Les femmes n'osent pas parler de leur santé mentale au travail
Les femmes paient un lourd tribut aux troubles mentaux. Elles ont un risque élevé de développer certaines affections psychologiques, notamment celles en lien avec le stress et l'anxiété. Pourtant, rares sont les femmes qui osent parler de leurs difficultés psychiques à leur employeur, par peur que cela freine leur évolution de carrière.
En matière de santé mentale, certaines catégories de population sont plus vulnérables que d'autres. C'est le cas des femmes. Elles sont plus susceptibles de vivre un épisode de dépression, de trouble anxieux ou de l’humeur au cours de leur vie. 37% des femmes de 18-24 ans déclarent avoir déjà eu des problèmes de santé mentale et 25% en ont actuellement, d’après un récent sondage Indeed*.
Malgré l’ampleur du phénomène, beaucoup de femmes n’osent pas parler de leurs difficultés psychiques au travail. Plus de la moitié des salariées françaises avouent qu’elles ne se sentent pas suffisamment en confiance pour parler de leur santé mentale à leur manager, et 28% disent même qu’elles se sentent très mal à l’aise à l’idée de le faire. Les actives âgées de 18 à 24 ans sont encore plus nombreuses à se murer dans le silence (71%), alors qu’elles sont plus à risque que leurs aînées.
Mais comment expliquer que les femmes cachent leur détresse psychologique à leur entourage professionnel ? Tout d’abord, par la peur de la stigmatisation. Les salariées craignent de s'autodésigner comme un poids ou une charge pour l'entreprise si elles parlent de leurs troubles mentaux au travail. 49% des répondantes craignent que leur supérieur les trouve moins compétentes que leurs collègues, si elles abordent le sujet avec lui.
De la même manière, un grand nombre d’actives craignent de passer à côté d’une augmentation salariale ou d’une promotion si elles évoquent leurs difficultés psychologiques au bureau. Alors que les femmes sont déjà régulièrement pénalisées dans la sphère professionnelle à cause de leurs projets de maternité, on peut comprendre pourquoi elles refusent d’aborder le sujet.
Pourtant, les troubles psychologiques sont, chaque année, à l’origine de plus en plus d’arrêts de longue durée. Leur part a progressé de plus de 6 points entre 2019 et 2023 pour représenter près d'un quart des arrêts de travail, selon une enquête de l'assureur AXA.
Les entreprises ont donc tout intérêt à s’intéresser davantage à la santé mentale de leurs employés, quel que soit leur genre, et à créer un terrain propice au dialogue. Les jeunes générations s’attendent tout particulièrement à pouvoir parler de leur santé mentale au travail : les employeurs qui n’accèdent pas à leur demande risquent donc de perdre en attractivité sur le marché de l’emploi.
*Ce sondage a été mené YouGov, pour le compte d'Indeed, via une enquête en ligne à laquelle ont répondu 14.677 femmes, occupant un emploi à temps plein ou à temps partiel dans 11 pays, entre le 14 et le 23 novembre 2023