Le cancer du sein de stade 0 : plus vite détecté, plus vite soigné !

Paulina  Jonquères d'Oriola
Paulina Jonquères d'Oriola Journaliste maman, psycho et famille
Publié le  , mis à jour le 

Validation médicale : 29 août 2024
Dr Gérald Kierzek
Dr Gérald Kierzek Directeur médical

Actuellement, environ 85 à 90 % des cancers du sein in situ diagnostiqués sont des carcinomes canalaires in situ (à peu près 7000 cas par an). Grâce au dépistage organisé, leur prise en charge précoce permet d’éviter dans l’immense majorité des cas les risques de complications. Diagnostic, traitement, pronostic et perspectives d’avenir... On fait le point avec le Dr Yann Delpech, Chef du département de Chirurgie au sein de l’Institut Universitaire du Sein et de Cancérologie Gynécologique (IUSCG) du centre Antoine Lacassagne de Nice.

Définition : qu'est-ce qu'un carcinome canalaire ou cancer du sein non-infiltrant ?

Le cancer du sein de stade 0 correspond au stade in situ. On le nomme précisément "carcinome canalaire in situ". Il se traduit par la présence de cellules cancéreuses, mais qui n’infiltrent pas en profondeur les tissus. Ces cellules n’ont pas non plus colonisé les tissus adjacents ou les petits vaisseaux lymphatiques.

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En clair, le cancer ne s’est pas propagé à d’autres organes. "Il n’y a donc pas de risque d’atteinte des ganglions et de métastases. Toutefois, s’il n’est pas détecté, le cancer du sein de stade 0 peut devenir infiltrant. Dès qu’il franchit la membrane basale (qui protège les tissus sous-jacents), on change de maladie", explique le Dr Delpech. À ce jour, il n’y a aucun critère fiable permettant de dire à quelle vitesse le cancer du sein de stade 0 va évoluer.

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Quelle est la différence entre un carcinome et une tumeur ?

Lorsque le cancer reste localisé dans les tissus du canal galactophore où il s'est développé à l'origine, c'est un carcinome canalaire in situ. Lorsque la tumeur s'étend hors des tissus du canal, on parle de carcinome canalaire infiltrant.

Quels sont les symptômes ?

Le carcinome canalaire in situ est un type de cancer du sein très précoce qui n'entraîne aucun symptôme chez la femme.

Un dépistage des caractéristiques à la mammographie

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Si un foyer de microcalcification est détecté à la mammographie, et que celui-ci semble suspect du fait de sa taille, sa forme, sa répartition ou encore son évolution anormale dans le temps, un prélèvement biopsique sera effectué par le radiologue sous anesthésie locale. Celui-ci prélèvera les microcalcifications afin de réaliser une étude au microscope pour confirmer le diagnostic de carcinome canalaire in situ.

À travers cette analyse, on pourra aussi détecter le grade du carcinome (à ne pas confondre avec le stade). Le grade peut être élevé, modéré ou faible selon l’architecture des cellules cancéreuses. En clair, le grade détermine le niveau d’agressivité de la tumeur. Le stade lui définit l’extension de la lésion, à savoir sa taille et sa dissémination éventuelle aux ganglions.

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Comment soigner un carcinome canalaire in situ ? Quel traitement ?

Même s’il est non-infiltrant, le carcinome canalaire in situ va demander une prise en charge similaire à celui du cancer du sein classique. C’est-à-dire qu’il va associer une chirurgie du cancer du sein à une radiothérapie du cancer du sein. Il n’y aura cependant jamais de chimiothérapie.

  • Concernant la chirurgie, elle est identique à celle du cancer du sein infiltrant et s’effectue sous anesthésie générale. "L'exérèse chirurgicale consiste à retirer l’ensemble de la lésion avec une marge de tissus sains d’au moins 2 mm. Or, ce n’est pas parce que le cancer est de stade 0 que la taille de la tumeur n’est pas importante. Cela signifie que parfois, le sein devra être totalement retiré (mastectomie). De plus, cela dépend de la taille du sein puisque plus il sera petit, plus la lésion sera étendue et occupera une grande place. De la même façon, si les cellules cancéreuses sont éparpillées dans le sein, on ne pourra pas forcément préserver le sein", précise le Dr Delpech. Une reconstruction mammaire immédiate sera proposée et pourra se faire soit directement au bloc, soit de manière différée. Parfois, 2 ou 3 interventions seront nécessaires.
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Souvent, si on ne réalise pas d’ablation, le chirurgien va demander un repérage de la zone malade au radiologue avant l’intervention. Cela lui permettra d’insérer un fil métallique qui sera tel un fil d’Ariane pour retrouver la zone malade. "Le chirurgien peut aussi effectuer une radio de la zone retirée au bloc afin de vérifier que les microcalcifications ont bien été enlevées", rapporte le médecin. Ensuite, les tissus prélevés seront envoyés au laboratoire pour être analysés. Quinze jours plus tard, on pourra déterminer la taille exacte de la lésion à l’échelle microscopique et vérifier que la marge de sécurité est satisfaisante. Si tel n’est pas le cas, il faudra alors réopérer.

