Qu'appelle-t-on diabète de type 3 ?
Si tout le monde connait les diabètes de type 1 ou diabète sucré, et le diabète de type 2 ou diabète gras, le diabète de type 3 est bien plus méconnu ... et sujet à controverse. Il est principalement utilisé pour décrire une forme de diabète qui serait liée à des troubles neurodégénératifs, en particulier la maladie d'Alzheimer. Quel lien entre diabète et Alzheimer ? Pourquoi cette appellation ne met-elle pas d'accord toute la communauté médicale ? Quelle prévention pour ce type d'Alzheimer ? Les réponses de Marion Levy, responsable Etudes et Recherche à la fondation Vaincre Alzheimer.
Différence : diabète de type 1 ou le 2 ?
Le diabète est une maladie chronique caractérisée par des niveaux élevés de glucose dans le sang, due à une production insuffisante d'insuline, à une résistance à l'insuline, ou aux deux. Il existe deux grands types de diabètes dont la physiopathologie est différente.
Diabète de type 1 : DID ou diabète insulino dépendant
Communément appelé diabète sucré, le diabète de type 1 est une maladie auto-immune où le système immunitaire attaque et détruit les cellules bêta du pancréas, responsables de la production d'insuline. C'est une maladie génétique, qui est généralement diagnostiqué dès l'enfance ou l'adolescence.
Diabète de type 2 : DNID ou diabète non insulino dépendant
Le diabète de type 2 est le type de diabète le plus courant. Il est la conséquence d'une résistance à l'insuline ou d'une insuffisance de production d'insuline par le pancréas. Le diabète de type 2 est multifactoriel : antécédents familiaux, obésité, sédentarité, alimentation, tabagisme et consommation d'alcool font partie des principaux facteurs de risque de ce type de diabète.
Définition : Qu'est-ce que le diabète de type 3 lié à Alzheimer ?
Ce terme est utilisé par certains chercheurs pour décrire la résistance à l'insuline et la déficience d'insuline spécifiquement dans le cerveau, contribuant à des troubles neurodégénératifs tels que la maladie d'Alzheimer. Cette appellation suggère que des mécanismes similaires à ceux du diabète de type 2 (résistance à l'insuline et carence relative en insuline) peuvent affecter le cerveau.
Recherche : quel est le lien entre hyperglycémie et démence ?
Ces dernières années, les recherches tendent à montrer que la résistance à l'insuline entraînant une carence en insuline dans le cerveau pourraient jouer un rôle clé dans la pathophysiologie de la maladie d'Alzheimer. "On sait effectivement que les patients atteints de la maladie d'Alzheimer ont un mauvais métabolisme au niveau du glucose dans le cerveau, entraînant des concentrations plus élevées de glucose dans le tissus cérébral et une augmentation de l'inflammation" détaille Marion Levy. Il y a donc des similitudes entre le diabète et la maladie d'Alzheimer.
Pourquoi cette appellation ne fait-elle pas consensus ?
L'appellation de diabète de type 3 est néanmoins très controversée car très réductrice. "Elle signifierait que l'altération du métabolisme du glucose serait la seule cause de la maladie d'Alzheimer et sous-entendrait qu'on pourrait la traiter comme on traite le diabète, ce qui n'est pas le cas" relativise l'experte.
La maladie d'Alzheimer est multifactorielle, et s'il y a effectivement des mécanismes sous-jacents communs à la maladie d’Alzheimer et au diabète, il y en a bien d'autres qui sont propres à chacune de ces deux maladies.
Deux types de lésions à l'origine de la maladie d'Alzheimer on été identifiées dès la découverte de la maladie. "Les dépôts d'amyloïdes tout d'abord, formés à partir d’une protéine mal conformée, qui s'aggrègent dans les cellules et forment des dépôts empêchant la bonne connexion des neurones entre eux et provoquent à terme la mort des neurones" décrit Marion Levy.
Et la dégénérescence neuro fibrillaire qui se caractérise par l'accumulation anormale de protéines tau hyperphosphorylées dans les neurones, formant des enchevêtrements neurofibrillaires (NFT). "Cette dégénérescence entraine la mort du neurone" résume la spécialiste.
L'anomalie du métabolisme du glucose est bonne à savoir car elle donne une cible potentielle à traiter, mais elle n'est qu'une petite partie du problème ! "C’est une piste thérapeutique, mais c'est loin d'être la seule. Il faudra essayer de cibler tous les dysfonctionnement qui causent la maladie" ajoute Marion Levy.
Quel traitement préventif au diabète de type 3 ?
"On estime que près de 40% des maladies d'Alzheimer seraient liés à un ou plusieurs des 12 facteurs de risque identifiés" rappelle Marion Levy. La prévention de cette maladie passe donc en premier lieu par l'imiter l'exposition à ces facteurs :
- Une consommation excessive d’alcool ;
- Un traumatisme crânien ;
- La pollution de l'air ;
- Un faible niveau d’éducation ;
- De l'hypertension ;
- Une déficience auditive ;
- Le tabagisme ;
- L'obésité ;
- La dépression ;
- La sédentarité ;
- Le diabète, en particulier le type 2 ;
- L'isolement social et un manque d'interaction régulière.
Le diabète est notamment l'un des principaux facteurs de risques identifiés de la maladie d'Alzheimer. Des études épidémiologiques ont en effet montré que les personnes diabétiques avaient un risque plus élevé de développer cette maladie. Prendre soin de son alimentation et de son hygiène de vie sont donc une première prévention essentielle. "Le régime méditerranéen, qui met l'accent sur les fruits et légumes frais, les poissons, l'huile d'olive, les céréales complètes, les oléagineux est par exemple recommandé. Le régime cétogène est aussi recommandé, mais il doit être encadré par un professionnel de santé" indique la spécialiste.