Des CRS auraient été rapatriés de Nouvelle-Calédonie en France... pour cause de "chaude pisse"

Sihem Boultif Journaliste santé

Trois compagnies différentes de CRS ont été déployées en Nouvelle-Calédonie dans le cadre des émeutes, débutées en mai dernier sur l'île. Et parmi ces fonctionnaires, une dizaine aurait été rapatriée en France "en toute discrétion", à la suite d’infections à gonorrhée, que l’on appelle plus vulgairement la "chaude-pisse". L’information a été dévoilée par nos confrères du Canard Enchaîné dans son édition du mercredi 11 septembre, mais la direction centrale des CRS conteste en bloc.

Une IST qui touche davantage les hommes

Toujours d’après le palmipède, les CRS étaient logés dans un hôtel chic de Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie. Hôtel situé "à 500 mètres d’une boîte de nuit parmi les plus hot du territoire" où se seraient rendus les fonctionnaires. A la suite de rapports non protégés, ils auraient contracté la gonorrhée, qui touche plus particulièrement les hommes jeunes.

La gonorrhée est souvent asymptomatique chez la femme

Interrogé sur le sujet, le Pr Eric Caumes, infectiologue et médecin consultant à l’Hôtel-Dieu à Paris, rappelle que la gonorrhée est une infection sexuellement transmissible qui se transmet effectivement lors de rapports non protégés.

Elle cause des symptômes visibles chez les hommes mais peut-être silencieuse chez la femme. "Chez l’homme, la gonorrhée cause des douleurs et une sensation de brûlure en urinant. Un écoulement au niveau du pénis et des douleurs des testicules sont également des symptômes rapportés par les patients" détaille le spécialiste.

"Chez la femme en revanche, la gonorrhée est moins bruyante et peut causer des problèmes lors d’une future grossesse ou déclencher une infertilité. Elle peut également engendrer une septicémie, qui peut être assez grave". Comment les femmes peuvent-elles savoir si elles ont été contaminées ? "Il faut qu’elles se fassent dépister" souligne notre expert.

Une pathologie qui nécessite une prise d’antibiotiques

Une fois le diagnostic posé, quel sera le traitement ? "La gonorrhée est une pathologie qui se soigne bien, la prescription de Ceftriaxone (une injection par voie intra-musculaire) suffit à traiter les patients" détaille Eric Caumes.

"On y associe souvent un autre antibiotique, la doxycycline, car dans 30 % des cas, une gonorrhée est accompagnée d'une infection à Chlamydia. Dans le doute, on traite systématiquement les malades".

Enfin, comment éviter tout risque de contamination ? "Il n’y a pas de secret, le port du préservatif reste indispensable pour se protéger des maladies sexuellement transmissibles" conclut le médecin.