  • Concernant la radiothérapie, elle est réalisée lorsque l’on fait un traitement conservateur du sein. En cas de mastectomie, elle n’est donc pas nécessaire puisque le but de la radiothérapie est de traiter la glande mammaire restante. "Elle permet de diminuer de moitié le risque de récidive locale", atteste le Dr Delpech. Vingt-cinq séances seront nécessaires avec un protocole standard, comme pour un cancer du sein classique.
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L'hormonothérapie en cas de cancer du sein in situ

Pratiquée dans certains pays comme les Etats-Unis ou le Canada, l’hormonothérapie n’est pas systématique en France. Elle pourrait comporter plus de risques par rapport aux bénéfices dans le cas d’un cancer in situ (cela est différent pour un cancer infiltrant). En effet, l’hormonothérapie cest une facteur de risque de cancers de l’endomètre ou encore de phlébites avec une altération de la qualité de vie de la patiente.

Mais comme toujours, chaque cas étant particulier, seul votre médecin et l'équipe pluri-disciplinaire peut vous proposer le traitement adapté.

Pronostic : une survie supérieure à 98 % sur 10 ans

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Les données et résultats des études disponibles sont rassurants. Le cancer du sein de stade 0 est d’excellent pronostic puisque l’on constate un taux de survie supérieur à 98 % sur 10 ans. Tout l’enjeu est d’éviter la survenue de récidives locales qui peuvent se produire dans 15 % des cas pour un traitement conservateur du sein, et 5 % des cas pour une mastectomie. "Quand la maladie récidive, elle se fait dans la moitié des cas sous un mode infiltrant. Le risque de métastase est alors de 10 à 15 % tous grades confondus. L’objectif est de retarder au maximum l’évolution vers un cancer infiltrant". Les facteurs de risques de la récidive locale sont l’âge de la patiente (plus de risques à un âge jeune, avant 40 ans), la qualité de l’exérèse avec une bonne marge de sécurité, la taille et le grade la lésion.

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Un suivi très rapproché pour prévenir les récidives

Comme pour tout cancer du sein, la patiente bénéficiera d'une surveillance active. Une mammographie sera pratiquée tous les ans, et un examen clinique tous les 6 mois avec un professionnel de santé : gynécologue, le cancérologue ou le médecin traitant.

Quelles perspectives d’avenir ?

Aujourd’hui, toutes les patientes doivent être traitées et opérées via la chirurgie et la radiothérapie (sauf en cas de mastectomie). "Dans l’idéal, on aimerait arriver à catégoriser les patientes pour que les traitements soient moins lourds dans certains cas (possibilité de ne pas opérer ou de ne pas irradier). Plusieurs essais cliniques tentent d’évaluer les risques sur des cas de cancer du sein in situ de faible grade avec une lésion de petite taille", rapporte le Dr Delpech.

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De plus, un test moléculaire est à l’étude pour pouvoir analyser de manière plus fine les lésions. Le but serait de parvenir à déterminer les cellules qui risqueraient de devenir infiltrantes de celles qui ne devraient pas récidiver, avec pour objectif d’adapter le traitement. "Aujourd’hui, 15 % des cancers récidivent après traitement. Sans traitement, on arriverait à un taux de récidive de 50 %. L’objectif serait de trouver les 50 % restants qui ne récidiveront jamais. Cela pourrait être le cas par exemple de femmes très âgées chez qui le cancer aurait de faibles probabilités d’évoluer sur 10 ans", observe le médecin.

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Publié le 
Révision médicale : 29/08/2024
Dr Gérald Kierzek
Dr Gérald Kierzek Directeur médical
Sources
  • Entretien avec le Dr Yann Delpech, Chef du département de Chirurgie au sein de l’Institut Universitaire du Sein et de Cancérologie Gynécologique (IUSCG) du centre Antoine Lacassagne de Nice.
  • Les stades du cancer. Institut National du Cancer. (accessible en ligne)
  • Les stades du cancer du sein. Société Canadienne du Cancer (accessible en ligne)
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