Troubles bipolaires : diagnostiquer tôt pour réduire le risque de suicide
Débutant le plus souvent chez l'adolescent ou le jeune adulte, le trouble bipolaire se caractérise par l'alternance d'épisodes dépressifs et d'épisodes “maniaques“ marqués par de l'agitation, une exaltation de l'humeur et des idées de grandeur. La Haute Autorité de Santé (HAS), publie un document pour favoriser un dépistage précoce afin de réduire le risque de suicide, très fréquent chez ces patients.
Classé parmi les 10 pathologies les plus invalidantes par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le trouble bipolaire alterne des épisodes dépressifs avec des épisodes “maniaques“ marqués par de l'agitation, une exaltation de l'humeur et des idées de grandeur. Face à ce trouble difficile à diagnostiquer, il s'écoule en moyenne 10 ans entre son apparition et la mise en place d'un traitement adapté. La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié un document pour favoriser son diagnostic précoce, éviter les complications et développer les échanges entre médecins généralistes et psychiatres sur cette maladie.
Un trouble complexe difficile à diagnostiquer
“Un malade sur deux fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15% décéderont par suicide“, souligne dans un communiqué l'organisme indépendant chargé d'évaluer les médicaments et les pratiques médicales. Selon des estimations, 1 à 2,5% de la population française serait touchée par ce trouble, mais la HAS juge ce chiffre sous-évalué.
Le diagnostic est généralement fait tardivement, en moyenne dix ans après son apparition. Les différents types d'épisodes ne se manifestent pas de la même manière : les épisodes dépressifs sont prédominants et plus nombreux tandis que les épisodes d'exaltation (de manie et surtout d'hypomanie) peuvent passer inaperçus. Cette maladie débute précocement et peut être associée à d'autres pathologies psychiatriques (addictions, troubles anxieux, troubles des conduites, etc.) ou être confondu avec une schizophrénie, par exemple.
Les facteurs qui doivent faire penser à un trouble bipolaire
C'est pourquoi la HAS recommande aux médecins de penser systématiquement à la possibilité d'un trouble bipolaire en cas d'antécédent familial, de changement brutal dans le fonctionnement psychique, de symptômes dépressifs atypiques, d'une première dépression survenue avant 25 ans, de tentatives de suicides répétées ou d'une réaction anormale à un traitement antidépresseur.
Y penser aussi (et surtout) chez l'adolescent
Et comme les troubles bipolaires débutent surtout dans les dernières années de l'adolescence, entre 15 et 19 ans, il convient, selon la HAS, d'être attentif à certains changements de comportement rompant avec “le fonctionnement habituel de l'adolescent“ (repli sur soi, décrochage scolaire, conduites à risques, prise de drogues...).
Le trouble bipolaire doit également “impérativement“ être envisagé devant une tentative de suicide chez un adolescent ou un adulte jeune, selon la Haute autorité qui reconnaît toutefois que le dépistage n'est pas toujours évident dans la mesure où “les variations d'humeur peuvent être courantes et non pathologiques“ pendant l'adolescence.
En cas de suspicion, adresser le patient à un psychiatre
En cas de suspicion, le médecin traitant doit réaliser un entretien et un examen cliniques pour établir un diagnostic, évaluer la sévérité du trouble bipolaire et le risque suicidaire. Selon l'urgence (cas d'un épisode maniaque ou risque élevé de suicide par exemple), une hospitalisation peut être envisagée. Une fois suspecté, le cas sera adressé par le médecin à un psychiatre pour confirmer le diagnostic et prescrire un traitement adapté, de préférence en association avec les proches et les autres professionnels de santé concernés.
David Bême
Sources :
Patient avec un trouble bipolaire : repérage et prise en charge initiale en premier recours - Fiche Mémo HAS - octobre 2015 (accessible en ligne)
AFP/Relaxnews