l'obésité comme une maladie chronique - ce qu'elle est - change complètement la façon de soigner les patients. On ne soigne plus une personne ayant "de la mauvaise volonté" mais bel et bien une personne malade. Cela relève d'une prise en charge médicale.
- La seconde avancée porte sur "l'endoscopie digestive" ; une technique émergente qui permet de réduire l'appétit des patients. Cette alternative à la chirurgie qui repose sur une suture de l’estomac présente une bonne efficacité et très peu d’effets secondaires.
- Quant à la troisième avancée, elle porte sur les médicaments de la famille des GLP1. C'est une arme thérapeutique supplémentaire pour réduire l’appétit, et donc pour réduire les apports caloriques.
Seuls freins à ces innovations ? L’absence de remboursement de ces médicaments. Médicaments, qui, je le rappelle, ne sont pas accessibles à tous les patients. Ils ne remplacent pas, en outre, leur prise en charge nutritionnelle.
Quelles sont celles qui, selon vous, marqueront 2024 ?
J'espère sincérement l’accès aux médicaments GLP1, mais aussi une clarification des indications chirurgicales. Les dernières datent de 2019, or, nous avons fait beaucoup de progrès depuis.
Qu’est-ce que cela peut changer dans le quotidien des patients ?
Beaucoup de choses, car les patients viennent nous voir désormais avec une demande précise. Or, aucun traitement médicamenteux, comportemental, chirurgical ou diététique ne guérit l’obésité. C'est une maladie qui évolue, mais dont on ne peut pas guérir.
Ainsi, c'est plutôt le bon traitement, au bon moment qui peut fonctionner un temps. Mais tout patient obèse devra bien souvent utiliser ces différents "outils" de façon successive au cours de sa vie.
NON aux régimes, OUI à WW !
Est-ce qu’il y a selon vous une piste de recherche qui pourrait révolutionner votre domaine ?
Je dirais l’évolution vers des traitements qui agissent à la fois sur la régulation de l’appétit et la dépense métabolique. Car l’obésité c’est un déséquilibre entre les apports et les dépenses. Les patients atteints d'obésité ont a du mal à augmenter leurs dépenses - l’activité physique ne suffit d'ailleurs pas. Je crois donc profondément en ces nouvelles molécules en plein développement, en ces nouvelles avancées majeures.
Découvrez l'éclairage de nos experts sur les innovations qui vont changer le quotidien des patients
- Dr Ivan Pourmir, oncologue : "L'immunothérapie devrait augmenter les chances de guérison de plusieurs cancers"
- Dr Odile Bagot, gynécologue : "Les progrès pour la santé des femmes sont nombreux"
- Dr Wilfrid Casseron, neurologue: "Face à Alzheimer, on pourra demain traiter avant l'apparition des symptômes"
- Yves Dour, pharmacien : "La reconnaissance du rôle du pharmacien améliore l'accès aux soins"
- Dr Christophe de Jaeger : "De plus en plus de personnes veulent se prendre en charge avant d’être malades"