Bigorexie : attention, l’abus de sport qui fleurit partout sur le net n’est pas "que" bon pour la santé
Alors que la France s’apprête à devenir le temple du sport dans quelques semaines avec l'accueil des Jeux Olympiques, les accros à l’exercice ne se cachent plus. Mais cette tendance prônée notamment sur les réseaux, peut cacher une dépendance… qui reste nuisible.
Personne ne peut aujourd’hui contredire les bienfaits du sport sur la santé. Mais l’effet inverse, soit le fait de mettre "trop" de sport dans sa vie, est un abus peu connu nommé bigorexie qui peut entraîner des troubles psychologiques. Ce n’est pourtant pas relayé par les figures sportives d’internet, bien au contraire.
La bigorexie qu’est-ce que c’est ?
Etre addict au sport serait donc nuisible ? L’idée peut étonner, elle n’en reste pas moins une réalité, quand la personne qui éprouve une dépendance excessive à l'activité sportive et ne pense plus qu’à développer sa masse musculaire, ou à perdre sa masse grasse, par exemple.
Pour Marie Chaput, diététicienne, psychonutritionniste et coach sportif à Aix en Provence interrogée par Doctissimo en 2023, "La bigorexie se traduit pas un besoin irrépressible de pratiquer une activité physique sans tenir compte de ses limites physiques, de son épuisement ou d’éventuelles blessures, avec une perte progressive de tous les autres centres d’intérêt".
De fait, les dangers de la bigorexie sont à la fois psychiques, liés à l’isolement social et à la perte d’intérêts de tout autres choses que le sport, et physiques car le corps est poussé à bout. Des liens avec l’anorexie et des maladies psychiatriques sont également possibles.
Cette addiction peut également révéler une incapacité à se supporter physiquement souligne Fred Bladou, référent minorité de genre pour SOS Addictions, dans le magazine L’ADN.
Sur les réseaux, des influenceurs qui en sont fiers
Pourtant, il suffit de se rendre sur Youtube, ou sur les différents réseaux sociaux, pour réaliser que cette addiction au sport n’est pas perçue comme néfaste. Tiboinshape, 2ème youtubeur français, bien connu pour ses vidéos de fitness, s’en amuse par exemple en invitant tous ceux qui comme lui sont "malades" et "accros au sport" à se tagger sous sa vidéo. Les hashtag tels que #gymtok ou #gymshark fleurissent sur Instagram ou TikTok, par des influenceurs qui revendiquent cette addiction, et qui mêlent souvent effort, avec substance et chirurgie esthétique pour afficher un corps de rêve, sans jamais évoquer la part psychique de leur engagement.
Pire, cette addiction au sport est devenue un prétexte pour des groupes masculinistes de retrouver un corps viril (et au passage, de dénigrer les jeunes femmes) et à des jeunes femmes de s’épuiser à gagner un corps de rêve au dépend de leur santé mentale.
@tiboinshape Tag un bigorexique !
♬ son original - Tibo InShape
Sortir de la bigorexie, un accompagnement complet
Ce que ne disent pas ces influenceurs, c’est aussi que cette dépendance, comme toute addiction, nécessite une prise en charge adaptée pour retrouver la voie de l’équilibre. Celle de la pratique d’une activité dans ses propres limites.
Il n’y a donc aucun souci à suivre un programme Youtube, ou des exercices pour se motiver, ou à inclure une pratique physique hebdomadaire dans son emploi du temps. Mais si vous découvrez que votre pratique sportive engage :
- Une perte de contrôle et l’impossibilité de réduire votre rythme ;
- Un changement d’humeur (irritabilité, troubles du sommeil...) ;
- Un emploi du temps qui ne tourne qu’autour du sport ;
- et la réduction de toutes vos autres activités.
C’est qu’il est temps de parler avec un professionnel, que ce soit un psychologue, un diététicien, ou même un médecin addictologue. Rassurez-vous, contrairement aux autres addictions, la bigorexie ne nécessite pas un sevrage complet du sport que vous aimez. La prise en charge entend simplement réajuster votre pratique, pour ne pas mettre votre corps et votre mental en danger.