Trop de lumière artificielle la nuit augmente les risques de développer un diabète
Une récente étude nous met en garde : une trop forte exposition à des lumières artificielles, notamment la nuit, dérèglerait le contrôle de notre glycémie, jusqu’à possiblement favoriser le développement d'un diabète de type 2.
Si la lumière naturelle du soleil est, en général, bonne pour la santé (pour le rythme circadien, le moral ou la vitamine D, par exemple), il est également connu aujourd’hui que s’exposer à la lumière artificielle, notamment la lumière bleue est néfaste à plusieurs titres : troubles du sommeil, de la vue, de la thyroïde…
Mais une nouvelle étude chinoise va plus loin : selon elle, les personnes qui vivent dans des zones urbaines constamment éclairées la nuit, ont également une glycémie plus élevée et réagissent moins bien à l'insuline, l'hormone qui contrôle cette glycémie. Mis en cause : les vitrines et enseignes éclairées, les phares de voitures, ou encore les lampadaires.
Un taux de diabète 28 % plus élevé pour les plus exposés
L’étude d’ampleur a été menée sur plus de 98 600 personnes, hommes et femmes à parts égales, vivant dans 162 zones différentes. Les chercheurs de l'université Jiaotong de Shanghai en Chine ont réparti ces participants en cinq groupes en fonction de leur exposition à la lumière. Un premier constat est déjà saisissant : selon les données par satellite, l'intensité de la lumière pour les 20 % de personnes les plus exposées à la lumière (en villes) était 69 fois supérieure à celle des personnes les moins exposées à la lumière, en campagne.
Les participants ont renseigné leurs situations médicales et familiales, et leurs habitudes au quotidien. Leur indice de masse corporelle (IMC) a été calculé, et des échantillons de sang ont été prélevés pour obtenir la glycémie à jeun et après les repas, ainsi que l’hémoglobine glyquée, une forme de glucose lié à l’hémoglobine qui permet d'évaluer l'équilibre glycémique. Toutes ces mesures ont été suivies sur une période de 8 à 12 semaines. Résultat ? L’étude démontre que les personnes dont l'horloge biologique est la plus perturbée par la lumière artificielle ont un taux de diabète de 28 % plus élevé que les personnes les moins exposées.
Des cellules du pancréas perturbées
Comment expliquer l’effet néfaste de la lumière artificielle sur la glycémie? L’étude, publiée dans la revue Diabetologia, donne une raison : les cellules bêta du pancréas fonctionneraient moins bien chez les personnes côtoyant la lumière nocturne artificielle. Or, c’est le bon fonctionnement de ces cellules qui est à l’origine de l'insuline, qui elle-même contrôle la glycémie.
"Les personnes vivant dans les villes sont plus susceptibles de s'éloigner du rythme jour nuit de 24 heures vers un modèle de travail, de sorties tardives et d'exposition à la lumière artificielle la nuit. Il est donc essentiel d'évaluer l'importance de la lumière artificielle nocturne liée au diabète, afin de mettre en place des stratégies de prévention efficaces" soulignent les auteurs de l'étude, qui souhaitent poursuivre leurs recherches, afin de catégoriser la lumière artificielle comme un réel facteur de diabète. Pour l'instant, une corrélation a été trouvée, cela n'en fait pas pour autant un facteur de causalité.
Une corrélation mais un lien de causalité qui reste à démontrer
On peut aussi légitimement penser que dans les zones urbaines (plus éclairée), les personnes ont une alimentation et une activité physique différentes de celles des habitants des campagnes (moins éclairées). Et l'étude ne précise pas clairement comment ces facteurs confondants ont été isolés lors de l'analyse des résultats.
L’étude a toutefois le bénéfice de poser une nouvelle la question la surexposition à la lumière la nuit et de son utilité : éteindre les lumières de la ville la nuit, en plus d’être une mesure pour préserver l’énergie, permettrait aussi peut-être de préserver la santé.