Aider un proche malade ou âgé fait négliger sa propre santé
Épuisement, souffrances physiques, détresse morale, troubles du sommeil... Près de la moitié (48%) des aidants en charge d'un proche malade, handicapé ou âgé assurent rencontrer des problèmes de santé qu'ils n'avaient pas auparavant, selon une enquête publiée mercredi.
Ainsi, 63,5% des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête de l'Association française des aidants, en partenariat avec l'Union nationale des réseaux de santé, déclarent “avoir des douleurs physiques depuis qu'ils sont aidants“.
Solitude, épuisement... les aidants souffrent en silence
Ils affirment aussi à 61% avoir des problèmes de sommeil et à 59% “se sentir seuls“ depuis qu'ils sont aidants.
La quasi-totalité (90%) des répondants avouent également ne pas s'accorder de temps de loisirs et près de 25% disent avoir augmenté leur consommation de médicaments.
Pourtant, 70% d'entre eux sont suivis par des professionnels de santé, mais 50% “ne leur parlent pas des difficultés liées à leur rôle d'aidant“. Ils disent pourtant regretter que les professionnels ne s'intéressent pas davantage à leur santé.
Les aidants sont aussi à 81% en lien avec les professionnels intervenant auprès de leur proche, 49% déclarant “se sentir rarement pris en compte“ par ces derniers.
Les 8,3 millions d'aidants négligent leur santé
La France compte quelque 8,3 millions de personnes aidant de façon régulière à domicile un ou plusieurs de leurs proches pour des raisons de santé : courses, visites chez le médecin, ménage, démarches administratives, mais aussi aide pour les actes élémentaires de la vie (se laver, s'habiller, se nourrir...). La majorité des aidants sont des femmes.
“Par surinvestissement et manque de temps“, ces aidants négligent leur propre santé, résume l'Association.
Comment mieux prendre en compte la santé des aidants ?
Sensibilisés mais démunis, les professionnels, qui peinent à trouver leur juste rôle vis-à-vis des aidants, constatent souvent leur grande fatigue physique et morale. Les aidants s'occupent de l'autre “dans le déni de leur épuisement“.
C'est la raison pour laquelle la Direction générale de la santé a missionné l'Association française des aidants pour regarder en quoi l'accompagnement d'un proche pouvait altérer la santé, mais aussi comment les professionnels prenaient en compte ce problème.
Côté acteurs institutionnels, “les départements semblent avoir identifié l'enjeu que constitue pour eux le soutien aux aidants mais sa mise en oeuvre reste perfectible“, relève l'association.
L'enquête quantitative a été conduite de juin à septembre auprès de 200 aidants (74 hommes et 126 femmes) de 68 ans en moyenne, le plus jeune ayant 14 ans, le plus vieux 92 ans.
Ce travail, précise l'association, a permis de créer des outils à destination des aidants (pour s'y retrouver parmi les interlocuteurs à privilégier) et des professionnels (pistes concrètes pour prendre en compte et accompagner les aidants).
AFP/Relaxnews
Source : Association nationale des aidants - rapport accessible en ligne