Simple crise ou vraie rupture ?
Presque tous les couples traversent un jour ou l'autre une phase critique durant laquelle ils se demandent si leur histoire peut encore continuer. Mais qu'ils se rassurent : des cris peut éclore un nouvel amour, encore plus fort, à condition que les partenaires n'aient pas sombré dans l'indifférence mutuelle. Alors, comment distinguer la simple crise du bilan de fin ? La réponse avec Caroline Kruse, conseillère conjugale.
Aux origines de la crise et de la rupture
La vie d'un couple est tout sauf linéaire. Certains événements comme l'arrivée d'un enfant, le départ de celui-ci ou encore la retraite de l'un des partenaires, peuvent engendrer une crise. Mais cette dernière "n'aboutit pas nécessairement à une séparation", note Caroline Kruse. Dans ce cas de figure, un simple "réaménagement" peut suffire à préserver le couple. Dans le cas de la rupture, certains événements vécus comme insurmontables, comme une infidélité, peuvent conduire à la chute prématurée de la relation. Des situations insoutenables, telles que des violences conjugales ou l'alcoolisme de l'un des partenaires, sont autant de raisons de mettre un terme à l'histoire commune.
Des cris préférables au silence
En dehors de ces événements extérieurs, la différence entre une simple crise ou une rupture réside dans le niveau de dialogue du couple. "La crise s'accompagne de cris, de querelles, mais au moins, ça parle. La rupture s'annonce plutôt par des signes en creux : la raréfaction de la relation, l'indifférence, le silence. L'un peut avoir multiplié les signaux d'alarme sans que l'autre ne s'en soit aperçu. Il est déjà trop tard : les partenaires ne parlent plus la même langue, et depuis longtemps", explique la conseillère conjugale.
Les signes annonciateurs... attention danger !
Certains signaux d'alarme très variés doivent alerter le partenaire. "Ce n'est jamais bon signe si l'un des partenaires rentre de plus en plus tard du travail, passe ses soirées derrière l'ordinateur ou à son club de sport, et surtout décline toutes les propositions qui pourraient faire évoluer ou débloquer la situation", poursuit l'experte. Dans ces cas-là, tout laisse à penser que l'un des partenaires souhaite la rupture, mais n'a pas le courage d'en prendre la responsabilité.
Pour Caroline Kruse, le signe le plus probant se trouve en chacun de nous : sommes-nous heureux ? Avons-nous l'impression de rendre l'autre heureux ? Si la réponse est non à l'une des questions, il ne faut pas hésiter à aller tout de suite vers son partenaire, lui dire qu'on a senti le danger, avant que "la relation ait perdu toute sa souplesse, et ne se brise au moindre choc extérieur".
Essayer de comprendre la crise
Il est rare que deux partenaires qui affirment ne plus s'aimer viennent consulter. En général, Caroline Kruse reçoit dans son cabinet des individus qui déclarent que leur partenaire ne les aime plus. Tout l'enjeu est alors de tenter de comprendre si cette crise est ou non surmontable. "Même si l'un d'eux envisage plus clairement la séparation, venir consulter montre que tout n'est pas fini", analyse la conseillère conjugale.
A l'inverse, la rupture est inévitable lorsque les partenaires ont saisi l'origine de leur mésentente, mais se sont rendu compte qu'il leur était impossible de se réorganiser autrement.
Des sujets de discorde insurmontables
Il arrive effectivement que certains problèmes clairement identifiés ne puissent pas être résolus, et que chacun soit contraint de prendre une autre route. Une infidélité peut être vécue comme telle, ou non, tout dépend du "contrat inconscient qui lie les partenaires", affirme Caroline Kruse. La belle-famille peut aussi constituer une source de disputes intarissable. Quand l'un des partenaires est contraint de choisir, il est alors pris dans un conflit de loyauté terrible, dont il ne pourra ressortir qu'un choix très négatif. Enfin, le désir d'enfant non partagé peut également signer la mort du couple.
Les "pauses", acte III ?
Qu'un couple soit en crise ou au bord de la rupture, il peut être amené à se séparer momentanément, soit pour rompre en douceur, soit pour faire bouger une situation bloquée. En ce sens, cette "pause" peut s'avérer salvatrice pour tenter de comprendre pourquoi on en est arrivé là, et voir comment repartir sur de nouvelles bases. "Mais attention, la rupture présentée comme provisoire doit être limitée dans le temps. Tous les aménagements sont possibles (coups de téléphone, entrevues...), mais doivent être clairement définis", poursuit l'experte, tout en rappelant au passage la nécessité de rassurer les enfants s'il y en a, et leur expliquer que cette situation ne sera pas pérenne.
Quand la crise redonne des ailes aux couples
Quand les deux partenaires sont prêts à faire équipe, et qu'il n'y a dans l'histoire ni victime ni bourreau, alors, il faut se battre pour son couple. S'il aurait été plus opportun de ne pas attendre la crise pour se ressouder, cette dernière peut être bénéfique. "C'est une occasion de sortir du sommeil conjugal, de casser la routine, de comprendre ce qui a changé", explique la conseillère conjugale. Oui, rien ne sera plus comme avant, et "tant mieux". Pour cela, le couple doit dialoguer intimement avec à la clef, la sensation de n'avoir jamais été aussi proche. "Il ne s'agit pas de recommencer comme avant, mais de se re-choisir, tel qu'on est, plutôt que de courir après un passé enfui et idéalisé", avance Caroline Kruse.
Et quand bien même le couple n'arriverait pas à trouver un nouveau modèle, l'estime que se porteraient les partenaires n'en serait que renforcée. Il s'agira alors de rompre dans le respect de la personne aimée.