Cancer du sein : les implants mammaires augmentent-ils les risques ?

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La poitrine d’une femme doit faire l’objet d’une surveillance tout au long de sa vie, notamment pour dépister un éventuel cancer du sein le plus tôt possible. Et pour les femmes qui souhaitent une augmentation mammaire, de nombreuses questions peuvent se poser : est-ce un facteur de risque ? Y a-t-il des précautions à prendre avant d’envisager cette opération ? Réponses avec le Dr Krishna Clough, chirurgien cancérologue et plasticien, directeur de l’Institut du Sein Paris et auteur de "Confidences et vérités sur le cancer du sein", aux éditions Larousse.

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Les implants mammaires augmentent-ils le risque de cancer du sein ? 

"Formellement non. Aucune étude ne montre une augmentation d’incidence de cancer du sein chez les femmes porteuses de prothèses mammaires", affirme le Dr Krishna Clough, chirurgien cancérologue et plasticien, directeur de l’Institut du Sein Paris1.

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"Il n’y a jamais eu de mise en cause que ce soit pour les prothèses dont l’enveloppe lisse est remplie de sérum physiologique ou celles où elle l’est avec du gel de silicone".

Prothèses mammaires et lymphome anaplasique à grandes cellules 

"Depuis une dizaine d’années, on a découvert que de façon exceptionnelle, certaines femmes porteuses de prothèses esthétiques avaient développé un épanchement (présence d’eau autour de la prothèse) et qu’il était en rapport avec un cancer très rare, le lymphome anaplasique à grandes cellules. Ce cancer n’a été recensé qu’au contact de certaines prothèses, à enveloppe macrotexturée, dont la surface est rugueuse". Ces prothèses ont depuis été retirées du marché en avril 2019. Pour en savoir plus sur ce risque, découvrez la fiche d’information de l’Agence nationale de sécurité du médicament accessible en ligne "Questions/réponses à destination des femmes porteuses de prothèses mammaires"(2,3).

Est-ce un frein à la visibilité lors des mammographies de dépistage ? 

Le dépistage est une arme majeure dans la prise en charge du cancer du sein. Dans le cadre du dépistage organisé, les femmes entre 50 et 74 ans sont invitées à faire une mammographie tous les deux ans4. Le port de prothèses mammaires peut avoir une influence sur les clichés5. "Sur une mammographie on voit moins de volume de sein lorsqu'il y a une prothèse, mais cela n’augmente pas le risque de cancer", précise le Dr Clough.

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"Le volume du sein non vu en présence de prothèse est d’environ 20 %. Mais pour contrecarrer cette difficulté, les radiologues ont multiplié les outils pour les femmes porteuses de prothèses. La mammographie numérisée est notamment plus performante chez ces femmes. Elle est également systématiquement accompagnée d’une échographie dans le cadre d’un dépistage. En cas de doute, une IRM pourra être réalisée, mais cela est plus rare", détaille le spécialiste du sein.

Le chirurgien cancérologue conseille également de se rendre chez un radiologue spécialisé en sénologie.

Et pour l’autopalpation ? "La prothèse est placée soit derrière la glande ou soit derrière la glande et le muscle, donc elle ne gêne pas la palpation", rassure le spécialiste.

Quelles précautions prendre si l’on souhaite se faire opérer de la poitrine ?

"Avant une pose d’implants, il est très important de faire un examen clinique des seins et une mammographie. Tous les ans à l’Institut du Sein Paris, on voit arriver des femmes dont le cancer est découvert lors d’un tel bilan", précise le Dr Clough.

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La technique du lipofilling 

Le lipofilling est une technique d’augmentation mammaire qui se réalise "avec la graisse de la patiente prélevée par liposuccion lors de la même intervention. Elle est à visée esthétique ou de reconstruction", explique le Dr Clough, qui précise néanmoins que pour ce type d’intervention, pratiquée régulièrement depuis 10 ans, les médecins disposent de moins de recul.

"Cette technique a des avantages : elle ne nécessite pas l’introduction d’un corps étranger, il n’y a donc pas de risque de rejet, et pas besoin d’effectuer de changement de prothèses. Mais elle a aussi des inconvénients : cette graisse injectée peut parfois modifier les images des mammographies et échographies, il faut prévenir les sénologues et radiologues, car elle peut créer des petites billes d’huile, qui entraînent des images de petits kystes sur l’imagerie".

Quelles sont les principales complications possibles après la pose d’implants mammaires ?

Il faut différencier les complications précoces qui apparaissent dans le mois qui suit l’opération et les complications tardives qui peuvent survenir un mois voire des années plus tard. Ces informations sont prévues dans le cadre de la fiche d’information patiente accessible en ligne et qui vous sera remise.

Dans le mois qui suit l’opération

"La chirurgie d’augmentation par prothèse n’est source de pratiquement aucune complication précoce dans le mois qui suit", rassure le Dr Clough. Il peut s’agir d’hématomes ou d’infections mais cela concerne "moins de 1 % des femmes".

Dans l’année suivante

Parmi les complications pouvant survenir au cours de l’année qui suit l’intervention, on trouve "la malposition, lorsque le résultat esthétique n’est pas satisfaisant. Les prothèses ne sont pas à l’endroit où elles devraient être. Les femmes doivent alors se faire réopérer pour corriger une asymétrie", explique le spécialiste. Ce risque est également très faible (moins de 5 % des femmes).

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Après un an

La première complication possible, la plus gênante, est la coque : "C’est une réaction de l’organisme à un corps étranger, une réaction cicatricielle exagérée va se former tout autour de la prothèse. Le sein devient dur et parfois même déformé. Dans les années 70, cela touchait 30 % des femmes. Aujourd’hui seules 5 % des femmes sont concernées". Quand une coque se développe, il faut réopérer la patiente pour l’enlever. Elle apparaît en général dans les deux premières années.

La rupture de la prothèse est également à prendre en compte. "Toutes les prothèses se rompent un jour. Cela est dû à l’usure, qui aboutit à une porosité de la paroi de l’enveloppe de la prothèse et à une rupture de l’implant".

Cependant, le Dr Clough se veut rassurant : "Cela ne présente aucun danger pour la femme et il ne s’agit en aucun cas d’une urgence médicale. Dans le cas des prothèses en sérum physiologique, la prothèse se dégonfle, le sein devient plat en deux jours. Dans le cas du gel de silicone, il va rester dans la prothèse dans sa quasi-totalité donc on ne s’aperçoit même pas que la prothèse est rompue. Les signes cliniques sont très rares. Cela peut exceptionnellement se manifester par une augmentation de volume du sein, de l’eau autour de la prothèse, ou des ganglions sous le bras. Mais dans plus de 95 % des cas, une prothèse en silicone rompue ne donne aucun signe".

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Le Dr Clough revient également sur le fait que l’on "ne change pas les prothèses à titre préventif, c’est une aberration. Certains disaient qu’il fallait les changer tous les 10 ans: les prothèses peuvent se rompre après 7, 20 …35 ans, donc cela n’a aucun sens".

Le plus souvent, cette rupture de l’implant est découverte au cours d’un examen médical de routine comme la mammographie de dépistage du cancer du sein. "Mais ce dépistage commence à 50 ans, donc je recommande aux femmes qui portent des prothèses de mettre en place après 8 ans une échographie annuelle, car les ruptures se voient beaucoup mieux à l’échographie qu’à la mammographie".

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