Chlamydioses, syphilis... les IST en forte hausse en France
Trois infections sexuellement transmissibles bactériennes ont très fortement augmenté entre 2020 et 2022, selon Santé publique France : les chlamydioses, les gonococcies et la syphilis. Les explications du Pr Eric Caumes, infectiologue, consultant à l’Hôtel-Dieu.
Chlamydioses, gonococcies et syphilis en hausse
D’après les données remontées par les médecins du réseau Sentinelles1, le nombre d'infections sexuellement transmissibles a largement augmenté entre 2020 et 2022. En deux ans, on constate ainsi :
- Une proportion d’infections à chlamydia en hausse de 16 %, avec 102 cas pour 100 000 habitants ;
- Une augmentation des cas de gonococcies de 91 %, avec 44 cas pour 100 000 habitants,
- Un bond des cas de syphilis de 110 %, avec 21 cas pour 100 000 habitants.
Un nombre d'infection en hausse qui est corrélé par une part croissante des diagnostics d’infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes dans le cadre d’un dépistage. Entre 2020 et 2022, elle est passée de :
- de 32 % à 50 % pour la syphilis ;
- de 18,4 % à 35,3 % pour les gonococcies ;
- et de 47 % à 57,2 % pour les chlamydioses.
Le profil des personnes infectées a également été établi par les auteurs du BEH. Les cas ayant une gonococcie ou une syphilis avaient, par rapport à ceux ayant une infection à Chlamydia, plus de multipartenaires, plus d’antécédents d’IST, plus de co-infections par le VIH et plus de prises d’une prophylaxie pré-exposition (PrEP).
Le BEH indique également une recrudescence des IST d’origine bactérienne depuis 20 ans (début des années 2000), après un recul au cours des vingt années précédentes, post-épidémie de sida.
Moins d’utilisation du préservatif
En parallèle, les chercheurs pointent une diminution de l’utilisation du préservatif. Un constat que partage Eric Caumes, qui a consacré son dernier livre "Sexe : les nouveaux dangers" au sujet : "Les chiffres des IST sont en augmentation partout en Europe et pas seulement en France. C’est tout sauf une surprise. A force de focaliser la prévention des IST sur le VIH et seulement sur la PrEP, on oublie les fondements de prévention de ces IST qu’est le 'safer sex' c’est-à-dire l’usage du préservatif pour être protégé lors des relations sexuelles".
Les scientifiques du BEH rappellent pour leur part "le problème de santé publique majeur" que représentent les IST "en raison de leur transmissibilité (aux partenaires et materno-foetale), de leur fréquence, des complications à long terme qu’elles induisent (douleurs pelviennes chroniques, infections génitales hautes, infertilité, cancer...) et de leur rôle dans la transmission du VIH".
Avant de conclure sur l’importance de "poursuivre les efforts en termes de dépistage combiné de toutes les IST (VIH, IST bactériennes, hépatites B et C) chez les patients et leurs partenaires, afin de commencer rapidement le traitement et d’interrompre les chaînes de transmission".